Le 19 novembre dernier, à l’issue d’une visite ad limina marquée par une opposition visible entre la Curie romaine et l’épiscopat allemand, le président de la conférence des évêques d’Allemagne, Mgr Georg Bätzing, avait déclaré ne pas vouloir empêcher les bénédictions de couples homosexuels dans son diocèse de Limbourg.
Une semaine après, le cardinal Josef De Kesel a tenu à clarifier la position des évêques belges sur ce sujet: les «deux prières» proposées par les évêques flamands pour les couples homosexuels en septembre dernier ne sont ni des bénédictions ni une liturgie mais une façon «d’aider ces personnes», a-t-il insisté.
La question de la pastorale des personnes homosexuelles a été abordées «dans tous les dicastères» lors de leurs visites «parce que cela les regarde tous», a affirmé le président de la conférence épiscopale belge. «Si on ne les aide pas, ils sont perdus», a insisté le cardinal De Kesel, qui a confié avoir senti que le point de vue défendu par sa conférence épiscopale avait été «écouté et respecté» pendant toute la visite ad limina.
Il a insisté sur l’importance d’«être réaliste» dans la mission pastorale auprès des couples homosexuels Il a notamment souligné la difficulté de promouvoir la chasteté comme l’unique réponse à l’homosexualité. Plus largement, il a plaidé pour que l’Église prenne du temps pour discerner sur ces «problématiques nouvelles», expliquant qu’ils essayaient à leur mesure de «structurer» cette pastorale.
L’archevêque de Malines-Bruxelles a aussi confié avoir parlé, au cours de l’entretien de deux heures que les évêques ont eu avec le pape François le 25 novembre, de l’interview «très intéressante» donnée par Mgr Philippe Bordeyne, président de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour la famille à La Croix le 17 novembre dernier. Dans ce dernier, le Français rebondissait sur la proposition de ›prière’ des évêques belges pour des couples homosexuels et défendait l’idée qu’une bénédiction n’était pas la validation d’un mode de vie adéquat mais la manifestation du bien que Dieu veut pour l’homme.
«Nous avons eu l’occasion de dire exactement ce que nous voulions», s’est réjoui le cardinal De Kesel, ajoutant que «pendant deux heures, tous les sujets ont été abordés». Il a insisté sur le fait que cette question n’était pas vouée à être «traitée» pendant cette visite. «On ne vient pas régler les affaires dans les coulisses», a-t-il expliqué.
D’autres questions telles que l’opportunité du diaconat féminin ou la discipline de l’Église latine pour le célibat ont aussi été évoquées pendant leur séjour. Sur la question du diaconat féminin, le cardinal De Kesel a insisté sur le fait que c’était une question qui se posait en soi et qu’il ne s’agissait en aucun cas de répondre à la baisse des vocations.
Le cardinal belge a confié avoir pris du temps pour expliquer au pontife argentin – comme aux responsables des dicastères – le «grand défi» que représente selon lui l’émergence en Europe d’une «société pluraliste et plus sécularisée». «Ce n’est pas la même chose que d’annoncer l’Évangile dans une société homogène», a-t-il insisté, insistant sur le fait que l’Église traversait une «crise» en Occident, un thème qu’il a récemment abordé dans un essai, Foi & Religion dans une société moderne, publié en 2021 chez Salvator.
Comme beaucoup d’évêques d’autres pays venus en visite ad limina ces dernières années, le cardinal De Kesel a noté un «changement d’atmosphère dans la Curie romaine» lors des visites effectuées dans les 18 dicastères, l’analysant comme un des effets de la publication le 19 mars dernier de la constitution apostolique Praedicate Evangelium. Il a notamment insisté sur le plus grand sens de l’écoute à l’œuvre, expliquant que le cardinal Parolin leur avait déclaré «nous sommes tous dans la même barque».
Ce dernier, qui a dirigé une réunion interdicastérielle, comme la semaine avec les évêques allemands, a «très bien» tenu son rôle de modérateur, s’est réjoui le cardinal belge, qui considère que ce mode de discussion doit être développé et proposé à toutes les conférences épiscopales. Il note aussi l’importance de cette dimension interdicastérielle dans le fonctionnement interne de la Curie.
Le cardinal De Kesel a aussi souligné le «nouvel élan» que représente la présence de plus de femmes mais aussi de personnes venant du monde entier, signe important de l’universalité et de la «multiculturalité» de l’Église selon lui. Il a été particulièrement marqué, sur ce point, par les rencontres avec le dicastère pour le Service du développement humain intégral et avec le dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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