Les missionnaires tessinois ont suivi les vives recommandations de Mgr Pierre-André Dumas, évêque du diocèse d’Anse-à-Veau-Miragoâne, dans le département des Nippes, sur la côte nord de la Péninsule de Tiburon, en raison du chaos qui règne dans tout le pays.
Sandro et Nadia Agustoni, qui espèrent retourner bientôt dans la région de Miragoâne, soulignent la situation dramatique dans laquelle se trouve Haïti, complètement déstabilisé par une sévère crise économique et politique et par la violence des bandes armées qui ont pris en otage la population de la capitale Port-au-Prince. «Dans ce pays sinistré, le grand défi est de survivre».
Les biens de première nécessité et les services de santé sont manquants et inaccessibles. «En fait, le pays est paralysé. Dans les Nippes, la violence n’est pas aussi présente, mais comme partout ailleurs, tout est bloqué», explique le couple Agustoni.
Bloqués pour le moment en République dominicaine, Sandro et Nadia restent en contact, dans la mesure du possible, avec le Bureau Diocésain d’Éducation (BDE) et leurs collègues des Nippes. Les communications sont en effet souvent interrompues.
«Les activités sont largement bloquées. Quelques messes sont célébrées, les voisins sont visités, les gens se réunissent pour parler d’éventuelles formations futures, qui pour le moment ne peuvent pas avoir lieu: les écoles n’ont pas encore repris, il n’y a pas de carburant et s’il y en a, il est vendu à des prix exorbitants, il est donc difficile de se déplacer», relèvent Nadia et Sandro Agustoni. «La population survit pour l’instant. La situation est difficile. Les prix des denrées alimentaires, par exemple, ont triplé. Les banques distribuent de l’argent au compte-gouttes, mais le BDE essaie quand même d’aider, par exemple le centre de soutien aux handicapés».
«L’opposition s’inquiète désormais d’une éventuelle intervention internationale souhaitée par le gouvernement actuel, mais qui donne lieu à des protestations violentes». L’évêque Pierre-André Dumas, interrogé par l’agence de presse catholique italienne SIR, se dit favorable à une telle intervention, à condition qu’il ne s’agisse pas d’une occupation mais que cela permette à Haïti de commencer à vivre et à se reconstruire, «une aide pour résoudre ses problèmes historiques et sociaux et ses blocages actuels».
Ce qu’il faut, c’est «une aide internationale qui n’entrave pas l’aspiration du peuple à être libre et souverain». Malgré les protestations, le gouvernement de Port-au-Prince souhaite le déploiement dans le pays de forces militaires étrangères. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est lui aussi déclaré favorable à l’envoi d’un contingent international des Nations Unies étant donné la situation dramatique qui prévaut en Haïti. (cath.ch/catt.ch/be)
Jacques Berset
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