Emmanuel Macron, ce président bavard
Fin octobre, le président français Emmanuel Macron a été reçu pour la troisième fois au Vatican par le pape François. Durant l’échange à huis-clos, le pape et le président ont surtout parlé du conflit en Ukraine, les deux hommes s’accordant sur le fait qu’il fallait sortir de la logique de surenchère et tenter d’entretenir le dialogue avec Moscou pour préparer le jour où la Russie aura besoin de revenir à la table des négociations.
Lors de la rencontre, ils ont aussi évoqué l’Arménie, le Liban, la situation des chrétiens d’Orient. Emmanuel Macron a par ailleurs parlé au pape des questions de fin de vie, à la veille du lancement d’une consultation nationale sur le sujet. Sur ce thème sensible, les deux hommes ne sont pas d’accord. Trois jours avant l’audience, le pape François avait assuré devant des élus du nord de la France qu’on ne pouvait pas demander aux soignants «de tuer leurs patients».
Après l’audience – qui a duré près d’une heure -, le pape François a confié au groupe suivant – qui patientait – que le président français aimait bien parler.
Le «frère» Ahmed al-Tayyeb
En déplacement à Bahreïn début novembre, le pape François a rencontré pour la 6e fois en 5 ans le grand imam d’al-Azhar, le sunnite Ahmed al-Tayyeb. Quelques semaines après s’être salués chaleureusement au Kazakhstan, les deux hommes se retrouvaient à l’occasion d’un forum pour la paix et la coexistence entre l’Orient et l’Occident. De leur amitié, née d’un déjeuner improvisé au Vatican en 2016, a germé le Document sur la fraternité humaine, signé à Abou Dhabi en 2019.
À Bahreïn, le pape François a salué le courage d’Ahmed al-Tayyeb qui, quelques heures auparavant, avait tendu la main à la communauté chiite pour initier un dialogue entre musulmans.
Le fantasque Elon Musk
Le 1er juillet dernier, quelques mois avant qu’il ne rachète le réseau Twitter, Elon Musk est venu rencontrer le pape au Vatican pour une conversation privée d’une quarantaine de minutes. L’homme le plus riche du monde, patron notamment de Tesla, avait emmené ses quatre enfants. « J’ai été honoré de rencontrer @Pontifex hier », écrivait ensuite l’homme d’affaires dans un tweet illustré d’une photo avec ses enfants et le pape. Le 12 décembre dernier, le compte Twitter du pape a fêté ses 10 ans. Lancé par Benoît XVI, il cumule aujourd’hui plus de 50 millions d’abonnés.
Un déplacement historique chez Alexandre Avdeev
Son nom reste peu connu mais sa fonction est devenue cette année particulièrement stratégique. Alexandre Avdeev est l’ambassadeur russe près le Saint-Siège. Le 25 février dernier, le pape François s’est invité dans son ambassade pour tenter d’enrayer l’invasion russe en Ukraine. En vain. Si les relations perdurent depuis – on sait que le Saint-Siège a fait passer des listes de prisonniers ukrainiens à libérer – et que le pape François a dit apprécier l’humanisme de ce diplomate, les dernières semaines ont mis à rude épreuve cette fragile relation. Réagissant aux propos du pape sur la cruauté des Tchétchènes et des Bouriates présents dans l’armée russe, Alexandre Avdeev a publiquement exprimé son indignation.
Alassane Ouattara, pour la paix retrouvée en Côte d’Ivoire
Le président ivoirien Alassane Ouattara a été reçu par le pape François durant une vingtaine de minutes dans la matinée du 17 septembre. C’est la deuxième fois que le chef d’État se rendait au Vatican puisqu’il avait été reçu dix ans plus tôt par Benoît XVI, alors que son pays sortait tout juste d’une crise sanglante – le duel à la présidentielle entre Alassane Ouattara et le président sortant Laurent Gbagbo avait débouché sur une guerre post-électorale qui avait provoqué la mort de centaines de personnes.
