Le Saint-Siège entend poursuivre un dialogue respectueux et constructif pour faire avancer la mission de l’Église catholique et le bien du peuple chinois, selon un communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège publié le 22 octobre 2022.
«La partie vaticane, souligne le communiqué, est disposée à poursuivre le dialogue respectueux et constructif avec la partie chinoise, pour une mise en œuvre fructueuse de l’accord susmentionné et pour un développement ultérieur des relations bilatérales, en vue de faire progresser la mission de l’Église catholique et le bien du peuple chinois».
Le pape François, dans un entretien accordé à l’agence Reuters en juillet dernier, avait espéré que l’accord puisse être renouvelé au mois d’octobre. «L’accord est bon», avait-il dit en se référant aux nominations des évêques, même si «cela va lentement», «à la chinoise», avait-il ajouté, «parce que les Chinois ont cette notion du temps que personne ne les bouscule». Et puis, a-t-il ajouté, «ils ont eux aussi des problèmes», les autorités locales agissent de manière différente avec l’Église catholique et «la situation n’est pas la même dans toutes les régions du pays».
Le pape, rappelant les efforts diplomatiques du cardinal Agostino Casaroli, l’architecte de «l’Ostpolitik» du Vatican envers les pays de l’Est, avait parlé du «martyre de la patience»: «Beaucoup ont dit tant de choses contre Jean XXIII, contre Paul VI, contre Casaroli, avait expliqué le pape, mais la diplomatie est ainsi faite. Face à une situation fermée, il faut chercher le possible, pas l’idéal. La diplomatie est l’art du possible et de rendre le possible réel».
Directeur des rédactions du Dicastère pour la communication du Saint-Siège, Andrea Tornielli s’est entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, sur cet accord qui porte sur «la consolidation d’un bon dialogue institutionnel et culturel, mais il concerne surtout des biens essentiels à la vie quotidienne de l’Église en Chine».
Revenant sur l’accord provisoire sur la nomination des évêques catholiques en Chine, le cardinal Parolin rappelle justement qu’il «est ›provisoire’, car nous sommes encore en période d’expérimentation. Comme c’est toujours le cas, les situations difficiles et délicates nécessitent un temps de mise en œuvre suffisant pour pouvoir vérifier l’efficacité du résultat et identifier les améliorations éventuelles».
En outre, la pandémie de Covid-19 a créé des obstacles compréhensibles aux réunions entre les délégations, qui suivent de près et évaluent la mise en œuvre de l’accord. Pour ces raisons, la validité de l’accord a été prolongée une première fois en 2020 et est à nouveau prolongée de deux ans. «Le pape François, avec détermination et une patiente clairvoyance, a décidé de poursuivre sur cette voie, non pas dans l’illusion de trouver la perfection dans les règles humaines, mais dans l’espoir concret de pouvoir assurer aux communautés catholiques chinoises, même dans un contexte aussi complexe, la conduite de pasteurs dignes et aptes à la mission qui leur est confiée».
«L’histoire nous enseigne que le Saint-Siège est souvent parvenu, dans la délicate et importante question de la nomination des évêques, à s’accorder sur de procédures qui tiennent compte des conditions particulières d’un pays, sans toutefois jamais manquer à ce qui est essentiel et fondamental pour l’Église, à savoir la nomination de pasteurs bons et dignes. La procédure prévue par l’accord a été soigneusement étudiée, en tenant compte des caractéristiques particulières de l’histoire et de la société chinoises et du développement consécutif de l’Église en Chine. A cet égard, je ne peux manquer de rappeler les nombreuses situations laborieuses et, parfois, de lacération dans lesquelles se sont trouvées les communautés catholiques au cours des dernières décennies. Il a donc semblé prudent et sage de tenir compte à la fois des besoins exprimés par les autorités du pays et des besoins des communautés catholiques».
