Après avoir fait un bain de foule en papamobile sur la place Saint-Pierre au milieu des drapeaux de tous pays, le pape a adressé à cette communauté très implantée en Italie un long discours, leur demandant de ne pas gâcher leur «temps précieux en commérages, en méfiances et en oppositions». «Ne laissez pas votre fraternité blessée par les divisions et par les oppositions, qui font le jeu du Malin», a-t-il insisté.
L’évêque de Rome a reconnu que «les périodes de transition ne sont pas du tout faciles, quand le père fondateur n’est plus physiquement présent». Évoquant les «sérieux problèmes» et même «un appauvrissement» du mouvement, il leur a assuré: «L’Église, et moi-même, espérons plus, beaucoup plus».
Deux ans après la mise sous tutelle des Memores Domini – branche de consacrées au sein de Communion et Libération – le pontife a demandé au mouvement de suivre les indications du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie. «Sans autorité, a-t-il mis en garde, on risque de s’égarer, d’aller dans une mauvaise direction». Toutefois, «sans le charisme, le chemin risque de devenir ennuyeux», a-t-il souligné.
Le charisme ne doit pas changer, mais «être accueilli d’une façon nouvelle», a alors précisé le pape. Il existe en effet «des façons de le vivre qui peuvent constituer un obstacle et même une trahison». Il a fait observer aux membres de Communion et Libération que les temps de crise permettaient un «discernement critique de ce qui a limité la potentialité féconde du charisme».
Le pape a exprimé sa «gratitude personnelle» pour le bien qu’il a retiré de la méditation des livres de don Giussani, dont il a salué le «génie pédagogique et théologique». Il s’est arrêté spécialement sur le grand charisme du fondateur qui «avait compris – non seulement avec sa tête mais aussi avec son cœur – que le Christ est le centre unificateur de toute la réalité, la réponse à toutes les interrogations humaines, la réalisation de tous les désirs de bonheur».
Enfin, appelant aussi à refuser le repli sur soi, le pape François les a exhortés à agir pour la paix, dans un monde toujours plus violent et guerrier. «Vraiment, je le dis: cela me fait peur», a-t-il répété.
Présent dans 90 pays avec quelque 100’000 membres, Communion et Libération est notamment connu en Italie pour son grand meeting international annuel de Rimini auquel participent de grandes personnalités du monde politique, économique et culturel.
Ces dernières années, le mouvement fait face à des tensions. En juillet 2020, le dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie, a nommé un délégué pontifical auprès des Memores domini, pointant du doigt une absence de réforme des statuts et de «certaines règles» de la communauté, malgré les mises en garde du Saint-Siège. (cath.ch/imedia/ak/rz)
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