SurTwitter, l’ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège Andrii Yurash n’a pas mâché ses mots: «pour réaliser ce qu’est ‘l’humanisme russe’ dans lequel croit le pape, il serait assez juste de visiter maintenant l’Ukraine et de voir comment 4,5 millions de personnes à court d’électricité et d’eau ›profitent’ de cet ›humanisme’». Le diplomate réagissait à une déclaration faite par le pontife la veille sur son affection pour l’«humanisme russe» qu’il rattache à la figure de l’écrivain Fiodor Dostoïevski.
Le diplomate ukrainien, envoyé par Kiev peu après le début du conflit, n’a probablement pas apprécié que le pontife décrive comme un représentant de cet humanisme l’ambassadeur de Russie près le Saint-Siège, Alexander Avdeev. Le pape a d’ailleurs aussi insisté sur la longue relation qu’il entretenait avec ce dernier depuis sa nomination en 2013, ainsi que son choix de se rendre à l’ambassade russe au lendemain de l’invasion de l’Ukraine pour demander la fin de la guerre.
Lors de son intervention dans l’avion, le pontife a aussi refusé de condamner le peuple russe. Cependant, il a directement critiqué la «cruauté» des «mercenaires, des soldats qui viennent faire la guerre comme une aventure». «Les ordres de bombarder l’Ukraine, les boutons lançant les missiles, ont été donnés et pressés non par des mercenaires, mais par de sincères humanistes disciples de Dostoïevski», a ironisé Andrii Yurash.
Hasard du calendrier, le pape François recevait ce 7 novembre l’archevêque majeur et chef de l’Église gréco-catholique ukrainienne Sviatoslav Shevchuk. Une première depuis le début du conflit pour celui qui connaît le pontife depuis l’époque où il avait la charge de la diaspora ukrainienne en Argentine.
Le pape a fait référence à cette présence catholique ukrainienne à Buenos Aires dans l’avion, confiant avoir servi la messe d’un prêtre ukrainien quand il avait 11 ans et avoir depuis un attachement particulier pour ce peuple. «Je suis au milieu de deux peuples que j’aime bien», a-t-il affirmé à propos des Russes et des Ukrainiens.
Sa Béatitude Shevchuk, qui prône le droit des Ukrainiens à défendre leur terre et salue les tentatives de médiation du Saint-Siège, a apporté en cadeau au pontife un fragment d’une mine russe qui a détruit la façade d’une église gréco-catholique d’Irpin, à proximité de Kiev.
Le pape François avait déclaré vouloir se rendre dans la capitale ukrainienne l’été dernier. Une source diplomatique a confié à I.MEDIA que le pape avait finalement résisté «à son instinct» qui le poussait à s’y rendre, malgré la pression de l’Ukraine. «Il aurait grillé toutes ses cartes» de médiation avec l’État russe et le patriarcat de Moscou, estime la source, soulignant que le canal avec ces entités est particulièrement fragile parce qu’il n’existe pas de «tradition» d’échange entre Rome et Moscou. (cath.ch/cd/bh)
I.MEDIA
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