La veille de la rencontre avec François, Alassane Ouattara, de confession musulmane, a assisté à Rome à une «messe d’action de grâce pour la paix retrouvée en Côte d’Ivoire».
Cyrille et François, la rencontre virtuelle
Une rencontre entre le patriarche de Moscou Cyrille Ier et le pape François était envisagée à l’été 2022. C’est du moins ce qu’indiquait l’ambassadeur de Russie près le Saint-Siège le 18 février. Mais quelques jours plus tard, les troupes russes envahissaient l’Ukraine et les agendas des deux chefs religieux allaient en être bouleversés. Leur «deuxième rencontre», après celle de Cuba en 2016, n’aura finalement lieu que par vidéo interposée, le 16 mars.
Dans les semaines qui suivirent, le pontife fit savoir à de nombreuses reprises son souhait de voir en personne le patriarche, envisageant Jérusalem comme lieu de retrouvailles en juin. Un désir avorté à plusieurs reprises. En mai, dans les colonnes du Corriere della Sera, le pape mettait en garde le patriarche contre le fait de devenir «l’enfant de chœur de Poutine» – déclenchant les foudres du patriarcat, et plusieurs mois de froid dans les relations bilatérales. Le Vatican dut donc renoncer à Jérusalem, puis à une rencontre au Kazakhstan, espérée dans le cadre d’un sommet interreligieux auquel a participé le pape – alors que le patriarche russe, lui, déclinait l’invitation.
Phil Fontaine et les autochtones du Canada
L’été 2022 a bien sûr été marqué par le «voyage pénitentiel» du pape François au Canada, un déplacement pour demander pardon aux membres des communautés autochtones dont les parents ont subi des mauvais traitements dans les pensionnats tenus par l’Église catholique. En amont de ce voyage historique, une délégation de représentants autochtones s’était rendue au Vatican. Parmi eux se trouvait le chef Phil Fontaine, figure du militantisme autochtone au Canada, déjà reçu par le passé par Benoît XVI. Celui qui a passé sept ans au pensionnat de Fort Alexander a été l’un des premiers à parler publiquement des violences physiques, psychologiques et sexuelles subies par des autochtones.
Roberto Benigni, la vie est belle
Le célèbre acteur et réalisateur italien Roberto Benigni a retrouvé le pape François au début du mois de décembre, à la veille de la diffusion en Italie d’un spectacle de l’acteur oscarisé sur la figure de saint François d’Assise. Sur les photos transmises par le Bureau de presse du Saint-Siège se dégage une joie profonde tant du côté de François que de Roberto Benigni, 70 ans, qui n’en est pas à sa première venue au Vatican. Déjà en 1999, il avait été convié par Jean Paul II pour visionner avec le pontife son film La Vie est belle, dans la cinémathèque du Vatican.
Éric-Emmanuel Schmitt pour une conversation spirituelle
«On a eu un échange de très haut niveau, spirituellement et intellectuellement, et en même temps dans une grande liberté, avec beaucoup d’humour», a confié l’écrivain franco-belge Éric-Emmanuel Schmitt au sortir de sa rencontre avec le pape, mi-novembre. Le romancier et philosophe de 62 ans, membre de l’Académie Goncourt, était à Rome dans le cadre d’un projet de livre sur la Terre Sainte, à l’initiative de la Librairie éditrice du Vatican.
«J’ai vu un homme que ni l’âge ni la maladie n’avaient obscurci, il était totalement lumineux», ajoutait l’auteur de L’Évangile selon Pilate. «Il m’a raccompagné jusqu’à la porte alors qu’il souffre horriblement des hanches, mais on voit qu’il maîtrise cette douleur et qu’il est complètement consacré à sa tâche. Il a le christianisme sur les épaules, et il est investi». (cath.ch/imedia/hl/rz)
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