La Famille Lefèvre: une aventure de musique et de foi

En marge de leur premier concert en Suisse, le chœur Famille Lefèvre – Prix 2020 de La France a un incroyable talent – a accordé à cath.ch une interview à trois voix: Anne et Gabriel, les parents, et Blanche qui vient de débuter à Lausanne la Haute École de Musique (HEMU).

La Famille Lefèvre, c’est qui?
Blanche: Nous sommes une famille de deux parents et six enfants âgés de 24 à 10 ans. Nous sommes dans la musique depuis toujours, mais nous chantons tous ensemble depuis 2017. Le projet est né à l’abbaye de Lagrasse [en région Occitanie, ndlr.]: nous animions les estivales, c’est-à-dire les visites de l’abbaye avec les chanoines. Petit à petit, nous avons fait des concerts en France. Ensuite, l’aventure «incroyable talent» est arrivée, et depuis, nous faisons des concerts, un CD, un livre.

Qui a eu l’idée de constituer ce projet familial?
Gabriel: Ce n’était pas un projet. C’est une réalité, mais nous n’avions pas calculé de faire quelque chose. Cela c’est fait de façon naturelle.

Professionnellement, vous étiez déjà dans la musique…
Anne: Oui. Pour ma part, j’ai fait des études de musique et j’ai toujours travaillé dans la musique. Nous avons toujours chanté de façon semi-professionnelle. Et nos enfants ont suivis derrière. Nous les avons inscrit dans des maîtrises.
Gabriel: Anne et moi avons toujours chanté, depuis que nous nous connaissons. Nous emmenions nos enfants partout avec nous. Ils ont grandi dans cet univers-là.

Le chant particulièrement ou la musique en général?
Gabriel: Le chant pour nous, essentiellement. Ensuite, ils ont été au conservatoire, avec instrument également.
Blanche: J’ai pratiqué du violon pendant huit ans au conservatoire de Versailles. Je me suis lancée dans le chant à l’âge de quinze ans.
Anne: Et les autres enfants également: Emmanuel a fait de la flûte à bec, Colombe fait du violon et Raphaël fait du piano.

La Famille Lefèvre à la chapelle des dominicains de l’Abertinum à Fribourg | © Grégory Roth

Vous chantez principalement des œuvres de chant sacré. Quelle place a la foi dans votre vie?
Gabriel: Nous sommes effectivement catholiques et la foi tient une grande place dans notre vie. Mais nous chantons de la musique sacrée, parce que nous en avons toujours beaucoup pratiqué pour l’animation liturgique, dans divers ensembles. Anne et moi avons fait des concerts. Mais chez nous également, à la prière en famille, chaque jour, nous nous sommes mis à chanter, à une voix, deux voix, trois voix, puis quatre voix. C’est un langage qui nous est assez habituel et simple. Et cela s’est traduit par les récitals et, petit à petit, par des concerts.

«Nous avons la chance de vivre dans une ville riche au niveau musical»

Anne Lefèvre

Vous alliez depuis toujours vie de foi et de musique; éducation catholique et musicale?
Anne: Dans l’éducation que nous donnons à nos enfants, il y a l’école, bien sûr, et à côté de cela il y a la musique: un inconditionnel. Nous avons la chance de vivre dans une ville, Versailles, où nous sommes riches au niveau musical, au niveau de la paroisse, avec la maîtrise de Notre-Dame de Versailles. Nous y avons beaucoup appris. Et au conservatoire également.

Pourriez-vous vivre uniquement des concerts de La Famille Lefèvre?
Gabriel: Nous pourrions le faire, parce que nous sommes assez sollicités. Mais nous souhaitons continuer à avoir une vie de famille normale. Nous gérons les demandes afin d’avoir un rythme qui permette aussi aux enfants d’avoir une vie, une jeunesse et des activités normales.
Blanche: Si nous ne faisions que des concerts, nous n’aurions plus le temps de faire des études. C’est un peu risqué: si un jour cela s’arrêtait, nous n’aurions rien d’autre. Après, Gaël et moi – les deux ainés –, nous faisons des études de musique. Nous sommes en train d’en faire notre métier, mais de notre côté, avec nos propres projets. Gaël est à Paris et moi à Lausanne.

Les autres enfants se destinent à la musique?
Blanche: Clément, à côté du conservatoire, fait des études de sport, pour devenir prof de sport ou kinésithérapeute.
Gabriel: Les enfants se débrouillent assez bien en musique et en sport.
Blanche: Colombe fait de l’équitation également. Et Gaël est fan des paysages marins et des poissons.

