Un ex-prêtre accusé de viol se jette sous un train avec sa mère

En Alsace, un ancien prêtre qui faisait l’objet d’une enquête pour viol et agression sexuelle sur mineure s’est suicidé le jour de l’an. L’Eglise et la justice n’auraient pas réagi correctement face à ce prédateur sexuel présumé, affirme l’archevêque de Strasbourg Mgr Luc Ravel.

Le quinquagénaire et sa mère âgé de 83 ans, avec laquelle il vivait, s’étaient jetés sous un train le jour de l’an près de Bernoldsheim, a rapporté le 7 janvier 2023 le journal régional Dernières Nouvelles d’Alsace.

Accusation de viol

L’homme était mis en examen depuis six mois pour viol et agression sexuelle sur une mineure. Les faits se seraient déroulés en 2008, alors qu’il était aumônier du collège épiscopal Saint-Etienne de Strasbourg de 2003 à 2009. Une ancienne élève du collège, âgée de 15 ans au moment des faits, a porté plainte pour viol à l’été 2022.  L’ancien prêtre avait admis avoir eu une liaison avec la plaignante, mais il évoquait une relation consentie.

L’ex-prêtre avait déjà un casier judiciaire. En 2013, le tribunal correctionnel de Colmar l’avait condamné à une peine de six mois avec sursis pour possession de pornographie infantile. Il a été renvoyé de l’état clérical en 2014.

Etablir les responsabilités de la justice ecclésiale et civile

Une semaine après le décès, l’archevêque de Strasbourg Mgr Luc Ravel «ne peut taire son étonnement et un certain nombre de questions», notamment sur les «responsabilités pénales et morales» de l’Eglise dans le traitement de ce dossier. 

L’actuel archevêque, nommé à Strasbourg en 2017, a confié n’avoir jamais rencontré l’ancien prêtre. Il a indiqué que, pour lui comme pour l’ancien aumônier, «l’affaire paraissait close en mars 2013, autant au plan de la justice pénale que de la justice canonique».

Mgr Ravel a fait part de son étonnement, notamment en ce qui concerne la soudaine mutation du prêtre en 2009 (sous l’épiscopat de Mgr Jean-Pierre Grallet NDLR) et sa nomination-promotion comme curé-doyen en charge de jeunes, alors qu’il y avait déjà eu des indices en 2009 selon lesquels l’homme ›chatait’ en ligne avec des mineurs.

Selon Mgr Ravel, la justice civile a également commis des erreurs. En 2013, lors du procès à Colmar, ayant conduit à la condamnation du prêtre, les incidents de 2009 et 2010 n’ont pas été pris en compte.

La procureure de la République de Strasbourg, a précisé que d’un point de vue juridique, l’action publique s’éteignait «à l’encontre d’une personne décédée, mais non à l’égard d’autres éventuels co-auteurs ou complices».

«Il est clair que (…) il n’en reste pas moins à établir certaines responsabilités pénales au plan de la justice française comme au plan de la justice de l’Eglise», a repris Mgr Ravel.  (cath.ch/ag/mp)

Maurice Page

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