L’étude sur les prêtres américains, menée par l’Université catholique d’Amérique à Washington, détaille la crise de confiance des clercs envers leurs évêques. Les prêtres expriment notamment leur crainte que s’ils étaient faussement accusés d’abus, les prélats les enfoncent, plutôt qu’ils ne les aident à laver leur nom, rapporte Catholic News Service.
L’enquête se penche sur la relation entre les prêtres et leurs évêques à la lumière de la Charte pour la protection des enfants et des jeunes instituée en 2002 par la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB).
Communément appelée Charte de Dallas, elle met en place une politique sur les procédures lorsque des allégations d’abus sexuels sur des enfants par des membres du clergé ou du personnel de l’Eglise sont révélées.
Si les prêtres soutiennent massivement les mesures visant à lutter contre les abus sexuels et à améliorer la sécurité des enfants, 82% d’entre eux ont également déclaré craindre régulièrement d’être accusés à tort.
De nombreux prêtres ont le sentiment que leur relation avec leur évêque s’est dépersonnalisée. Ils les voient davantage comme des PDG, des bureaucrates et des gardiens des finances que comme des pères ou des frères, souligne l’étude.
40% des prêtres considèrent la politique de tolérance zéro comme «trop dure» ou «plus dure que nécessaire», ajoutant qu’il est trop facile de déposer de fausses plaintes d’abus.
Sur les 10’000 prêtres diocésains et religieux interrogés, seuls 24% ont déclaré avoir confiance dans les évêques américains en général. «Ils ne sont pas vraiment des leaders ou ils sont juste des sortes de caméléons … qui cherchent à gravir les échelons», explique un prêtre.
Les prêtres se sentent souvent comme de simples rouages, considérés par les évêques comme des passifs. La perception varie cependant entre les prêtres diocésains et ceux qui appartiennent à une congrégation religieuse faisant état d’un plus grand soutien.
«Peut-être que certains évêques se voient à travers des lunettes roses», indique un résumé de l’étude. Ou peut-être que les prêtres, dans un état de stress et d’incertitude prolongé caractérisent injustement leurs évêques à travers le prisme du cynisme et de la peur. On trouve probablement une part de vérité dans les deux perspectives.
En réponse à l’enquête, l’USCCB a publié une déclaration de l’évêque James F. Checchio de Metuchen, New Jersey, président du comité du clergé, de la vie consacrée et des vocations. «Je suis reconnaissant de l’éclairage apporté par cette étude qui aidera les évêques dans leur ministère auprès de nos prêtres. Sans être surpris, je suis encouragé par le fait que les résultats indiquent que les prêtres ont un niveau élevé d’épanouissement vocationnel et qu’ils restent positifs quant à leur ministère sacerdotal.»
L’évêque a fait référence à un chiffre du document qui indique que 77% des prêtres se sentent épanouis dans leur ministère. Seuls 4 % ont déclaré qu’ils envisageaient de quitter la prêtrise.
Tout en reconnaissant que les circonstances varient d’un diocèse à l’autre, les résultats de cette étude sont globalement précieux car ils rappellent l’importance d’être toujours attentifs aux soins des prêtres face aux facteurs de stress toujours plus importants qu’ils rencontrent dans leur ministère, conclut Mgr Checcio. (cath.ch/cns/mp)
Maurice Page
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