Sauvons les crèches! Des sénateurs français se mobilisent

Une vingtaine de sénateurs français LR (Les Républicains) ont déposé, le 22 décembre 2022, une proposition de loi visant à «préserver les traditions immémoriales de la France». Sont explicitement nommés les crèches, les arbres de Noël, les santons, les galettes des rois et les œufs de Pâques.

Ce projet émane de Stéphane Le Rudulier, élu LR des Bouches-du-Rhône. Il fait suite à des décisions de justice récentes ordonnant à plusieurs villes de retirer les crèches de la nativité de leurs hôtels de ville. Parmi elles, Béziers et Perpignan, respectivement dirigées par Robert Ménard, proche du Rassemblement national (RN), et Louis Aliot, du RN. Une interdiction que le maire de Perpignan a décidé de ne pas suivre, invoquant une tradition présente dans la ville depuis 1972.

Les manifestations religieuses sont encadrées dans l’espace public par l’article 28 de la loi de 1905 sur la laïcité, qui dispose qu’il est «interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception […] des musées ou expositions». Différentes décisions de justice ont été prises sur ce sujet, dont une décision du Conseil d’État du 9 novembre 2016 qui estime que l’installation de crèches dans les lieux publics était possible, mais sous conditions.

Un wokisme décrié

Caganer ou cagaïre, village d’Ille-sur-Têt | © Philippe Garcelon/Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Afin «d’éviter des interprétations abusives» et de «sécuriser toute installation de crèches»,  peut-on lire sur Public Sénat, les élus à l’origine du projet de loi désirent rendre cet article plus explicite. Ils demandent le rajout des mots suivants: «…ainsi que des dispositifs nécessaires à la présence temporaire de crèches et arbres de Noël, de santons, de galettes des rois et d’œufs de Pâques». Des traditions qui relèvent, argumentent-ils, plus de la culture que du culte, comme à Perpignan où on parle volontiers de pessèbre (une crèche catalane) plutôt que de nativité. Une crèche dans laquelle trône, au milieu des traditionnels santons, un curieux personnage, le Caganer.

À l’origine de l’opposition à la présence de la crèche à la mairie de Perpignan, on trouve la Ligue des droits de l’Homme (LDH). C’est elle qui a saisi la justice en référé (procédure d’urgence), estimant que ces crèches étaient contraires à la loi de 1905. Ce à quoi les sénateurs ont vivement répondu dans un communiqué: «Les symboles de nos traditions sont attaqués par un mouvement politique extrémiste et wokiste, qui sous menace d’un possible appel d’air pour les communautarismes, vise à déconstruire ce que nous sommes».

Le débat n’a pas fini d’agiter le Sénat français. Pour le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias, ce projet de loi cache une «fausse neutralité très orientée», peut-on lire sur la chaîne de télévision du Sénat. Il a d’ailleurs déposé en novembre une proposition de loi qui vise à empêcher les collectivités de financer les cultes. (cath.ch/com/lb)

Lucienne Bittar

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/sauvons-les-creches-des-senateurs-francais-se-mobilisent/