Le pape François, qui avait rencontré les évêques allemands la veille, n’a pas participé à cette réunion qui a été l’occasion d’une «confrontation informelle, mais nécessaire et constructive», selon le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.
La venue des évêques allemands à Rome, du 14 au 18 novembre 2022, dans le cadre de leur visite ad limina, revêtait un caractère exceptionnel du fait des tensions apparues autour du chemin synodal allemand. En cause: la nature réformiste des propositions qui en ont émergé concernant le célibat des prêtres, la place des femmes dans les ministères ou encore la morale sexuelle et l’homosexualité.
S’il n’a jamais commenté ces propositions, le pape François a montré une forme de désapprobation concernant la démarche allemande lors de plusieurs interventions récentes, notamment au cours d’une conférence de presse au retour de son dernier voyage à Bahreïn.
Après s’être rendus dans les différents dicastères de la Curie pendant toute la semaine et avoir rencontré le pape François pendant deux heures le jeudi matin, les évêques allemands ont prolongé leur séjour romain vendredi par une réunion au caractère inédit avec l’ensemble des chefs de dicastères de la Curie. Cette rencontre, prévue «depuis un certain temps comme une occasion de réfléchir ensemble», s’est tenue à l’Institut Augustinianum, à quelques pas seulement de la place Saint-Pierre.
Le modérateur de la rencontre, le cardinal Parolin, a mentionné en introduction les «préoccupations que suscite le chemin synodal» allemand, soulignant le risque de voir émerger des «réformes de l’Église et non dans l’Église». Le président de la conférence des évêques d’Allemagne (DBK), Mgr Georg Bätzing, évêque de Limburg, lui a répondu en rappelant que les abus commis par les membres du clergé étaient à l’origine de leur démarche et a ensuite rappelé les principaux sujets abordés lors des assemblées en Allemagne.
Lors de la réunion, une partie des participants – probablement un grand nombre d’évêques allemands, qui ont majoritairement voté pour les propositions du synode allemand en septembre dernier, mais peut-être aussi des membres de la Curie romaine – a défendu la nécessité de la «poursuite de la réflexion» portée par ce synode national, indique le communiqué.
D’autres, au contraire, ont proposé un moratoire, considérant que le chemin synodal allemand n’avait «pas trouvé d’espace». Sont notamment intervenus dans ce sens les cardinaux Marc Ouellet, préfet du dicastère pour les Évêques, et Luis Francisco Ladaria Ferrer, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, qui ont «franchement et clairement» signifié leur préoccupations et réserves concernant «la méthodologie, les contenus et les propositions du Chemin synodal» allemand. Ils ont proposé, «au bénéfice de l’unité de l’Église», que les propositions qui en ont émergé soient «incluses» dans le synode sur l’avenir de l’Église.
Ce processus, en cours dans le monde entier, a été lancé par le pape François en 2021 afin de développer la dimension synodale de l’Église. Impliquant très largement les catholiques, pratiquants ou non, il doit aboutir à deux réunions à Rome, en 2023 et 2024. Le chemin synodal allemand a été pour sa part ouvert en 2019 et vise à répondre, outre la question des abus, à celle de la baisse du nombre de fidèles et de prêtres outre-Rhin.
Lors de la réunion, un «dialogue ouvert» s’est ensuivi dans l’Augustinianum. De cette «confrontation de positions différentes», souligne le communiqué, seraient apparus »l’importance et l’urgence d’approfondir certaines questions» soulevées lors des discussions, notamment celles concernant les «structures de l’Église», le «ministère sacré et son accès» ou encore «l’anthropologie chrétienne». Certains ont cependant insisté sur le fait que des sujets n’étaient pas discutables.
Le cardinal Parolin, en conclusion, a reconnu que cette confrontation ne pouvait «être ignorée» à l’avenir. Il a d’ailleurs été convenu par tous les participants que ce «dialogue» se poursuivrait «dans les mois à venir, afin de contribuer à l’enrichissement de la voie synodale allemande et du Synode universel de l’Église».
Les évêques allemands ont prévu de revenir sur cette rencontre lors d’une conférence de presse à l’Augustinianum dans la matinée du samedi 19 novembre. (cath.ch/imedia/cd/gr)
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