Le pape François a rencontré les aumôniers d'écoles du canton de Vaud

Le pape François a rencontré, le 7 octobre 2022, une délégation des aumôneries œcuméniques des gymnases et hautes-écoles du canton de Vaud. «En se mettant à l’écoute des jeunes, les aumôniers renouvellent l’expérience des disciples d’Emmaüs», a-t-il affirmé.

«Un travail exigeant mais qui donne certainement beaucoup à ceux qui le vivent avec une forte motivation et avec une âme généreuse.» C’est en ces termes que le pape François a décrit la mission des aumôniers catholiques et protestants des gymnases et hautes-écoles vaudoises venus le rencontrer au Vatican, rapporte Vatican News.

La délégation a présenté certains aspects de la réalité des jeunes et de leur expérience auprès d’eux. Les participants ont notamment évoqué la prière, qui leur donne «l’élan intérieur» nécessaire à un travail qui absorbe «beaucoup d’énergies» et «peut épuiser l’esprit s’il n’y a pas la «sève» du Seigneur qui le recharge».

«Portez les larmes et les rêves des jeunes dans la prière»

Le pape a félicité ces aumôniers francophones de ne pas se contenter des choses […] lues dans les livres mais de privilégier la présence auprès des jeunes, leur accompagnement , leur écoute. Il a recommandé de porter leurs larmes et leurs rêves dans la prière.

L’expérience des disciples d’Emmaüs se renouvelle

Revenant sur le synode sur les jeunes d’octobre 2018, le pape François a estimé que ces aumôniers peuvent écrire de nouvelles pages de l’exhortation apostolique post-synodale Christus vivit.

«Chaque fois que l’un de vous côtoie deux ou trois jeunes en chemin, qu’il les écoute, écoute les déceptions, les échecs, les doutes qu’ils portent en eux, puis leur parle de Jésus-Christ, en réveillant dans leurs cœurs l’espérance, quelque chose de l’expérience des disciples d’Emmaüs se renouvelle. Cela ne dépend pas de votre bravoure: c’est le Christ vivant qui passe, c’est son Esprit qui agit; mais il est important que vous y soyez, votre présence auprès d’eux est nécessaire».

Le pontife a également salué le caractère œcuménique de la délégation et des aumôneries. «Vous êtes catholiques et protestants et vous travaillez ensemble. Il fut un temps où nous nous brûlions! Cela est bon, donne un bon témoignage, et peut aider l’Église à grandir vers une unité toujours plus pleine, plus conforme à la volonté du Christ Seigneur. Je vous encourage à aller de l’avant sur cette voie».

La délégation a également remis au pape le livre Jeunes explorateurs de la foi publié à partir d’une série de portraits de jeunes réalisée par cath.ch et paru aux éditions Saint Augustin en 2022.

Les jeunes sont une voix prophétique

Roberto De Col, responsable de la pastorale des jeunes du canton de Vaud (PASAJ), et membre de la délégation, a apprécié la disponibilité du pape. «Après la partie protocolaire, il a fait éteindre les caméras et nous a parlé de manière spontanée en italien. Nous lui avons demandé comment redonner de l’espérance aux jeunes durement frappés par les diverses crises, au point d’interrompre leurs études et parfois même de s’ôter la vie. Il a répondu sur la nécessité de s’enraciner dans la foi et dans la prière.»

«Les jeunes sont une voix prophétique et font avancer les solutions, mais sans enracinement, notamment auprès des personnes âgées, ils resteront muets.» Le pape a également insisté sur l’importance d’offrir à tous et pour tous le message de l’Évangile qui dépasse les structures. Seule une attitude authentique peut permettre d’y parvenir. (cath.ch/newsva/imedia/mp)