Considérant les quatre premières années depuis l’entrée en vigueur de l’accord provisoire, le cardinal Parolin pense, dans l’immédiat, «qu’il y a trois fruits principaux, mais j’espère que d’autres viendront à l’avenir. Le premier est que, conformément à l’accord, depuis septembre 2018, tous les évêques de l’Église catholique en Chine sont en pleine communion avec le successeur de Pierre et qu’il n’y a plus d’ordinations épiscopales illégitimes. Pour les simples fidèles, cela est perceptible chaque jour dans la Sainte Messe célébrée par n’importe quel prêtre chinois: en effet, le pape est explicitement mentionné dans la prière eucharistique, ce qui était impensable il y a quelques années. Le second fruit est constitué par les six premières ordinations épiscopales qui ont eu lieu dans l’esprit de l’accord et conformément à la procédure établie qui laisse au pape le dernier mot décisif. Le troisième fruit est qu’au cours de cette période, les six premiers évêques ›clandestins’ ont également été enregistrés. Ils ont donc vu leur position officialisée, et sont reconnus comme évêques par les institutions publiques».
De l’avis du secrétaire d’État du Saint-Siège, «ces réalisations peuvent sembler modestes mais, pour ceux qui regardent l’histoire avec les yeux de la foi, elles constituent des pas importants vers la guérison progressive des blessures infligées à la communion ecclésiale par les événements du passé. Il convient donc de souligner encore une fois, si besoin est, que le cœur de l’accord a trait bien sûr à la consolidation d’un bon dialogue institutionnel et culturel, mais qu’il concerne surtout des biens essentiels à la vie quotidienne de l’Église en Chine. Je pense, par exemple, à la validité des sacrements célébrés et à la certitude pour des millions de fidèles chinois de pouvoir vivre leur foi en pleine communion catholique, sans être soupçonnés de ne pas être des citoyens loyaux envers leur propre pays».
Au cours de ces quatre années, il y a eu 6 nouvelles ordinations épiscopales suite à l’accord provisoire. «Ce sont les premières, tandis que d’autres procédures sont en cours. En même temps, nous sommes conscients qu’il y a encore beaucoup de diocèses vacants et que d’autres ont des évêques très âgés. Il y a aussi des diocèses dans lesquels le chemin de la réconciliation, tant souhaité par le pape François, marque le pas. Enfin, il existe des diocèses dans lesquels, malgré les efforts et la bonne volonté, il n’est pas possible d’avoir un dialogue fructueux avec les autorités locales. Nous espérons sincèrement qu’au cours des deux prochaines années, nous pourrons continuer à identifier de bons candidats à l’épiscopat pour l’Église en Chine selon la procédure établie. Évidemment, nous ne pouvons pas faire fi des nombreuses difficultés qui touchent la vie concrète des communautés catholiques, auxquelles nous accordons la plus grande attention. Pour qu’une bonne solution soit trouvée, de nouvelles avancées sont nécessaires dans un esprit de collaboration entre de nombreux acteurs: le Saint-Siège, les autorités centrales, les évêques avec leurs communautés et les autorités locales».
«À la lumière d’une grande confiance dans la Providence de Dieu et réconfortés également par les témoignages douloureux et lumineux de tant de chrétiens chinois, les souverains pontifes de notre époque (Jean Paul II, Benoît XVI, le pape François), ont décidé d’entreprendre et de poursuivre, au-delà de toute opposition, la voie du dialogue constructif avec la Chine, dans laquelle l’accord provisoire pour la nomination des évêques occupe une part limitée mais significative. Le but ultime de ce parcours est que le ›petit troupeau’ des catholiques chinois progresse dans la possibilité de vivre une vie chrétienne sereine et libre, faite de l’annonce de l’Évangile, d’une solide formation, de la célébration joyeuse de l’Eucharistie, ainsi que d’un témoignage assidu de charité, afin d’être proche de ceux qui ont le plus de difficultés à faire face à la vie, comme ce fut le cas pendant la difficile période de pandémie». (cath.ch/vaticannews/be)
Jacques Berset
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