Le Père Rupnik, célèbre mosaïste slovène, est mis en cause dans plusieurs affaires d’abus. L’une d’entre elles concerne, selon la direction des jésuites, «l’absolution d’un complice» en 2015 dans le cadre d’une confession. Un acte grave qui a entraîné un décret d’excommunication en mai 2020 de la part du dicastère pour la Doctrine de la foi. Une sanction levée quelques jours plus tard, après que le Père Rupnik se soit repenti.
D’autres affaires mettent en cause ce jésuite bien connu au Vatican et à Rome, notamment pour prêcher des retraites spirituelles et de formation. Elles concernent des abus qu’il aurait commis dans les années 1990 sur plusieurs religieuses en Italie et en Slovénie, son pays d’origine. Sollicité à ce sujet, le dicastère pour la Doctrine de la foi a déclaré en octobre 2022 que les allégations en question concernaient des affaires prescrites. La Compagnie de Jésus a néanmoins maintenu des mesures à son encontre.
Depuis plusieurs jours, des témoignages de victimes présumées sortent dans la presse au sujet du prêtre jésuite de 68 ans. Le 21 décembre dernier, les évêques slovènes eux-mêmes ont exprimé leur «consternation» face aux abus du Père Rupnik et ont condamné toutes les violences psychologiques, sexuelles et spirituelles commises par le religieux.
Le communiqué du diocèse de Rome prend plus de distance et déplore une communication «déconcertante, surtout médiatique, qui désoriente le Peuple de Dieu». «Conscient de l’extrême délicatesse de la situation», le cardinal vicaire assure qu’il n’a été au courant des affaires révélées que récemment. Il rappelle aussi que ce n’est pas le diocèse qui a la compétence pour traiter ce cas. Le cardinal De Donatis assure toutefois de «toute la collaboration nécessaire» à la Compagnie de Jésus et aux instances supérieures dans la gestion de cette affaire.
Il estime en outre que l’Église ne peut pas être moins «charitable qu’un État laïc», en transformant une «dénonciation en crime». Il plaide pour que l’institution soit à la fois «proche de ceux qui souffrent» tout en maintenant «les critères de vérité et de justice dérivés de l’Évangile».
Et de fustiger: «Les jugements répandus par beaucoup avec une véhémence particulière, ne semblent manifester ni un critère évangélique de recherche de la vérité, ni un critère de base sur lequel toute règle de droit est fondée».
Estimant qu’il est fondamental «d’accueillir avec un profond respect la douleur et la souffrance de tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire», le cardinal Vicaire dit souhaiter que soit trouvée «une solution positive» à cette situation.
En conclusion, le cardinal italien se dit conscient qu’il faudra réfléchir et prendre «éventuellement» des mesures à l’égard du centre culturel Aletti, à Rome, dont le jésuite slovène est le fondateur. D’autres mesures pourront notamment concerner sa charge de recteur de l’église Saint Philippe Néri, sur l’Esquilin. (cath.ch/imedia/hl/rz)
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