Dressant un bilan en clair-obscur de la crise sanitaire après trois ans de pandémie, le pape appelle à relever le défi de la paix en se convertissant à la fraternité universelle et en sortant des logiques individuelles et nationales.
«Personne ne peut se sauver tout seul. Repartir après le Covid-19 pour tracer ensemble des sentiers de paix». Tel est le titre du message rédigé par le pape à l’occasion de la 56e Journée mondiale de la paix célébrée le 1er janvier 2023. Dans ce texte d’un peu plus de deux pages et daté du 8 décembre, le pontife fait d’abord l’inventaire des méfaits – mais aussi des bienfaits – provoqués par la crise sanitaire, 3 ans après l’apparition du virus qui a paralysé la planète.
«La Covid-19 nous a plongés dans la nuit, déstabilisant notre vie ordinaire, chamboulant nos plans et nos habitudes, bouleversant l’apparente tranquillité des sociétés, même les plus privilégiées, entraînant désorientation et souffrance, causant la mort de beaucoup de nos frères et sœurs», écrit ainsi le pontife qui aura 86 ans le 17 décembre.
Ayant une pensée particulière pour les «millions de travailleurs clandestins» qui sont «restés sans emploi et sans aucun soutien durant tout le confinement», le pape pointe plus largement le doigt sur le malaise général qui a grandi dans le cœur de nombreux individus et familles qui ont dû faire face à de longues périodes d’isolement et diverses restrictions de liberté.
«Qu’avons-nous appris de cette situation de pandémie ?», s’interroge finalement l’évêque de Rome, qui n’a cessé dans cette crise de rappeler qu’il n’était pas possible d’en sortir identiques.
Pour lui, «la confiance dans le progrès, la technologie et les effets de la mondialisation n’a pas seulement été excessive, mais s’est transformée en un poison individualiste et idolâtre». Et de constater que la pandémie n’a fait qu’exacerber les inégalités et les injustices.
Mais cette crise sanitaire mondiale aura aussi été l’occasion de découvertes positives, comme ce «retour bénéfique à l’humilité ; une réduction de certaines prétentions consuméristes ; un sens renouvelé de la solidarité», note le pontife.
En réaliste, la plus grande leçon léguée par le Covid-19 «est la conscience du fait que nous avons tous besoin les uns des autres, que notre plus grand trésor et aussi le plus fragile, est la fraternité humaine», insiste le pape François dans son message.
«Au moment où nous osions espérer que le pire de la nuit de la pandémie de Covid-19 avait été surmontée, une nouvelle calamité terrible s’est abattue sur l’humanité», s’émeut ensuite le pape en tournant son regard vers l’Ukraine et son cortège de victimes innocentes. Comme toute l’humanité, il a assisté ces derniers mois à l’apparition «d’un autre fléau : une guerre de plus, en partie comparable à la Covid-19 mais cependant motivée par des choix humains coupables».
Cette guerre en Ukraine est pour lui la «défaite pour l’humanité entière et pas seulement pour les parties directement impliquées». D’ailleurs, le pape relève que le monde entier paye déjà concrètement les conséquences de ce conflit, adressant une pensée à ceux qui subissent les effets de la hausse du prix du blé ou de l’énergie.
Osant un parallèle avec la pandémie, le pape estime que «le virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l’organisme humain, car il ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur, du cœur humain, corrompu par le péché».
En ce moment tragique, le pape appelle alors à changer les «critères habituels d’interprétation du monde et de la réalité» et à penser le monde, non pas en termes de préservation de nos intérêts personnels ou nationaux, mais à la lumière du bien commun.
Rappelant son intuition selon laquelle les crises – morales, sociales, politiques et économiques – sont toutes interconnectées, le chef de l’Église catholique invite enfin à réaliser que «ce que nous considérons comme étant des problèmes individuels sont en réalité causes ou conséquences les unes des autres». (cath.ch/imedia/hl/mp)
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