Élections en Malaisie, des politiciens s’en prennent aux chrétiens

«Les chrétiens sont engagés dans le bien commun du pays et n’ont aucun projet de prosélytisme et de christianisation de la nation», a déclaré le Conseil des Églises de Malaisie. L’instance répondait à des accusations proférées durant la campagne électorale pour le renouvellement du Parlement du 19 novembre 2022.

La Malaisie est caractérisée par un pluralisme ethnique et religieux. Mais depuis quatre ans, l’instabilité politique et des scandales de corruption ébranlent cette monarchie parlementaire du sud-est asiatique.

Un climat d’instabilité politique

Les élections parlementaires du 19 novembre étaient ainsi attendues avec espoir, comme l’atteste le fort taux de participation (70%). Les résultats n’augurent pas toutefois d’une plus grande stabilité, aucune majorité claire ne s’étant profilée.

Deux coalitions et un parti étaient en lice. Le Pakatan Harapan (PH: Alliance de l’espoir), dirigé par le leader de l’opposition Anwar Ibrahim, a remporté 82 des 222 sièges de l’assemblée, suivi par le Perikatan Nasional de l’ex-Premier ministre Muhyiddin Yassin (73 sièges) et par la coalition alors au pouvoir, la Barisan Nasional, qui accuse elle un fort recul (30 sièges).

Chrétiens et juifs accusés de prosélytisme

Durant la campagne électorale, l’ancien Premier ministre Tan Sri Muhyiddin Yassin a tenté de créer des divisions entre communautés pour gagner des voix. Il a accusé le Pakatan Harapan d’être soutenu «par un groupe de juifs et de chrétiens qui ont un programme de christianisation en Malaisie», rapporte l’agence Fides.

Secrétaire général, du Conseil des Églises, qui regroupe les Églises protestantes et l’Église orthodoxe de la nation, le révérend Jonathan Jesudas a demandé que les sensibilités de chaque communauté soient prises en compte dans les forums publics. «De telles déclarations, prononcées sans précaution, peuvent créer des tensions et des conflits raciaux et religieux.»

La Fédération chrétienne de Malaisie, qui représente la majorité des Eglises et des chrétiens, y compris l’Église catholique, a également exprimé sa «grave préoccupation». «Les déclarations des politiciens ne doivent pas attiser les conflits et lancer des calomnies séditieuses afin de gagner le soutien d’un groupe ethnique ou religieux particulier.»

Pas de fanatisme religieux

Signal positif, Anwar Ibrahim, musulman et leader du PH, la coalition sortie majoritaire et qui revendique la responsabilité de former le prochain gouvernement, a lui aussi appelé la population à prendre position contre le racisme et le fanatisme religieux.  

La Malaisie compte 32 millions d’habitants. Sa population se compose de 60% de musulmans, 20% de bouddhistes, 10% de chrétiens (1,2 million de catholiques), 6,3% d’hindous, puis d’autres minorités indigènes. Les États de Sarawak et de Sabah (sur l’île de Bornéo) comptent environ deux tiers de la population chrétienne totale du pays. (cath.ch/fides/ag/lb)

Lucienne Bittar

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