Un évêque catholique indien, qui fait l’objet d’une enquête d’une commission d’évêques nommée par le Vatican pour son implication présumée dans des crimes graves comme des meurtres, des viols et des détournements de fonds, a reçu l’ordre de «prendre une période d’absence du ministère.»
Mgr Kannikadass A William de Mysore (Mysuru), dans l’État du Karnataka, au sud de l’Inde, a été remplacé par l’archevêque retraité Mgr Bernard Moras de Bangalore comme administrateur apostolique, a indiqué le 7 janvier 2023 le secrétaire de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde. L’ordre du Vatican ne mentionne qu’une «période d’absence du ministère» pour l’évêque William, sans donner de détails, ni spécifier une éventuelle sanction. Le prélat lui-même a annoncé le 1er janvier, après une messe, qu’il partait en «congé médical» et a demandé des prières des fidèles.
Le Père Gnana Prakash, un prêtre du diocèse de Mysore, qui a demandé une action contre l’évêque, s’est félicité de la décision romaine. Il faut que la vérité triomphe et que l’Église catholique défende la vérité, la justice et les valeurs de l’Évangile, et ne se réconcilie donc jamais avec les puissances de l’Hadès, a t-il expliqué à l’agence catholique Ucanews. Dans une lettre du 5 juillet 2022 adressée au nonce apostolique en Inde, le prêtre avait accusé Mgr William, nommé par le pape François en 2017, de meurtre, viol, sodomie, enlèvement et détournement de fonds. Le Vatican ordonné une enquête sur ces allégations menée par une commission épiscopale de trois membres.
Après la nomination de Mgr William, une situation chaotique avait persisté dans le diocèse pendant plus de quatre ans, car quelque 37 prêtres avaient signalé au Saint-Siège des situations scandaleuses impliquant le prélat. De son côté, Mgr William avait déclaré à Ucanews qu’elles étaient sans fondement et que certains prêtres le prenaient pour cible en raison de ses efforts pour réformer l’Église.
«La main de Dieu a frappé de manière décisive, Mgr William est parti pour de bon et la purification a commencé, mais ce sera un long processus», a déclaré Michael F. Saldanha, qui a fait campagne pour la révocation du prélat. L’ancien juge de la Haute Cour avait exhorté le pape et le nonce apostolique à destituer l’évêque William au plus tard le 1er janvier, faute de quoi il déposerait une plainte auprès de la police pour son rôle présumé dans les meurtres de quatre prêtres diocésains et le détournement massif des fonds paroissiaux pendant 11 ans.
«Même si l’on peut qualifier cette décision de «renvoi en douceur», elle constitue néanmoins une étape bienvenue dans la purification de l’Église catholique en Inde», a déclaré M. Chhotebhai, président du Forum catholique indien, une organisation de laïcs qui a demandé que des mesures soient prises à l’encontre de l’évêque. Il a ajouté que, même avant sa nomination en tant qu’évêque, Mgr William avait déjà été soupçonné d’actes criminels, notamment d’avoir engendré des enfants et d’avoir commis des détournements financiers importants.
Saluant l’action du Vatican, Dominic Lobo, un militant des droits de l’homme, a toutefois déclaré que «c’est trop peu et trop tard». »Défroquer le prélat controversé devrait empêcher de ternir la bonne image de l’Église catholique dans ce pays multiconfessionnel», a-t-il ajouté. (cath.ch/ucanews/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-vatican-remplace-un-eveque-indien-accuse-de-crimes-graves/