Bien qu’ayant des liens canoniques avec le Patriarcat de Moscou, cette Eglise qui cherche davantage d’indépendance face à Moscou et a fermement condamné l’invasion de l’Ukraine, condamne les tentatives de faire sécession et de se rallier au Patriarcat œcuménique de Constantinople. «Le mouvement de l’Église orthodoxe de Lituanie vers une plus grande autonomie doit être conforme aux canons de l’Eglise», insiste le métropolite de Vilnius et de Lituanie.
L’Église orthodoxe lituanienne a vivement critiqué la récente rencontre du vice-ministre des affaires étrangères, Mantas Adomenas, avec le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, la qualifiant d’«action menée dans son dos».
Selon un communiqué de presse publié par l’Église, de telles actions de la part des autorités lituaniennes, qui poussent les orthodoxes lituaniens à rallier le Patriarcat œcuménique de Constantinople, sont «inquiétantes et regrettables», d’autant plus que le public n’est pas informé des démarches et des objectifs des autorités, indique le communiqué.
Le vice-ministre Adomenas a assisté à la réunion, qui s’est tenue le 19 septembre 2022 au Phanar, siège du Patriarcat œcuménique à Istanbul, en compagnie de Galina Vascenkaite, conseillère du Premier ministre lituanien, et de l’ambassadeur de Lituanie à Ankara, Ricardas Degutis. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré à l’agence Baltic News Service (BNS) que la délégation et Bartholomée Ier, patriarche œcuménique de Constantinople, avaient abordé les «questions liées aux activités de l’Église orthodoxe en Lituanie, aux droits des croyants et aux réalités politiques de la région».
Le métropolite Innokentiy a rappelé à plusieurs reprises que la Lituanie n’était pas la Russie et qu’il ne partageait pas ses prises de position politiques à propos de la guerre en Ukraine, «qui sont ses vues personnelles».
«Bien que nous soyons une minorité, avec un peu plus de 3’000 paroissiens actifs dans toute la Lituanie, les chrétiens orthodoxes font partie intégrante de la société, sont citoyens de leur pays, qui pratiquent librement leur religion», a-t-il insisté, rappelant que son Église a soutenu le peuple lituanien lorsqu’il a défendu l’indépendance du pays. Plus de 60 prêtres de l’Église orthodoxe lituanienne ont critiqué trois de leurs confrères – Vitalijus Mockus, Gintaras Jurgis Sungaila et Vitalis Dauparas – qui ont été sanctionnés par leur hiérarchie pour vouloir que l’Église orthodoxe lituanienne quitte le Patriarcat de Moscou et passe sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople.
Au printemps, la Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte avait écrit à Bartholomée Ier pour soutenir la demande de certains membres du clergé orthodoxe lituanien de se détacher de la juridiction de Moscou et de se rattacher canoniquement à Constantinople.
Comme l’a signalé le site baltictimes.com, dans sa lettre au patriarche Bartholomée, Ingrida Simonyte avait confirmé être prête à discuter du rôle éventuel du gouvernement dans le rétablissement des activités de «l’Eglise mère» (Constantinople, ndlr) en Lituanie. Ingrida Simonyte dirige cependant un Etat laïc, dans lequel la religion catholique demeure une composante essentielle de la société. Elle a concédé par la suite qu’il appartenait aux communautés religieuses et à elles seules de prendre les décisions qui les concernent, sans ingérence du gouvernement. (cath.ch/bns/baltictimes/be)
Jacques Berset
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