«Le jour de la Saint-Sylvestre 2022, le pape émérite Benoît XVI a rendu sa vie terrestre à son Créateur. Les membres de la Conférence des évêques suisses portent un regard reconnaissant sur son ministère pétrinien», écrit Mgr Felix Gmür dans un message communiqué par la CES. «Ce qu’il a transmis aux évêques suisses lors de la clôture de la visite ad limina en 2006 est toujours valable aujourd’hui pour l’action de l’Eglise : mettre Dieu au centre. Car en Jésus-Christ, Dieu est devenu l’ami et le frère de chaque croyant. Il est l’Espérance des croyants. R.I.P.»
Le président de la Conférence des évêques suisses, Mgr Felix Gmür , pleure la mort de Benoît XVI. En 2006, il avait donné pour mission aux évêques suisses de «souligner dans toutes les tâches ecclésiales que Dieu est au centre», a raconté Mgr Gmür à kath.ch..
«J’ai rencontré Benoît XVI à plusieurs reprises, le plus intensément lors de la conclusion de la visite ad limina en novembre 2006, alors que j’étais secrétaire général de la Conférence des évêques. Les évêques suisses étaient à la même table que les cardinaux de la Curie et le pape. Le pape était très bien informé, connaissait les difficultés pastorales et a montré de la compréhension pour certaines spécificités suisses alémaniques. Mais il savait aussi replacer la situation d’un pays isolé comme la Suisse dans des contextes plus larges.
Au premier semestre de théologie j’ai lu son livre Introduction au christianisme. Les questions sur la confession de foi me préoccupent encore aujourd’hui. Pour moi, Ratzinger est le théologien qui avait à cœur la question de la vérité. Il est intellectuellement passionnant, mais rejoint dans les réflexions sur l’histoire du salut la décision de foi personnelle, si je trouve moi-même la vérité dans la personne de Jésus-Christ.
Dans l’une de ses dernières homélies en tant que pape, Benoît a parlé des trois mages sur le chemin de la crèche de Jésus. Il voyait en eux des personnes qui cherchaient Dieu, qui étaient en chemin vers Dieu. Malgré toutes les questions pratiques, nous ne devons pas oublier que l’Église est là pour soutenir, accompagner, guider les hommes dans leur recherche de Dieu. Nous allons vers Dieu parce qu’il est amour, comme Benoît l’explique très bien dans sa première encyclique, conclut l’évêque de Bâle.
Alain de Raemy a vécu à Rome comme chapelain de la Garde Suisse, la majeure partie du pontificat de Benoît XVI de 2006 à 2013. L’occasion de le rencontrer régulièrement.
«C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès de notre cher pape émérite Benoît, écrit-il. Aujourd’hui, pour lui, son plus grand souhait est en train de se réaliser: connaître et vivre personnellement et en plénitude l’Amour de Dieu. Aujourd’hui, il se tient devant le Seigneur, dont il a dit lui-même qu'»il n’est pas seulement le juge juste, mais en même temps l’ami et le frère qui a lui-même souffert de mes défauts et qui, en tant que juge, est donc en même temps mon avocat (Paraclet)».
Je crois qu’il a été pour nous un exemple d’humilité authentique, de fine intelligence et de grande bonté en servant la vigne du Seigneur avec un dévouement absolu. Maintenant, en tant que successeur de Pierre, sa mission de soutien de l’Église se poursuit au Ciel.
«L’étude de l’œuvre classique de Joseph Ratzinger Introduction au christianisme a été déterminante pour mon parcours sacerdotal», note l’évêque de Coire, Mgr Joseph Bonnemain. «Avec moi, beaucoup d’autres ont pu, grâce à sa théologie, mieux saisir les idées fondamentales de l’ecclésiologie du Concile Vatican II. Benoît XVI a inspiré et influencé des générations de théologiens. Que Dieu récompense comme il se doit ce grand penseur théologique au terme de son pèlerinage terrestre».
