Un juge de la haute cour du Kerala a accédé à la demande de Mgr Andrews Thazhath, administrateur apostolique de l’archéparchie d’Ernakulam-Angamaly, de voir la police dégager les manifestants devant sa résidence, et de lui assurer une escorte en cas de besoin.
Le synode de l’Eglise syro-malabare avait décidé il y a de nombreuses années d’une réforme de la liturgie de la messe. Selon la «formule 50/50», le célébrant fait face au peuple pendant la liturgie de la Parole, puis se tourne vers l’orient pour la liturgie de l’Eucharistie. Cette formule, qui a reçu l’aval du Vatican, a été adoptée par tous les autres diocèses syro-malabars.
Mais la grande majorité du clergé et des laïcs de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly – le plus grand de l’Église syro-malabare – s’opposent à ce changement, arguant que les prêtres devraient pouvoir continuer à faire face au peuple tout au long de la liturgie, une coutume qu’ils suivent depuis plus de 50 ans et qu’ils estiment fidèle aux réformes du Concile Vatican II.
Cette querelle liturgique, qui dure depuis des décennies et qui a été marquée par des échauffourées dans les rues, des grèves de la faim et des effigies de cardinaux brûlées, s’est intensifiée depuis que Mgr Thazhath a succédé à Mgr Antony Kariyil comme administrateur apostolique. L’archevêque Kariyil a affirmé avoir été contraint de démissionner après avoir dispensé les prêtres de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly d’adopter la nouvelle forme liturgique.
Mgr Thazhath a publié une lettre circulaire le 30 septembre 2022 demandant aux paroisses d’adopter la liturgie uniforme dès que possible. Des manifestants ont réagi en brûlant publiquement des copies de la lettre.
La violence a éclaté lorsque l’archevêque a tenté d’entrer dans la cathédrale St.Mary’s d’Ernakulam le 27 novembre pour y célébrer la liturgie réformée, le premier dimanche de l’Avent, au début d’une nouvelle année liturgique.
Des manifestants ont empêché l’administrateur apostolique de franchir les portes de la cathédrale. À la suite de confrontations entre détracteurs et partisans de l’archevêque, la police a arrêté sept personnes qui ont ensuite été libérées sous caution.
Pour éviter de nouvelles perturbations, la police a fait sortir les manifestants de la cathédrale et a verrouillé les portes. Depuis le 27 novembre, la cathédrale est restée fermée aux visiteurs, les catholiques locaux devant prier devant les grilles.
Un groupe de prêtres a organisé une réunion de prière à l’extérieur de la cathédrale le 1er décembre pour protester contre la fermeture. Mgr Thazhath a écrit une nouvelle lettre datée du 4 décembre pour rappeler que Rome lui a donné des directives claires et le mandat de mettre en œuvre la décision synodale sur le mode uniforme de célébration de la messe. «Je n’ai pas d’autre autorité ni d’autre choix que de l’appliquer», a -t-il ajouté. «Protester contre ces décisions sera considéré comme une protestation contre le Saint-Père et le rejet de ses décisions», avertit-il.
Neuf évêques – dont l’archevêque Kariyil – ont écrit une lettre le 28 novembre au cardinal George Alencherry, chef de l’Église catholique syro-malabare. Ils plaident pour laisser les choses choses aller ainsi pendant un certain temps, pour le maintien du statu quo, afin de laisser le dialogue se poursuivre et permettre ainsi de raviver la paix dans l’archidiocèse et dans l’Église dans son ensemble.»
Le synode permanent de l’Église syro-malabare a récemment accepté de former un comité de trois évêques pour discuter de l’impasse avec les représentants du clergé et des laïcs de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly. Une première réunion a eu lieu le 25 novembre.
Les évêques syro-malabars devraient à nouveau discuter du conflit liturgique lors d’une réunion synodale prévue en janvier 2023. (cath.ch/thePillar/mp)
Maurice Page
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