André Vingt-Trois est né le 7 novembre 1942 à Paris. Après des études au séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux et à l’Institut catholique de Paris, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Paris le 28 juin 1969. Dans ses premières années de ministère, il est notamment vicaire à la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal à Paris – dont le curé est le Père Jean-Marie Lustiger, futur archevêque de Paris –, ainsi que directeur au Séminaire de Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux, et professeur de théologie morale et sacramentelle.
En 1981, il est nommé vicaire général du diocèse. À ce poste pendant 18 ans, il est chargé des formations diocésaines, des moyens de communications, de la pastorale familiale, des aumôneries de l’enseignement public et de la catéchèse, peut-on lire dans sa biographie sur le site du diocèse.
À 45 ans, il est nommé évêque auxiliaire de Paris et consacré le 14 octobre 1988. L’année suivante en 1999, il est nommé archevêque de Tours par Jean Paul II, puis, en 2005 archevêque de Paris. Il succède alors au cardinal Jean-Marie Lustiger, qu’il considère comme son maître spirituel.
En 2007, il est créé cardinal par Benoît XVI, qui au fil des ans le nomme membre de divers dicastères: la congrégation pour les Évêques, le conseil pontifical pour la Famille, le conseil pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement, la congrégation pour le Clergé, et la congrégation pour les Églises orientales. En France, il a été cinq ans président de la Conférence des évêques (2007-2013).
Le cardinal Vingt-Trois a été également président délégué des synodes sur la famille à Rome en 2014 et 2015. À l’aube de ce synode, il notait dans La Croix une «fracture» de société sur ce sujet. L’écart «entre ce à quoi les gens aspirent et ce qu’ils parviennent à réaliser» conduit à un «doute structurel par rapport au mariage», soulignait-il. Alors que le synode était agité de la question de l’accès à la communion des personnes divorcées remariées, l’archevêque de Paris estimait que «la question centrale, pour l’Église, est d’abord pastorale. C’est savoir comment accueillir ces couples».
L’accueil, détaillait alors le cardinal, c’est «donner une impulsion réelle aux intentions de miséricorde exprimées par le pape, non pas en approuvant formellement toutes les situations ou en sautant par-dessus les contraintes, mais en prenant soin des gens dans la situation où ils se trouvent». «Les personnes divorcées remariées, ajoutait-il, relèvent de réponses personnalisées et, par définition, les réponses particulières ne font pas l’objet d’une loi universelle mais d’un accompagnement ajusté à chaque cas». Ainsi, la mise en œuvre des orientations du Synode devait selon lui «être adaptée à chaque situation, chaque pays, et ne pas venir d’une décision romaine».
Dans un autre entretien accordé à La Croix au moment de quitter l’archevêché de Paris en 2017, il confiait avoir été confronté à la question de la sécularisation tout au long de son ministère: «Est-ce que je suis prêtre pour reconstituer des communautés à l’image des paroisses du début du XXe siècle, ou pour annoncer le Christ, avec les chrétiens, à des hommes et des femmes qui n’en ont plus rien à faire?»
Celui qui a vu ses propres parents s’éloigner de la pratique chrétienne – comme le rapporte Le Pèlerin – insistera souvent sur le «choix» que représente la foi, à une époque où elle ne semble plus aller de soi. Selon l’écrivain athée Pierre Jouve, avec qui il a publié un livre d’entretien, l’archevêque vivait «dans la sobriété».
Connu pour son franc-parler et son sens de l’humour, André Vingt-Trois a tenu une ligne fidèle à la Doctrine sociale de l’Église sur les sujets de bioéthique. Mais «c’était un rusé», assure l’éditeur Michel Cool, évoquant son «sens politique» lors des manifestations contre le mariage pour tous, en 2013. Le cardinal a encouragé de nombreuses initiatives de solidarité et de pastorale dans son diocèse.
Sur la crise des abus, il affirmait que «la question est de savoir comment travailler pour que le fonctionnement de l’Église ne soit pas marqué par ce cléricalisme». Les prêtres ont une responsabilité de guide, soulignait-il, cela «n’inclut pas de diriger l’existence de tout le monde». C’est le cardinal Vingt-Trois qui, en 2011, fit ouvrir une enquête après avoir reçu des plaintes sur Mansour Labaky, ancien prêtre maronite libanais renvoyé de l’état clérical pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
Le cardinal Vingt-Trois faisait aussi acte de repentance après ses douze ans de gouvernement: «Je reconnais que pour un certain nombre de personnes je n’ai pas été suffisamment pasteur». Il confiait regretter la façon dont il a «résisté dans la compassion avec des situations, des personnes, où j’ai pu créer de la distance. Peut-être parce que je n’étais pas capable d’assumer la situation et que j’étais en position de défense».
À 80 ans, le cardinal André Vingt-Trois devient donc l’un des deux cardinaux français non électeurs, avec le cardinal Paul Poupard, 92 ans, ancien président du Conseil pontifical pour la Culture, élevé à la pourpre par Jean Paul II en 1985.
Quatre cardinaux français demeurent susceptibles d’être appelés à participer à un conclave en cas de décès ou de renonciation du pape, et ce jusqu’à leur 80e anniversaire. Parmi eux, seul le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, occupe actuellement la tête d’un diocèse. Il sera électeur jusqu’en 2038.
Deux autres cardinaux français de moins de 80 ans ont quitté leur charge de gouvernement épiscopal mais demeurent électeurs de plein droit: il s’agit du cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, qui demeurera électeur jusqu’en 2030, et du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux et ancien président de la conférence des évêques de France, qui aura 80 ans en 2024.
Enfin, le discret cardinal corse Dominique Mamberti, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, est actuellement le seul cardinal français à diriger un organisme de la Curie romaine. L’ancien nonce apostolique, qui a 70 ans, atteindra donc la limite des 80 ans en 2032.
Avec quatre cardinaux électeurs, la France garde un niveau de représentation cohérent par rapport au nombre de catholiques présents dans l’Hexagone. Un éventuel prochain cardinalat de l’actuel archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, serait possible. Mais il n’a rien d’automatique compte tenu de la volonté du pape François de privilégier des profils des Églises «des périphéries» plutôt que les sièges cardinalices traditionnels, une notion désormais obsolète, notamment en Italie où des diocèses historiques comme Turin, Venise, Milan ou encore Naples n’ont plus de cardinal à leur tête. (cath.ch/imedia/ak/cv/rz)
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