De la paroisse à la télévision. Comment avez-vous vécu ce passage dans le monde du showbiz?
Anne: Le contact a été très bon. C’est un milieu qui nous est relativement familier, de part le monde professionnel dans lequel nous vivons, nous côtoyons beaucoup ces gens-là, nous sommes assez ouverts.
Blanche: Comme papa travaille dans l’événementiel, nous avons régulièrement croisé le monde artistique, mais pas le monde de la télé, que nous ne regardions jamais. Pour moi, c’était nouveau et j’ai été agréablement surprise de l’ambiance et des gens tous très sympas. Nous pouvons parler de tout, parler de notre foi, témoigner. Et le showbiz, c’est un peu le truc en plus…
Gabriel: Oui, nous avons traversé ce monde rapidement, en étant ensemble, avec une cohésion de famille forte. C’est vrai qu’il y a un effet télé, un effet paillettes, un peu vertigineux, dans lequel il est bon de pénétrer et de circuler avec prudence pour éviter de prendre la grosse tête. C’est aussi pour cela que nous essayons de garder un rythme du monde réel.

«La musique est une expression de la beauté. Nous essayons d’être au service de cette beauté.»

Gabriel Lefèvre

Pourrait-on parler d’une sorte de «success story» catholique?
Gabriel: Nous essayons de servir la musique que nous faisons. Pour nous, c’est une expression de la beauté. Donc nous essayons d’être au service de la beauté. Aussi dans notre attitude, cela nous paraissait incohérent si nous commencions à nous occuper de nous au lieu de rester au service de cette beauté.

Le meilleur souvenir de cette aventure?
Gabriel: Pour moi, c’était à la demi-finale de La France a un incroyable talent: Lorsque nous avons pris conscience de ce qui se passait. Et pour nous c’était inattendu à ce niveau-là.
Anne: Et notre rencontre avec le pape François en février 2022 fut incroyable.

Qu’est-ce qui vous aide à avancer aujourd’hui?
Anne: La foi est très présente chez nous, c’est vrai. Avec le quotidien, la vie de famille, les enfants, mais aussi l’abandon, la providence, la confiance.
Gabriel: Nous prions beaucoup en famille. Ce sont des prières simples. Nous demandons au Bon Dieu de faire ce qu’Il souhaite de nos vies et nous essayons d’y répondre avec prudence et discernement.

Combien faites-vous de concerts par année?
Gabriel: Une vingtaine en moyenne.
Blanche: Il y a des moments de tournée, où nous allons en faire quatre ou cinq en une semaine. Chaque mois, nous avons au moins un week-end de concert.

Comment faites-vous en ce qui concerne le cachet de vos prestations?
Gabriel: Nous sommes alignés sur les us et coutumes du métier. Nous essayons d’avoir une logique, pour ne pas fonctionner à la tête des personnes que nous avons en face. Mais nous faisons en sorte que cela ne soit pas un frein pour les gens qui nous sollicitent. Donc nous essayons un certain nombre des fois dans l’année de donner nos voix et de nous engager derrière telle initiative ou telle cause. C’est important pour nous de garder cet aspect de l’engagement, outre le fait que nous animons aussi beaucoup les liturgies le dimanche à Versailles.

«Rien que le fait de pouvoir chanter en famille et d’être fidèle à cela, c’est une façon de rendre grâce à Dieu»

Blanche Lefèvre

Comment cela passe avec vos études en Suisse, Blanche?
Blanche: Je suis arrivée en septembre 2022 et je suis très heureuse à Lausanne. Pour l’instant, c’est que du bonheur. Et à la Haute école, ça va bien. Je suis dans un foyer catholique, avec une très bonne ambiance. Et je suis déjà rentrée deux fois, donc je ne me suis pas sentie trop éloignée de la famille.

Vous gérez tout vous-mêmes: la communication, l’image, etc…
Gabriel: Depuis que nous avons gagné «incroyable talent», nous avons signé avec Universal music, qui ont enregistré et produit un album CD avec nous. Nous avons écrit un livre aussi, aux éditions Plon. En revanche, pour la tournée, c’est nous qui sommes aux manettes pour nous permettre d’avoir un rythme raisonnable.

Vous estimez-vous chanceux de ce qui vous arrive?
Blanche: Nous avons reçu un don et la grâce pour vivre cette aventure-là. Mais pour nous, rien que le fait de pouvoir chanter en famille et d’être fidèle à cela, c’est une façon de rendre grâce à Dieu. (cath.ch/gr)

Grégory Roth

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