RKZ: Daniel Kosch rend hommage à la synodalité

A quelques jours de la retraite, Daniel Kosch, secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) a présenté à Vatican news, le 18 novembre 2022, la situation des Églises en Suisse et sa vision positive de la synodalité.

Daniel Kosch a exercé la fonction de secrétaire général pendant plus de deux décennies au sein de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), l’association des organisations ecclésiastiques cantonales, créée en 1971.

Au cours de cette période, il a vécu de près l’évolution de l’Église en Suisse. «Nous sommes touchés, comme presque toutes les Églises et religions, par la baisse du nombre de fidèles, par rapport à l’ensemble de la population. Très souvent, nous sommes confronté aux sorties d’Église, ‘Kirchenaustritt’. Avec ces départs formels de l’Église, les personnes ne payent plus l’impôt ecclésiastique», déclare-t-il à Vatican news.

«Nous constatons aussi une distanciation très nette et une pluralisation interne au sein de l’Église, avec des divergences d’opinions. Sous l’impulsion du pape François, il est beaucoup plus possible de discuter et d’exprimer les différentes positions, et c’est mieux. Mais, en conséquence, l’Église semble moins unie en public qu’auparavant».

Le «cas particulier» de la Suisse

Souvent – soulignent les journalistes de Vatican news –, la Suisse est perçue de l’extérieur comme un «Sonderfall», un cas particulier, un ensemble très complexe, et également du point de vue religieux. «La différence culturelle entre la Suisse alémanique et la Suisse romande en est justement un bon exemple, explique Daniel Kosch. C’est un contraste qui concerne très fortement la manière d’être, de s’exprimer en tant qu’Église, de célébrer en tant que peuple. Mais si l’on se réfère à des études sociologique sur le sujet, on constate que les positions des croyants eux-mêmes ne sont pas si éloignées.»

Une très forte proportion de migrants contribuent également à la pluralité culturelle de la Suisse. Dans certains cantons, cette proportion s’élève même à environ 50% des croyants d’une confession. «Ce sont des cultures et des expériences religieuses tout à fait différentes, qui entrent en jeu et qui ne sont pas facile à intégrer – et qui se font encore trop rarement – dans nos grands débats officiels au sein de l’Église», ajoute le secrétaire général sortant.

L’importance de l’œcuménisme

La Conférence centrale ayant son siège à Zurich, «bastion historiquement réformé», Daniel Kosch est invité à s’exprimer sur le dialogue avec les Églises réformées. «L’œcuménisme a clairement évolué au cours des dernières décennies. Nous sommes davantage conscients, des deux côtés, qu’il y a de nombreux défis que nous ne pouvons relever qu’ensemble, dans le dialogue avec la société civile et avec d’autres acteurs sociaux importants – comme la politique ou le domaine de la santé. Il est de plus en plus important que nous puissions nous positionner ensemble».

Sur le plan théologique, cependant, la question du dialogue œcuménique reste ouverte. «Beaucoup de catholiques, mais aussi de protestants, sont souvent encore trop ancrés à des idées du passé, alors que bien des gens n’en connaissent plus les origines et ne ressentent plus ces idées comme les leurs».

Un grand besoin de synodalité, y compris en Suisse

A propos du processus synodal lancé par le pape François au niveau de l’Église universelle, Daniel Kosch y voit une chance énorme pour l’Église, qui a grandement besoin de synodalité. «Si je pense à la situation que nous vivons, avec ce que nous appelons le ‘système dual’, d’une part les tâches confiées aux Églises cantonales par le gouvernement et d’autre part les tâches plus internes à la communauté elle-même, de nature pastorale, je constate qu’il y a un sentiment de division des tâches presque insurmontable».

«Nous avons tendance, en Suisse, à penser de manière schématique: d’un côté, ceux qui s’occupent de la pastorale et de la spiritualité. De l’autre, ceux qui s’occupent de l’argent et des questions structurelles. Mais il ne s’agit pas simplement d’une séparation des champs d’activité entre clergé et agents pastoraux, qui s’occupent de la prédication, et les autres, qui paient ou gèrent les impôts ecclésiastiques.»

«Maintenant, avec la consultation synodale, je crois que l’unité se reconstruit. L’Église appartient à tous et chacun doit en prendre pleinement soin. Et le pape François utilise cette image forte: «que tous soient des disciples missionnaires du Christ». Dans ce sens, nous sommes tous responsables ensemble de l’Église», souligne le secrétaire général sortant de la Conférence centrale.

La voie synodale allemande déclenchée par les abus

Daniel Kosch a également répondu aux journalistes au sujet de la voie synodale en Allemagne, à laquelle il participe en tant qu’observateur suisse. «Il est impressionnant de voir à quel point l’Église en Allemagne est marquée par ce processus de la thématique des abus, relève-t-il. Chez nous, en Suisse, c’est aussi en cours. L’automne prochain, une première étude sera publiée à ce sujet». (cath.ch/vatnews/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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