Ce voyage aurait dû avoir lieu au début du mois de juillet 2022, mais le pape François avait dû y renoncer, officiellement pour des raisons de santé liées à son genou. Il s’agira du 40e voyage du pape François à l’étranger depuis le début de son pontificat en mars 2013.
Le pontife, qui aura alors 86 ans, atterrira le 31 janvier à Kinshasa après avoir effectué un vol de 7 heures. Il restera dans la capitale de la RDC jusqu’au 3 février et ne se rendra donc pas à Goma, dans l’est du pays, alors que le précédent programme y prévoyait une étape. Selon les informations de l’agence ’I.MEDIA, la sécurité de cette région du Nord-Kivu, déjà précaire à l’époque, a probablement contraint les organisateurs à annuler ce déplacement interne.
Le pape suit attentivement la situation dans cette zone. Fin octobre, il avait déploré les attaques sanglantes commises au Nord-Kivu. «Nous assistons, horrifiés, aux événements qui continuent d’ensanglanter la République démocratique du Congo».
Dans ce pays francophone, le pape prononcera six discours, dont un adressé aux victimes des violences dans l’est du pays. Parmi les autres grands moments de ce séjour en RDC, figure la messe en plein air à l’aéroport de Kinshasa, qui pourrait rassembler des centaines de milliers de fidèles.
Le 3 février, le pape prendra l’avion avec l’archevêque de Canterbury et Primat de l’Eglise d’Angleterre, Justin Welby, pour rejoindre le Soudan du Sud. Ils seront accompagnés de Iain Greenshields, modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse.
Contrairement à ce qui était prévu en juillet dernier, le pape ne se rendra pas dans un camp de déplacés internes mais prononcera un discours devant certains d’entre eux au Freedom Hall de Djouba. Il prendra également part à une prière œcuménique au Mausolée «John Garang» de Djouba.
Près de 4 ans après s’être mis à genoux devant les leaders sud-soudanais pour les supplier d’œuvrer pour la paix, le pape argentin prononcera aussi un discours très attendu devant les autorités du pays.
La visite du pontife au Soudan du Sud s’annonce historique: aucun pape n’a encore visité ce pays depuis sa fondation en 2011. Ce voyage aura aussi une dimension diplomatique très importante, liée au rôle de médiateur que joue le Saint-Siège dans ce pays d’Afrique orientale depuis plusieurs années.
En avril 2019, l’image avait marqué les esprits: le pape François s’était donc mis à genoux devant les leaders ennemis du Soudan du Sud et avait embrassé leurs pieds pour les enjoindre à se réconcilier lors d’une rencontre organisée au Vatican. Afin de leur donner un horizon positif concret, le pontife avait exprimé son souhait de se rendre dans le jeune pays une fois que le conflit serait réglé et que la situation serait plus stable.
Au Soudan du Sud, l’enlisement généralisé de la guerre civile a rendu la tâche particulièrement complexe pour les nonces du pape. En effet, depuis 2011, une faction gouvernementale et plusieurs mouvements d’opposition, rassemblés au sein du SSOMA (Alliance des mouvements d’opposition du Soudan du Sud) s’opposent dans une lutte meurtrière pour le pouvoir.
Face à ces affrontements tribaux, le Saint-Siège n’agit pas seul. Dans ce pays où les catholiques ne sont pas majoritaires (37,5% de la population), Rome a mis en place une stratégie originale de diplomatie œcuménique. Pour faire porter le message de paix, l’Église catholique fait appel aux anglicans et aux calvinistes écossais, très présents dans cette ancienne colonie britannique.
C’est d’ailleurs en collaboration avec ces derniers que la perspective d’un voyage a été envisagée, et ce dès 2017. À l’issue d’une nouvelle rencontre organisée au Vatican en 2019, Justin Welby et le pape François avaient déclaré être prêts à se rendre ensemble au Soudan du Sud si des avancées significatives étaient observées.
En République démocratique du Congo, le pape François marchera dans les pas de Jean Paul II, qui s’était rendu à deux reprises dans le grand pays d’Afrique équatoriale – à une époque où il s’appelait le Zaïre – en 1980, puis en 1985.
En janvier 2020, le pape François avait reçu chaleureusement en audience le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, à la veille de la pandémie de Covid-19. Cette visite avait entériné la reprise de relations plus apaisées après le départ du président Joseph Kabila en 2019. Félix Tshisekedi aurait, à l’occasion de cette rencontre, invité le pontife dans son pays.
L’entretien avait en outre débouché sur l’application de l’accord-cadre signé en 2016 par les deux États pour notamment définir le statut juridique de l’Église catholique en RDC. Celui-ci acte la «liberté» de l’Église dans son activité apostolique et les domaines qui lui sont confiés – éducation, santé, pastorale, charité, etc. L’Église catholique est très influente et fait souvent acte de médiation dans ce pays qui compte plus de 100 millions d’habitants, où le taux de pauvreté est abyssal. Après le départ du cardinal Laurent Monsengwo en 2018, c’est le jeune cardinal Fridolin Ambongo qui, à 62 ans, est la grande figure de l’Église sur place. (cath.ch/imedia/hl/rz)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-pape-en-rdc-et-au-soudan-du-sud-du-31-janvier-au-5-fevrier/