Barbara Ludwig/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
La Maison des religions a été fondée sur l’Europaplatz de Berne en 2014. Il s’agit d’un lieu unique au monde où hindous, musulmans, chrétiens, alévis et bouddhistes disposent de leurs propres lieux de culte.
L’Association musulmane de Berne est responsable de la mosquée. C’est dans ces locaux qu’un imam a marié plusieurs couples qui n’avaient pas contracté de mariage civil, a rapporté le média alémanique SRF. De telles unions ne sont pas reconnues en Suisse. Selon la SRF, il s’agissait en outre de mariages forcés.
La Maison des religions et l’Association musulmane de Berne ont assuré ne pas connaître l’imam incriminé. «Nous partons du principe que les communautés religieuses installées dans notre maison respectent le droit suisse», a affirmé la directrice Karin Mykytjuk à kath.ch. Les communautés religieuses s’engagent également, dans le contrat qu’elles concluent avec l’institution, à respecter les lois locales et à se conformer aux droits humains. L’affaire des mariages a cependant révélé des lacunes au niveau de l’information des communautés religieuses.
«Dans certains cas, il (l’imam) n’a pas vérifié soigneusement s’il y avait un mariage civil. Il s’est alors fié aux assurances orales des personnes concernées», explique Karin Mykytjuk. Mustafa Memeti, l’imam de la mosquée, confirme: «Nous connaissions trop peu les règles légales sur le mariage et, dans certains cas, nous n’avons pas vérifié avec suffisamment de soin si le couple était déjà marié civilement. Nous le regrettons vivement». La directrice souligne toutefois que la Maison des religions n’a pas connaissance de «situations forcées».
Mais comment est-il possible qu’un imam étranger puisse célébrer des mariages sans aucune surveillance? «Notre mosquée est ouverte toute la journée. Il n’y a pas de contrôle à l’entrée ni de caméras de surveillance», explique Mustafa Memeti. Selon l’imam, la mosquée est fréquentée par de nombreuses personnes inconnues, dont une grande partie ne fait pas partie de l’association. Cette dernière réfléchit maintenant aux mesures qui permettraient d’empêcher les mariages illégaux. «C’est un grand défi pour nous», confie le responsable islamique, qui précise que rien n’a encore été décidé.
Karin Mykytjuk est «abasourdie» par l’utilisation de la mosquée par un imam non identifié, parlant d’une «utilisation abusive». Selon les recherches de la SRF, l’imam avait établi des confirmations de mariage sur du papier à en-tête obsolète de l’Association musulmane de Berne. «Nous examinons donc des mesures juridiques», assure Mustafa Memeti.
La Maison des religions réfléchit également «à la question de savoir si des mesures sont nécessaires et utiles, et lesquelles», explique Karin Mykytjuk. Ses responsables voudraient sensibiliser davantage les communautés religieuses aux bases juridiques suisses, par exemple sur la primauté du mariage civil. Mais des mesures de sécurité pourraient également être prises.
Les locaux des communautés religieuses devraient-ils être accessibles seulement si une personne d’encadrement est présente? «Cela irait à l’encontre de notre idée de base», répond la directrice. «Nous sommes une maison ouverte». Elle souligne en outre que les différentes communautés sont responsables de ce qui se passe dans leurs locaux. Si elles les louent, elles doivent également veiller à ce que les locataires respectent les règles en vigueur. (cath.ch/kath/bal/rz)
Rédaction
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/berne-mariages-illegaux-a-la-maison-des-religions/