Dans son communiqué accompagnant l’annonce du renouvellement, le Vatican «s’engage à poursuivre un dialogue respectueux et constructif avec la Partie chinoise». Il affirme viser «un développement ultérieur des relations bilatérales, en vue de favoriser la mission de l’Église catholique et le bien du peuple chinois».
Bien que de nature strictement pastorale, l’accord de 2018 avait constitué un pas de géant dans les relations entre Pékin et le Saint-Siège, qui n’avaient pas échangé officiellement depuis la proclamation de la République populaire de Chine en 1949. Il permet principalement aux deux parties de s’entendre sur la nomination des évêques.
On sait peu de choses du contenu de l’accord, sinon qu’avec celui-ci, le Saint-Siège a concédé à Pékin le fait que tous les évêques devaient désormais rejoindre l’Association patriotique des catholiques de Chine (APCC), organisme unique officiel du catholicisme en Chine géré par le parti communiste.
Pékin a, pour sa part, accepté que le pape soit le dernier à valider ou non – il dispose d’un droit de veto – les nominations d’évêques faites par les délégations diocésaines de l’Association patriotique.
Pour l’heure, l’accord a permis la nomination de seulement 6 évêques en Chine en quatre ans. Le pays compte 108 diocèses, dont 69 sont vacants, et certains évêques sont aujourd’hui très âgés. En tout, la Chine compte environ 6 millions de catholiques.
Le «cœur de l’accord», affirme le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, grand artisan de la diplomatie avec la Chine, dans un entretien avec Vatican News publié après l’annonce, a «à voir avec la consolidation d’un bon dialogue institutionnel et culturel, mais il concerne surtout les aspects essentiels de la vie quotidienne de l’Église en Chine».
«Nous sommes encore en phase d’expérimentation», reconnaît le cardinal Parolin. Le secrétaire d’État, en charge des négociations avec Pékin, se réjouit que certains diocèses voient la réconciliation voulue par le pape François être mise en œuvre, mais explique aussi que dans d’autres diocèses, «malgré tous les efforts et la bonne volonté, aucun dialogue fructueux n’existe avec les autorités locales».
Commentant le renouvellement auprès de l’agence missionnaire Fides, le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, dont le grand-père était un migrant chinois, explique que «l’intention du Saint-Siège est uniquement d’encourager la sélection de bons évêques catholiques chinois». Ce qui est aussi, souligne-t-il, «dans l’intérêt» de la Chine.
«De nombreux signes attestent que de nombreux catholiques chinois ont saisi l’inspiration suivie par le Saint-Siège dans le processus en cours», se réjouit le cardinal Tagle, qui a longtemps été le préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples. Il reconnaît dans le même temps l’existence de «souffrances» résultant de «pressions et interférences inappropriées» au sein de l’Église en Chine.
Le cardinal philippin souligne aussi le dynamisme des paroisses et communautés dans toute la Chine, affirmant qu’il y avait chaque année de nombreux nouveaux baptêmes, même parmi les adultes. Il met en avant l’existence d’une «communion ecclésiale qui transcende les frontières», citant notamment le rôle joué par les expatriés chinois catholiques.
L’accord a cependant été sous le feu des critiques depuis son annonce. Au sein de l’Église catholique, le cardinal Joseph Zen considère qu’il met en danger l’«Église souterraine» – celle non-affiliée à l’Association patriotique. L’arrestation de l’évêque émérite de Hong Kong en mai dernier a jeté une ombre sur les relations entre la Chine et le Saint-Siège mais les deux parties se sont peu impliquées et ont continué à manifester leur volonté de travailler au renouvellement de l’accord.
L’accord est aussi largement critiqué à l’extérieur de l’Église, notamment aux États-Unis, où il est perçu comme une compromission face au principe de défense de la liberté religieuse. «Nulle part ailleurs la liberté religieuse n’est autant attaquée qu’en Chine», avait ainsi déclaré le secrétaire d’État de Donald Trump Mike Pompeo. L’administration de Joe Biden, bien que moins démonstrative, semble alignée sur celle de son prédécesseur sur cette question.
Le Saint-Siège, malgré une opposition significative, maintient et défend sa ligne d’ouverture au dialogue avec la Chine. Il n’y a «pas de triomphalisme naïf» de la part du Saint-Siège, insiste le cardinal Tagle. Il reconnaît au contraire que le chemin est «long, qu’il peut être fatigant, et que l’accord lui-même peut être source de malentendus et de désorientation».
Interrogé sur les relations avec la Chine dans l’avion du retour du Kazakhstan où le président Xi Jinping avait refusé de le rencontrer, le pape François, reconnaissant que les avancées étaient encore limitées, avait appelé à la patience. Il avait aussi salué le travail d’une «commission bilatérale vaticano-chinoise», signe discret d’une pérennisation du dialogue. (cath.ch/imedia/cd/be)
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