Syrie: 97 morts dans le naufrage d’un bateau libanais chargé de réfugiés

Le bilan provisoire du naufrage au large de la ville portuaire syrienne de Tartous d’une embarcation libanaise partie jeudi 22 septembre 2022 du Nord du Liban avec près de 150 migrants clandestins à bord fait était de 97 victimes.

Selon les informations publiées le 25 septembre 2022 par les autorités syriennes, deux nouveaux corps ont été retrouvés sur les îles Habash, près de l’île d’Arwad, mais on craint que de nombreuses personnes portées disparues se soient noyées.

Les victimes fuyaient la misère

Les personnes à bord, fuyant la misère – la pauvreté affecte désormais les trois-quarts de la population totale du Liban, selon la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (Cesao) – étaient pour la plupart libanaises, syriennes et palestiniennes. Parmi les victimes, on compte des enfants et des personnes âgées.

L’armée libanaise a annoncé samedi avoir arrêté un passeur présumé qui aurait organisé ce périple mortel, le plus meurtrier depuis que le début du récent phénomène d’émigration illégale en partance du Liban. Les investigations se poursuivent pour arrêter le reste des personnes impliquées, a fait savoir l’armée.

Peu d’espoir de retrouver des rescapés

Joint par le quotidien libanais francophone L’Orient-Le Jour, le bureau de presse du ministre libanais sortant des Travaux et des Transports publics, Ali Hamiyé, a affirmé que le bilan est toujours provisoire et continue d’augmenter, soulignant que «les opérations de recherche se poursuivent bien qu’il y ait peu d’espoir de retrouver des rescapés». Les familles des victimes continuent d’enterrer leurs proches rapatriés au Liban.

Le nombre de personnes qui entreprennent des voyages périlleux depuis le Liban à travers la Méditerranée vers l’Europe a plus que doublé en 2022, pour la deuxième année consécutive, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Tripoli, plaque tournante de l’immigration illégale

De nombreux migrants libanais sont originaires du Nord, notamment de la ville de Tripoli, devenue une plaque tournante de l’immigration illégale en Méditerranée. Selon le HCR, la principale raison pour laquelle les migrants tentent la dangereuse traversée maritime est «l’incapacité de survivre au Liban en raison de la détérioration de la situation économique».

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés Filippo Grandi a déploré vendredi «une nouvelle tragédie déchirante», appelant la communauté internationale à venir en aide pour améliorer les conditions des personnes forcées de fuir leur pays, ainsi que celles des communautés qui les accueillent.

Le Liban s’enfonce toujours davantage dans la crise

Chypre est devenue la destination principale des bateaux de passeurs en lieu et place de l’Italie. Depuis le début 2019, le Liban s’enfonce toujours davantage dans une sévère crise économique, financière et politique. Le pays du Cèdre devient de ce fait de plus en plus un point de départ d’embarcations illégales de migrants. Selon l’ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1’500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer, entre janvier et novembre 2021.

L’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, s’est dit vendredi «profondément attristé par le nombre de morts sur le bateau qui a coulé au large des côtes syriennes en provenance du Liban», et a estimé que la tragédie de jeudi 22 septembre et celles qui l’ont précédée «sont des rappels brutaux qu’une action collective est nécessaire de toute urgence pour empêcher les familles de mourir en mer». (cath.ch/orj/sana/be)

Jacques Berset

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