Discours introductif de Roberto De Col, responsable de la pastorale de la jeunesse du canton de Vaud
Cher Saint-Père,
Nous sommes une délégation d’aumôniers catholiques et protestants qui accompagnons des jeunes dans les établissements de formation du post-obligatoire de la région francophone de la Suisse (lycées, écoles professionnelles, hautes écoles). Plus précisément, sont ici présents, des aumôniers de lycées, d’écoles d’infirmier-ère, d’école d’ingénieurs, et de l’école hôtelière de Lausanne.
Nous nous inscrivons ainsi dans ce qui fait une des particularités intéressantes de notre canton, les services exercés en commun, appelés MICO, c’est-à-dire que l’Eglise catholique et l’Eglise réformée travaillent ensemble, pour accompagner les personnes dans les institutions publiques, tels qu’hôpitaux, prisons, rue, centre pour les réfugiés, etc.
En côtoyant les jeunes, nous sommes confrontés au quotidien à leurs réalités, notamment leurs difficultés multiples! Quête d’identité, rupture familiale, mise sous stress, difficulté à s’insérer dans une société de plus en plus exigeante (performante) alors que les cadres et les valeurs sont de plus en plus floues. Ce qui est probablement le plus interloquant pour nous, c’est la perte de sens, voire la perte d’espoir (voire d’Espérance) en l’avenir, que certains jeunes sont en train de vivre!
En effet, la crise sanitaire, climatique, et le retour de la guerre en Europe mettent à très rude épreuve le moral des jeunes. Certains ne voient plus le sens de se former, de faire des enfants, voire de vivre ! Le suicide des jeunes est malheureusement une réalité à laquelle nous devons trop souvent faire face ! Comment est-ce possible dans une société soi-disant « prospère » comme la nôtre? Comment redonner de l’Espérance à ces jeunes, et les aider à comprendre que la vie est sacrée et un don d’une valeur inestimable ?
Un autre point qui nous préoccupe, est la tendance de certains jeunes, mais pas seulement … aux replis identitaires. Comme la société peine à donner des repères clairs, il y a une forme de « radicalisation » de certains mouvements de jeunes, auxquels certains jeunes croyants ne semblent pas épargnés! Nous sommes convaincus que l’ouverture et l’accueil inconditionnel de l’autre est une condition indispensable à la construction d’un futur et d’une société avec plus de justice sociale et climatique! Quelles attitudes à adopter face à ce repli identitaire?
Un autre point qui nous interpelle est le besoin grandissant des jeunes pour plus d’égalité (entre les hommes et les femmes) , d’inclusivité, et moins de hiérarchie! Comment montrer la beauté et les richesses de notre Église, alors qu’elle semble en total décalage avec ces aspirations profondes chez les jeunes générations?
Cher Saint-Père, bien sûr que nous côtoyons également des jeunes qui vont bien, qui s’engagent pour leurs prochains, qui sont sensibles aux questions solidaires, et qui gardent la foi! Ces jeunes, nous les accompagnons également, et les aidons à mettre leurs dons et charismes au service des autres. Mais ce sont évidemment pour l’accompagnement des autres catégories de jeunes que vos précieux conseils peuvent nous aider à accomplir notre mission ! En vous remerciant encore pour le temps que vous nous accordez.
Roberto De Col

Salutation du pape François aux aumôniers des écoles post-obligatoire du canton de Vaud
Vendredi 7 octobre 2022
Cher frère, chers frères et sœurs,
Merci de m’avoir fait découvrir votre expérience de service aux côtés de jeunes étudiants. Un métier exigeant, mais qui apporte certainement beaucoup à ceux qui le vivent avec une forte motivation et une âme généreuse.
Je remercie votre «porte-parole» pour sa présentation – très claire, même vos dernières questions -, qui a mis en lumière certains aspects de la réalité des jeunes. C’est précieux car ce ne sont pas des choses que vous avez lues dans les livres : c’est le fruit de votre présence auprès des jeunes, les accompagnant, les écoutant… Et aussi les amenant devant le Seigneur, dans la prière. C’est là, dans le silence, que ressurgissent les visages, les histoires, les sourires et les larmes, les rêves… Et c’est là aussi que vous retrouvez l’élan intérieur, car un métier comme le votre absorbe beaucoup de l’énergie et peut épuiser l’esprit s’il n’y a pas la « sève » du Seigneur qui le recharge.
J’aime voir votre travail en arrière-plan du Synode pour et avec les jeunes, que nous avons vécu il y a quatre ans. Même ce synode ne s’est pas terminé par un beau document final, mais il a été le moment culminant d’un cheminement ecclésial qui précède et suit l’assemblée. Et je dirais qu’en étant proche des jeunes, vous pouvez vous aussi, en un certain sens, écrire de nouvelles pages de la Lettre issue de ce Synode : l’Exhortation apostolique Christus vivit (25 mars 2019).
Chaque fois que l’un de vous rejoint deux ou trois jeunes en chemin, il les écoute, écoute les déceptions, les échecs, les doutes qu’ils portent en eux, puis leur parle de Jésus-Christ, éveillant l’espoir dans leur cœur, là il est renouvelé quelque chose de l’expérience des disciples d’Emmaüs. Cela ne dépend pas de votre habileté : c’est le Christ vivant qui passe, c’est son Esprit qui agit ; mais il est important que vous soyez là, votre présence à côté d’eux est nécessaire. Soyez là, accompagnez-les.
Et un autre aspect qui mérite d’être souligné est l’aspect œcuménique : vous êtes catholiques et protestants et vous travaillez ensemble. Nous avions l’habitude de nous brûler ! Maintenant, c’est agréable de travailler ensemble, c’est agréable de travailler en collaboration. Et cela est bon, donne un bon témoignage et peut aider l’Église à grandir vers une unité toujours plus pleine, plus conforme à la volonté du Christ Seigneur. Je vous encourage à continuer dans cette voie.
Chers frères et sœurs, je vous remercie encore pour votre visite. Je vous souhaite tout le meilleur dans votre travail. Je vous bénis cordialement, ainsi que vos collègues et vos familles. Et je vous demande de bien vouloir prier pour moi.

Maurice Page

Portail catholique suisse

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