Le 2 janvier 2023, l’archevêque Georg Gänswein a pu tenir encore une fois son rôle dans la basilique Saint-Pierre. À côté de la dépouille de Benoît XVI, il s’est entretenu avec les invités d’honneur qui, au-delà de la longue file de pèlerins, étaient venus rendre un dernier hommage à l’ancien pape.
Considéré par la presse people comme le plus glamour des prélats du Vatican, parfois comparé à l’acteur américain George Clooney, surnommé par les Italiens «Bel Giorgio», Georg Gänswein a certes pris de l’âge, mais à 66 ans il est encore trop tôt pour lui pour jouïr de la retraite.
Le président de la République italienne Sergio Mattarella était présent lundi matin dans la basilique Saint-Pierre, la chef du gouvernement italien Giorgia Meloni est également venue, puis de nombreux visages plus ou moins célèbres d’Italie et du Vatican.
Beaucoup ont présenté leurs condoléances à Mgr Gänswein, il s’est entretenu plus longuement avec certains d’entre eux. Une photo le montre conversant avec la cheffe du gouvernement – tout comme lors des années où il exerçait la fonction de préfet de la Maison pontificale.
Ordonné prêtre à Fribourg-en Brisgau, en 1984, Georg Gänswein est arrivé à Rome en 1995. Il a été depuis l’un des plus proches et des plus fidèles collaborateurs de Joseph Ratzinger dont il devint le secrétaire personnel en 2003. Un poste qu’il conserva après l’élection du Bavarois au trône de Pierre, en 2005.
De 2012 à 2020, ce natif de la Forêt-Noire était une sorte de chef du protocole du Vatican. Benoît XVI lui avait confié l’importante fonction de préfet de la Maison pontificale et l’avait promu au rang d’archevêque. Il accompagnait chez le pape les chefs d’État comme le président américain Barack Obama ou la chancelière allemande Angela Merkel.
Après l’élection du pape François, en 2013, Mgr Gänswein a été pendant sept ans le «serviteur de deux papes». Comme secrétaire personnel, il habitait avec le pape émérite dans le petit monastère «Mater Ecclesiae» dans les jardins du Vatican, où il s’occupait de son courrier et organisait ses nombreuses visites. Mais sa fonction principale restait celle de préfet de la Maison pontificale responsable des visites d’État ainsi que de la petite «cour» papale.
La relation entre lui et le pape François n’a pas été exempte de tensions. La rupture a eu lieu lorsque François l’a «mis en congé» de sa fonction de préfet en février 2020, officiellement afin qu’il puisse se consacrer entièrement au pape émérite, dont l’état de santé commençait déjà à décliner.
Cette décision avait été précédée d’une polémique autour d’un livre du cardinal conservateur Robert Sarah défendant le célibat des prêtres. Dans un premier temps, Benoît XVI avait été présenté comme le co-auteur du livre – ce que le pape François n’a apparemment pas apprécié. Le rôle de Mgr Gänswein dans cette affaire n’a pas encore été totalement élucidé.
À 66 ans, Georg Gänswein est trop jeune pour la retraite archiépiscopale, car celle-ci n’intervient généralement qu’à 75 ans. C’est pourquoi les vaticanistes spéculent depuis quelques temps sur ce que François a en réserve pour lui.
Depuis le printemps 2020, Mgr Gänswein n’est plus apparu comme préfet de la Maison pontificale. Cette mise en congé n’a toutefois jamais été officialisée. Jusqu’à aujourd’hui, il figure toujours avec ce titre dans l’annuaire pontifical. Un retour au rôle actif de préfet n’est donc pas exclu.
Au vu de la situation de l’Eglise en Allemagne, il semble difficile d’imaginer que François le promeuve à un poste épiscopal important dans sa patrie, comme l’avait fait en son temps Benoît XVI avec le secrétaire privé de son prédécesseur Jean Paul II lorsqu’il a nommé Mgr Stanislaw Dziwisz archevêque de Cracovie en juin 2005.
Une variante possible serait la nomination de Gänswein comme évêque en Bavière. D’autres le verraient bien succéder au controversé Mgr Wolfgang Haas, sur le siège de Vaduz, dans la principauté du Liechstenstein.
Un échelon en dessous serait la nomination à la tête d’un sanctuaire de pèlerinage, en Bavière ou ailleurs. Mgr Gänswein suivrait ainsi les traces de deux secrétaires privés du pape de ces dernières décennies. Le fidèle assistant de Jean XXIII, Loris Capovilla, avait d’abord été nommé archevêque de Chieti, puis «délégué pontifical» pour le sanctuaire marial italien de Lorette – où il est resté jusqu’en 1988. Ensuite, un autre ancien secrétaire privé du pape a repris ce poste: Pasquale Macchi, qui avait servi Paul VI.
Rome pourrait également envisager d’envoyer Gänswein comme nonce apostolique à un poste approprié de préférence en Europe ou sur le continent américain. Ce juriste ecclésiastique polyglotte a en effet acquis une grande expérience sur la scène diplomatique comme préfet de la Maison pontificale.
Une autre variante encore serait de retourner à ses premières amours comme enseignant de droit canonique dans l’une des universités pontificales de Rome. (cic/mp)
Maurice Page
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