Commentant la victoire de Lula la veille, la présidence de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a publié, lundi 31 octobre 2022, un message sur la conclusion des élections. «Le moment, exhorte le message, nous appelle, encore plus, à la réconciliation, essentielle au nouveau cycle qui s’ouvre».
La présidence de la CNBB indique le chemin que tous les Brésiliens, indistinctement, doivent suivre, c’est d’accompagner, exiger et superviser ceux qui ont réussi dans les urnes. «L’exercice de la citoyenneté ne s’arrête pas à la fin du processus électoral», indique le document. Dans son message, la CNBB félicite les candidats élus – députés, sénateurs, gouverneurs ainsi que le président de la République et félicite également le Tribunal Supérieur Electoral «pour sa performance» dans l’ensemble du processus démocratique.
«Tous peuvent marcher unis pour la construction d’une meilleure politique, celle qui est au service du bien commun, comme le définit notre bien-aimé pape François. Ce sont les souhaits de la CNBB. C’est ce que nous implorons dans les prières pour notre pays». Dans le message signé notamment par Mgr Walmor Oliveira de Azevedo, archevêque de Belo Horizonte (Etat de Minas Gerais), président de la CNBB, les évêques en appellent à «l’intercession maternelle de Notre Dame d’Aparecida – Reine et Patronne du Brésil».
La victoire dimanche 30 octobre de Luiz Inácio Lula da Silva n’efface pas la force de l’extrême droite dans la politique brésilienne, dont le conservatisme à base religieuse est l’un des piliers, note la politologue Ana Carolina Evangelista. «C’est ce nouveau Brésil que le nouveau gouvernement Lula devra affronter», déclare la directrice exécutive de l’Institut d’études de la religion (ISER) à Rio de Janeiro. Elle se consacre à la recherche sur le segment évangélique depuis 2016. Au cours de cette période, le scénario a évolué rapidement.
Les forces évangéliques en politique se sont divisées au Brésil, selon la chercheuse. Une partie de ces forces s’est alignée politiquement sur l’extrême droite et s’est renforcée pendant les quatre années du gouvernement Bolsonaro, occupant des ministères et des postes dans le système judiciaire. Le caucus évangélique au Congrès a également gagné en puissance pour faire avancer les programmes conservateurs avec le soutien institutionnel de l’exécutif.
Pour la chercheuse de l’ISER, dans un Brésil plus évangélique et plus radicalisé, les espaces de dialogue entre le nouveau gouvernement et les milieux évangéliques sera plus difficile que lors du premier gouvernement Lula, il y a 20 ans, en moyenne, les évangéliques n’étaient pas aussi radicalisés politiquement. En 2002, ils étaient plus pragmatiques.
Il y a en effet une différence fondamentale entre les décennies passées et aujourd’hui: il ne faut plus parler d’un scénario politique où il y avait un conflit entre la gauche démocratique et la droite démocratique. «Aujourd’hui, nous avons un conflit entre la gauche et l’extrême droite autoritaire (…). Toute évaluation doit prendre en compte ce scénario comme toile de fond».
Sous le gouvernement Bolsonaro, le groupe parlementaire évangélique du Congrès a reçu le soutien de l’exécutif pour faire avancer son programme conservateur. Bien que les premiers sondages montrent que le caucus n’a pas progressé en nombre lors de ces élections, de nombreux chefs religieux de la tendance de Bolsonaro ont été élus. C’est avec cette législature conservatrice, où le caucus évangélique a acquis un tel pouvoir au cours des quatre dernières années, que Lula va devoir gouverner. (cath.ch/cnbb/iser/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/bresil-les-eveques-catholiques-appellent-a-la-reconciliation/