«La fin inattendue de la vie terrestre du cardinal George Pell nous a tous pris par surprise», a relevé le cardinal Re dans son homélie, mentionnant la participation de l’ancien préfet du secrétariat pour l’Économie à la messe d’obsèques de Benoît XVI, le 5 janvier dernier sur le parvis de la basilique Saint-Pierre.
Le Doyen du Sacré-Collège a qualifié de «condamnation injuste et douloureuse» la peine de prison subie par le cardinal australien, qui «a passé 404 jours dans les cellules de deux prisons de haute sécurité, à Melbourne puis à Barwon, dont une période d’isolement» après avoir été accusé d’abus sexuels, a-t-il rappelé.
«C’était une expérience de grande souffrance endurée avec confiance dans le jugement de Dieu», a déclaré le cardinal Re en évoquant le journal intime rédigé par le cardinal Pell en prison, et qui a mis en lumière une «façon d’accepter même les punitions injustes avec dignité et paix intérieure». Le cardinal avait finalement été acquitté et libéré par la Haute Cour de Justice australienne, au printemps 2020.
Le cardinal Pell était «un homme de Dieu et un homme d’Eglise caractérisé par une foi profonde et une grande constance dans la doctrine, qu’il a toujours défendue sans hésitation et avec courage, soucieux uniquement d’être fidèle au Christ», a déclaré le cardinal Re.
À la fin de la célébration eucharistique, le pape François a présidé les rites de l’Ultima Commendatio et de Valedictio, suivant le même protocole que pour tous les cardinaux résidant à Rome.
Cette célébration a été suivie avec une attention particulière en raison des polémiques soulevées par des textes du cardinal Pell s’attaquant violemment au pape François.
Le vaticaniste Sandro Magister a révélé le 12 janvier que le cardinal Pell était l’auteur d’une note qualifiant le pontificat du pape François de «désastreux à plusieurs points de vue: une véritable catastrophe». Ce texte, publié en mars 2022 sous le pseudonyme de Demos, constituait une attaque en règle du pontificat actuel sur plusieurs angles, de la diplomatie à la gestion économique en passant par la liturgie.
Corroborant la crédibilité de l’attribution de ce texte au cardinal Pell, un autre article, signé cette fois-ci formellement par le cardinal australien, a été publié à titre posthume par The Spectator, le 11 janvier, au lendemain de son décès. Il y attaque le Synode sur la synodalité comme «un cauchemar toxique», dénonçant dans le rapport publié à l’automne dernier des atteintes aux fondements de la doctrine catholique.
Le Vatican n’a pas réagi officiellement à ces critiques d’une violence inédite venant d’un cardinal envers un pontife régnant, du moins dans l’histoire récente. Le pape François, qui l’avait appelé à Rome comme premier préfet du nouveau secrétariat pour l’Économie institué en 2014, l’avait qualifié de «génie» car il appréciait sa rigueur sur les questions économiques, tout en connaissant ses réserves sur plusieurs dossiers, notamment l’écologie et le changement climatique.
Les obsèques ont été célébrées en présence de nombreux cardinaux et évêques parmi lesquels Mgr Georg Gänswein, ancien secrétaire de Benoît XVI et encore préfet de la Maison pontificale sur un plan nominal, mais dont l’avenir semble incertain depuis la publication d’un livre mettant en relief ses relations difficiles avec le pape François. Le cardinal Becciu, adversaire de longue date du cardinal Pell au sujet du contrôle des finances de la secrétairerie d’État, était également présent.
Le corps du cardinal Pell doit être ensuite rapatrié en Australie et inhumé à la cathédrale de Sydney. (cath.ch/imedia/cv/bh)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/les-obseques-du-cardinal-pell-celebrees-a-la-basilique-saint-pierre/