Venu à Rome dans le cadre du pèlerinage de son diocèse de Rennes, l’archevêque responsable du groupe de travail bioéthique de la Conférence des évêques de France a participé à l’audience générale du 19 octobre, où il a salué le pontife.
«Il serait normal que le président Macron et le pape en parlent », a confié Mgr d’Ornellas au sujet de l’euthanasie, lors d’une rencontre avec la presse à Rome. Et de suggérer que le pape invite le chef d’État à «passer une journée dans une maison de soins palliatifs pour tenir la main des mourants».
A l’occasion de la troisième rencontre entre Emmanuel Macron et le pape François, il est «possible que le point soit abordé», indique une source de l’Élysée, mais «les thématiques inscrites à l’agenda ne sont pas toujours respectées». Dans tous les cas, «ce ne sera pas le point central des échanges entre le président et le pape» a-t-elle encore précisé.
Pour l’archevêque de Rennes, le pape peut avoir une influence sur ce sujet sensible. «Une visite du pape en France pourrait sûrement avoir un impact sur le débat sur la fin de vie», estime Mgr d’Ornellas, qui a récemment été reçu par la ministre déléguée à la santé Agnès Firmin-Le Bodo, alors que le gouvernement entame un chantier sur le thème de la fin de vie. «J’ai attiré son attention pour que le débat appelle le plus grand respect de la démocratie», explique-t-il.
L’archevêque français s’inquiète du manque de «démocratie authentique», critiquant que la seule question soumise à la convention citoyenne soit : «Le cadre d’accompagnement de fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits?»
Pour le théologien, cette question est orientée. Il ne revient pas à la loi de répondre à chaque cas particulier, argumente-t-il, en recommandant plutôt de considérer la responsabilité des corps intermédiaires comme les soignants. «Dans ce débat, assène-t-il, il serait grave d’avoir une idée derrière la tête et de faire semblant d’écouter. Ce serait une blessure de la démocratie.»
En effet, poursuit Mgr d’Ornellas, «on touche ici un point majeur: la civilisation s’est construite sur le principe fondateur ‘Tu ne tueras point’. «Je ne suis pas sûr qu’un chef d’État ait le pouvoir de faire en sorte que ce principe ne soit plus vrai», insiste-t-il. L’archevêque dénonce en France un manque de moyens et un manque de soutien aux soignants. «Il y a un non-respect de la loi de 1999 qui stipule le droit aux soins palliatifs. Sur cette question, l’État est fautif, l’État est coupable. Il doit rattraper son retard.»
Quant à une éventuelle solution de compromis pour éviter le mal de l’euthanasie dans le contexte du débat politique en Italie, évoquée dernièrement par les dirigeants de l’Académie pour la vie, Mgr d’Ornellas apporte sa vision : «Moi je ne fais pas de politique, je fais de l’éthique. Il n’y a pas de compromis possible. Le mal c’est le mal. On ne peut pas choisir un mal pour éviter un mal. »
En début d’année 2022, alors que l’Italie initiait des débats sur une légalisation de l’euthanasie, les responsables de l’Académie pontificale pour la vie avaient envisagé de pouvoir accepter une loi «imparfaite» qui encadrerait le suicide assisté afin de «prévenir des dérives encore pires». (cath.ch/imedia/ak/mp)
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