avec kath.ch et I.MEDIA
Sœur Thérèse se réjouit de faire la route de Neuchâtel à Rome, avec quelques autres personnes, pour la canonisation de «son» saint. La Congolaise était déjà dans la Ville éternelle pour la béatification de Scalabrini, en 2002, explique-t-elle à cath.ch. Entrée chez les sœurs missionnaires de Saint-Charles Borromée, la branche féminine des scalabriens, dans les années 1990, elle ne pouvait manquer la consécration d’une des principales figures qui ont inspiré sa foi et sa vocation.
Originaire de Côme, au nord de l’Italie, Giovanni Battista Scalabrini est devenu évêque de Plaisance alors qu’il n’avait que 36 ans. Il a servi avec passion son diocèse, et spécialement les plus pauvres. Il a été particulièrement touché par les vagues d’émigrations italiennes vers l’Amérique. Pour venir en aide aux plus démunis, il a fondé en 1887 la Congrégation des missionnaires de Saint-Charles, puis en 1895 la branche féminine, la Congrégation des Sœurs missionnaires de Saint-Charles Borromée. Présentes aujourd’hui dans le monde entier, ces deux congrégations viennent en aide aux personnes migrantes.
Sœur Mwamba, arrivée à Neuchâtel en 2019 avec une autre consoeur aujourd’hui décédée, a mis en pratique dans plusieurs endroits du monde le charisme de l’évêque italien. Née au sud de la République démocratique du Congo (RDC), elle a fait ses études à Rome et a notamment travaillé auprès des migrants en Italie et en France.
Sœur Thérèse sait ce qu’est la migration. Elle a vécu ce déchirement dans sa propre chair. Une première fois dans son enfance, lorsqu’elle a été chassée avec sa famille de sa région natale dans un conflit ethnique. Suite à cela, de nombreux membres de sa famille ont tenté l’émigration. Certains y ont laissé leur vie. En rencontrant des religieuses et religieux scalabriens à Rome, elle a compris que sa place était auprès de ces personnes blessées et déracinées.
La religieuse s’est toujours sentie accompagnée dans sa mission par la figure de Scalabrini. «Je pense que Dieu m’a transmis le don de me sentir très proche des migrants, de pouvoir être à leur écoute et empathique». L’évêque italien mérite amplement, selon elle, de voir sa sainteté reconnue. «Il a commencé à se soucier des migrants alors que ce phénomène, à la fin du 19e siècle, n’était pas considéré comme important. Beaucoup pensaient que ce ne serait que passager». Mais plus de cent ans après son engagement, force est de constater que ces questions sont plus que jamais d’actualité. «C’était réellement un précurseur, souligne Sœur Thérèse. Et on l’appelle avec raison ‘le père des migrants’. Il a rendu visible le drame de la migration dans l’Eglise, mais aussi dans la société. Car il a toujours également incité les chrétiens à agir sur le plan politique».
Les Neuchâtelois ne seront pas les seul à se rendre à Rome pour la canonisation. Des groupes de Berne et de Bâle seront notamment sur place le 9 octobre. Depuis les années 1960 déjà, les missionnaires Scalabrini ne sont plus seulement actifs dans la pastorale des migrants italiens, mais soutiennent également des personnes d’origines diverses – même d’autres communautés religieuses.
Giovanni Battista Scalabrini était une personnalité importante, affirme à kath.ch Carlo De Stasio (61 ans), chargé de la pastorale des migrants au vicariat général de Zurich/Glaris. «Il a donné toute sa vie aux migrantes et aux migrants». Il remarque que le futur saint est très important pour l’Eglise en Suisse, car la congrégation de ses missionnaires s’est occupée de nombreuses missions de langue italienne. Ce qu’ils font encore aujourd’hui, même si certaines missions ont fermé.
«Dans notre pastorale, nous essayons d’exprimer le charisme de Scalabrini, assure le Père De Stasio. Au centre, il y a son estime pour les migrants et sa vision positive du phénomène de la migration». Le prélat décédé au début du 20e siècle pensait que les migrants reliaient les cultures. Il s’efforçait de leur donner la possibilité de s’investir dans leur nouvelle patrie avec leurs traditions et leurs talents.
Pour les fidèles qui ne peuvent pas se rendre à la canonisation de Giovanni Battista Scalabrini à Rome, une messe aura lieu le samedi 19 novembre à 18h30 dans la cathédrale de Soleure. Le célébrant principal sera l’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür. (cath.ch/kath/bal/rz)
Le pape François prolonge l’héritage de Scalabrini
Sœur Lina Guzzo est religieuse depuis 57 ans dans la congrégation des sœurs missionnaires de Saint-Charles Borromée qui compte 500 sœurs présentes dans 27 pays, sur tous les continents. Vice-postulatrice de la cause en béatification de Mgr Scalabrini, elle s’occupe des migrants en Sicile, après avoir accompagné des migrants en Suisse, en Allemagne, en Italie et en Albanie. Elle explique à l’agence I.MEDIA comment celui qui va devenir saint inspire le pape François et l’Église aujourd’hui.
Diriez-vous que le pape François prolonge l’héritage du bienheureux Scalabrini?
Lina Guzzo: La devise de Mgr Scalabrini était d’apporter aux migrants le sourire de la patrie et le réconfort de la foi. Le pape François ne le dit pas en ces termes mais applique ces mêmes concepts en toute chose. Par exemple, on peut voir cet esprit dans son appréhension et son inquiétude face à la terreur de la guerre. Il ne fait que penser à tous les pauvres qui doivent fuir ou qui meurent.
En 1880, Mgr Scalabrini fut frappé lorsqu’il vit dans la gare de Milan un groupe d’émigrants pauvres prêts à partir pour les Amériques. Le pape François est entré dans l’histoire lorsque, le 8 juillet 2013, au cours de la première année de son pontificat, il s’est rendu dans le port de Lampedusa pour rendre visite aux migrants. Dans cet événement, j’ai vu et ressenti très fortement la figure de Mgr Scalabrini à la gare de Milan, qui a vu ces pauvres gens et s’est dit: «Qui les défendra? Qui va les aider? Qui, surtout, les aidera à garder la foi?»
Comment votre congrégation vit-elle ce moment particulier?
Nous voulons et nous sentons que la canonisation sera un grand moment pour l’Église et un grand élan pour nous, pour nous inciter à être plus fidèles à notre charisme. Nous pensons que ce moment peut aussi être une invitation, surtout pour les jeunes, à considérer une vocation à la vie religieuse, à considérer le don total de sa vie à Dieu pour se mettre au service de l’humanité souffrante. IMEDIA/IC
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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