Un individu connu par la presse sous le nom d’Osamah cristallise les craintes au sujet de la mosquée de Neuhausen. Au printemps 2022, l’hebdomadaire die Weltwoche révélait que cet Irakien de 35 ans continuait à enseigner le Coran et l’arabe dans l’institution à des enfants et des adolescents.
Il a pourtant été condamné en 2017 à 44 mois de prison au total, entre autres pour appartenance à l’organisation djihadiste Etat islamique (EI). Son expulsion de Suisse n’a cependant pas pu être réalisée car il été démontré qu’il risquait d’être torturé et tué dans son pays d’origine. Le Tribunal administratif fédéral a ordonné au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) de lui accorder une admission provisoire en Suisse. L’Irakien serait à présent bénéficiaire de l’aide sociale.
Après sa condamnation, les autorités schaffhousoises auraient accepté qu’il change de nom. Il aurait ainsi adopté un prénom et un nom à consonnances juives. Il continue à être employé par l’Association culturelle islamique de Schaffhouse. Le président de cette dernière, joint par 20 Minuten, soutient l’enseignant, assurant qu’il n’est pas du tout extrémiste et qu’il a été condamné à tort.
Mais pour Saida Keller-Messahli, qui s’engage pour un islam progressiste, «Osamah fait désormais tout pour diffuser une image inoffensive de lui-même et de son association en tant qu’imam. C’est un acteur rusé qui sait exactement comment mener le public en bateau. Mais il serait naïf de croire qu’il n’est pas activement lié aux réseaux djihadistes internationaux».
Les journalistes du média alémanique ont constaté une opacité et une méfiance très importante de la part de l’institution islamique. Ayant au beaucoup de mal à contacter le président de l’Association, il leur a été impossible de savoir qui étaient les véritables responsables de la mosquée.
«A Neuhausen, nous avons affaire à un nid de salafistes», assure Saida Keller-Messahli. «On ne peut pas approcher les gens de la mosquée», confirme Kurt Pelda, journaliste de CH-Media et expert en extrémisme. «Ils se considèrent comme des victimes des médias et d’une société pleine de préjugés. Mais la vraie raison est qu’ils ne veulent pas être confrontés à des questions désagréables.» Pour le journaliste également, «ce sont clairement des extrémistes, pas tous, certes, mais la plupart, et notamment les responsables». Le président de l’Association n’a effectivement pas caché aux journalistes de 20 Minuten sa conviction que la religion était au-dessus de la démocratie.
La police fédérale (Fedpol) estime que dans le cas d’Osamah, des mesures préventives devraient être prises. Mais cela dépend en premier lieu du canton, qui doit déposer une demande bien motivée auprès de la Confédération. Le canton de Schaffhouse travaillerait ainsi à l’élaboration d’une telle demande. Les autorités collecteraient des indices ou des incidents qui le justifieraient. Des mesures possibles seraient l’assignation à résidence, la détention en vue de l’expulsion, ou encore l’interdiction géographique ou de contact. Le ministère public confirme qu’une nouvelle procédure pénale est en cours contre l’imam, notamment pour abus présumé de l’aide sociale.
Le problème est que les responsables de la mosquée sont extrêmement prudents, remarque Kurt Pelda. Les idées radicales ne sont pas diffusées dans les prêches, mais lors des nombreuses manifestations organisées à l’extérieur. L’Occident est décrit comme diabolique, la charia considérée comme devant être appliquée partout, même en Suisse. Osamah aurait dit à plusieurs reprises qu’il était favorable à la peine de mort en cas d’adultère et d’homosexualité. Selon Kurt Pelda, le prédicateur pense beaucoup de mal de la Suisse, bien qu’il y reçoive protection et traitement médical, étant handicapé moteur. (cath.ch/20minuten/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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