Burkina Faso: transition pacifique grâce aux chefs religieux

Suite à un coup d’État, survenu le 30 septembre 2022, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, au pouvoir depuis janvier 2022 au Burkina Faso, a accepté de quitter le pays après la médiation des chefs religieux.

«Il n’y a pas de communiqués officiels, mais on sait désormais, grâce aux grands médias et aux médias sociaux, que le 2 octobre, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, chef de l’ancienne junte militaire, a accepté de quitter le pays et se trouve actuellement au Togo», indique des sources de l’agence Fides. Paul-Henri Sandaogo Damiba a été destitué par un groupe de militaires avec, à leur tête, le capitaine Ibrahim Traoré.

Le lieutenant-colonel déchu a accepté de démissionner après plusieurs heures de pourparlers avec les chefs religieux et coutumiers du Burkina Faso, précise sur son site La Croix Africa. Les responsables religieux et coutumiers de ce pays d’Afrique de l’Ouest réunis au sein des Faitières des communautés religieuses et coutumières ont publié, le 2 octobre, un communiqué rendant compte de leur médiation.

«Notre cher pays le Burkina Faso vit des moments d’incertitudes, y écrivent-ils. En ces moments difficiles où il y a un risque d’escalades aux conséquences dramatiques, les communautés religieuses et coutumières ont été amenées à effectuer une médiation entre les belligérants».

Cette influente Faitière des communautés religieuses du Burkina Faso regroupe les Églises catholique, protestante et évangélique, la communauté musulmane et le représentant du Moro-Naba – titre du roi du royaume Moss. Le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou, a représenté l’Église catholique au cours de ces pourparlers avec les deux putschistes.

Le visage de la nouvelle junte militaire est apparu à la télévision d’Etat dans la soirée du 30 septembre. Il s’agit du capitaine Ibrahim Traoré. Dans son discours devant une trentaine de secrétaires généraux de ministères, le capitaine Traoré a présenté ses excuses pour les soldats qui ont «bouleversé Ouagadougou».

«Cela s’est produit parce que certaines choses ne fonctionnent pas bien. Nous avons été obligés d’agir rapidement pour changer les choses, parce que tout le pays est dans une situation d’urgence», a justifié le nouvel homme fort du pays, faisant référence à la violence djihadiste qui touche de grandes parties du pays.

Paul Henri Sandaogo Damiba avait renversé le gouvernement démocratiquement élu dirigé par le président Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022. Il accusait le président de ne pas être en mesure de lutter efficacement contre les djihadistes. Mais la violence djihadiste, en recrudescence depuis 2015, à l’origine de la mort de milliers de personnes, a contraint deux millions d’entre elles à fuir leur foyer. (cath.ch/fides/lcx-Africa/bh)

Bernard Hallet

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