La démission bien réfléchie de Benoît XVI en 2013 a montré de manière particulièrement claire la grandeur de la foi de Joseph Ratzinger. Son départ rend cette grandeur encore plus évidente. La force de son œuvre théologique, qu’il a laissée à l’Église, restera dans toute son ampleur. Son héritage spirituel a marqué l’Église.
«Connaître Dieu – le vrai Dieu, c’est recevoir l’espérance». C’est ce qu’écrit Benoît XVI dans son encyclique Spe salvi, dans laquelle il parle de l’espérance chrétienne, relève Urban Federer, Abbé d’Einsiedeln. L’abbé et la communauté monastique d’Einsiedeln souhaitent au défunt pape qu’il puisse désormais connaître pleinement le vrai Dieu qu’il a cherché et annoncé toute sa vie.
Je n’ai pas connu personnellement Joseph Ratzinger, mais je suis extrêmement reconnaissant pour son pontificat. Notamment ses trois encycliques sur la foi, l’espérance et la charité. Ce sont des textes lumineux et audacieux que je cite volontiers et fréquemment. Je crois que ce n’est pas pour rien qu’il nous a été donné à ce moment-là.
Au moment de son élection en 2005, j’étais directeur du séminaire et j’ai passé ma soirée à photocopier à la bibliothèque des textes de sa main pour constituer un petit dossier pour les étudiants afin qu’ils apprennent à mieux le connaître au-delà de l’image de gardien intransigeant du dogme. Notamment à partir de son livre d’entretiens avec Peter Seewald Le Sel de la terre. Il y expliquait clairement que la foi n’est pas une somme de questions du catéchisme à apprendre par coeur, mais une relation vivante à la personne de Jésus. Il relevait aussi que le plus petit acte de charité est supérieur au pire acte de destruction.
Le cardinal suisse de la Curie Kurt Koch (72 ans), ancien évêque de Bâle, a toujours eu une grande admiration pour Joseph Ratzinger dont il a été un proche collaborateur. Pour lui le surnom de «Panzerkardinal»qui lui avait été attribué est totalement à côté de la plaque tant Joseph Ratzinger était une personnalité sensible humble et modeste.
«La mort du pape émérite m’affecte, mais le le fait qu’il puisse maintenant partir pour l’éternité est certainement une délivrance pour lui, à expliqué Kurt Koch à kath.ch. Je l’ai vu pour la dernière fois en septembre 2022 pour lui présenter le programme de rencontre du Ratzingerschülerkreis (cercle de ses anciens étudiants).
Comme jeune étudiant, j’ai lu relativement tôt son livre Introduction au christianisme avec beaucoup d’enthousiasme. Il s’agit d’annoncer la foi dans le monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous avons besoin de lier la foi et la raison.
J’ai toujours lu ce qu’il a écrit et je l’ai suivi. Lorsque je suis devenu évêque de Bâle en 1995, j’ai eu une relation plus étroite avec lui. Et encore plus lorsqu’il m’a appelé à Rome en 2010. Il m’a demandé d’assumer la fonction de président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. (…) Il souhaitait avoir un évêque qui connaisse les Églises et communautés issues de la Réforme non pas simplement dans les livres, mais par sa propre expérience.
En fait, chaque rencontre avec le pape Benoît XVI a été un moment fort. Les voyages au cours desquels j’ai pu l’accompagner, par exemple en Allemagne, en Angleterre et au Liban, comptent certainement aussi parmi les moments forts. Il m’a toujours invité lorsqu’un voyage avait une dimension œcuménique, relève Kurt Koch.
«Benoît XVI a prouvé qu’il était un grand pape lorsqu’il a senti que sa fonction n’était pas un privilège inaliénable, mais un service, relève Mgr Pier Giacomo Grampa, évêque émérite de Lugano. Malgré tout le blabla inutile sur sa démission, ce geste vraiment «extraordinaire», fait par un pape théologien, doux, lucide, responsable, exemplaire en vertu, fidèle en doctrine et une démonstration héroïque de service, le rend grand. (cath.ch/kath.ch/catt.ch/mp)
Maurice Page
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