Évangéliser n’est pas faire du prosélytisme, «les deux choses n’ont rien à voir», a prévenu d’emblée le pape. Et de citer son prédécesseur, Benoît XVI – décédé le 31 décembre 2022 –, rappelant que «l’Église ne fait pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt par attraction».
Dans l’évangélisation, a-t-il insisté, on n’annonce pas «nous-mêmes» ni «un parti politique» mais «Jésus». Le pontife argentin a alors donné l’exemple de religieuses coréennes venues servir dans un hôpital de Buenos Aires. À leur arrivée, a-t-il narré, elles ne parlaient pas un mot d’espagnol, mais les malades étaient touchés car elles parlaient «avec le regard, avec les gestes», elles «communiquaient Jésus, pas elles-mêmes».
Pour le successeur de Pierre, l’évangélisation part du regard de Jésus qui considère «chaque personne avec miséricorde et prédilection». Regard illustré dans l’appel de l’apôtre Matthieu, sur lequel a médité le pape qui a choisi ces mots pour devise de son pontificat (Miserando atque Eligendo).
«Jésus ne s’arrête pas aux adjectifs», il va «à la personne», en particulier la personne qui s’est éloignée de lui, a martelé le pape, avant de déplorer: «Combien de fois étiquetons-nous les gens par ce qu’ils font ou pensent!». «Tout homme est aimé de Dieu, a-t-il affirmé. Même ce misérable? Oui, même ce misérable. En fait, (Jésus) est venu pour ce misérable», a-t-il assuré.
Fais le premier pas!
Le 266e pape a souhaité que l’Église ne soit pas «refermée sur elle-même, mais extravertie». «Lorsque la vie chrétienne perd de vue l’horizon de l’annonce, a-t-il averti, elle tombe malade : elle se referme sur elle-même, elle devient autoréférentielle, elle s’atrophie. Sans zèle apostolique, la foi se dessèche». La mission en revanche «est l’oxygène de la vie chrétienne», a ajouté le pape qui a fustigé «les chrétiens fermés qui ne pensent pas aux autres».
Il a aussi invité les fidèles à quitter toute «position de suprématie» pour se mettre «sur un pied d’égalité» avec les autres, et à ne pas rester «assis à attendre que les gens viennent ». Et de lancer: «Fais le premier pas!»
Enfin, le pontife de 86 ans a souligné que l’évangélisation « ne commence pas dans un lieu nouveau, pur et idéal, mais là où (l’on) vit, avec les gens (que l’on) connaît». Non pas «en essayant de convaincre les autres (…), mais en témoignant chaque jour de la beauté de l’Amour qui nous a regardés et relevés». Ce sera «cette beauté qui convaincra les autres, pas nous», a-t-il conclu.
Au terme de l’audience, le pape a exhorté à ne pas oublier «l’Ukraine martyrisée». Il a exprimé son affection et sa proximité au peuple ukrainien «qui connaît de cruelles souffrances» et appelé une nouvelle fois à prier pour la paix.
Le pontife s’est ensuite recueilli une longue minute devant une icône qu’il a décrite comme «la Madone du Peuple» et originaire de Biélorussie. Il a invité à prier aussi pour le peuple biélorusse, qui souffre également des conséquences de la guerre en Ukraine.
Dernier allié de la Russie en Europe, la Biélorussie est depuis plusieurs mois très proche d’une implication directe dans la guerre contre son voisin ukrainien, les armées russes opérant souvent depuis son sol. Moscou et Minsk ont annoncé récemment la création d’un groupement militaire commun de 70’000 hommes. (cath.ch/imedia/ak/bh)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/nous-ne-devons-pas-attendre-detre-parfaits-pour-evangeliser/