Au terme de la rencontre, le pontife argentin a signé un Pacte avec les jeunes venus de près de 120 pays, dans lequel ils s’engagent à faire des sacrifices, pour que l’économie d’aujourd’hui et de demain devienne une économie régénérée par la Parole de Dieu. Réunis du 22 au 24 septembre dans la ville ombrienne, les jeunes se sont inspirés des valeurs indiquées dans les encycliques du pape François Laudato si’ et Fratelli tutti.
«Une société et une économie sans jeunes sont tristes, pessimistes, cyniques», leur a lancé le pape. Sous leurs ovations, François a invité le millier de jeunes présents dans l’amphithéâtre du Lyric Theater à «mettre le bazar» pour permettre un changement de paradigme économique.
«J’ai attendu ce moment pendant plus de trois ans», a confié le pape, rappelant la lettre qu’il leur avait alors écrite, dans laquelle il leur avait demandé de réfléchir à l’économie de demain pour lui donner «une âme». Il s’est réjoui de voir qu’ils avaient depuis réussi à former une communauté mondiale de jeunes partageant la même vocation: «espérer changer un système énorme et complexe comme l’économie mondiale».
«Notre génération vous a légué de nombreuses richesses, mais nous n’avons pas su préserver la planète et nous ne préservons pas la paix», s’est désolé le pape après avoir écouté plusieurs témoignages de jeunes venus du monde entier. Il les a enjoints à être des artisans de la maison commune «en ruine» afin de «transformer une économie qui tue en économie de la vie». Et s’est exclamé: «Je compte sur vous!»
Dans son discours, le pontife a donné trois conseils tirés de la vie de saint François d’Assise aux jeunes venus de tous horizons. Le premier est de «regarder le monde à travers les yeux des pauvres» et des plus faibles. «Tant que notre système produira des déchets et que nous fonctionnerons selon ce système, nous serons complices d’une économie qui tue», a-t-il insisté. Il a invité à faire en sorte que ceux qui sont rejetés par la société soient les moteurs du changement d’économie, parce que «sans valoriser les pauvres, on ne combat pas la misère».
«N’oubliez pas le travail, n’oubliez pas les travailleurs», a-t-il donné ensuite comme second conseil, leur demandant de créer du travail, «du bon travail, du travail pour tous». Le pontife a mis en avant la réflexion menée par les participants sur le développement d’un «paradigme végétal» de l’économie, considérant que l’économie actuelle avait beaucoup à gagner à apprendre de «la douceur des plantes».
Comme dernier conseil, François a demandé aux jeunes universitaires, entrepreneurs et activistes présents d’incarner leur combat parce que «la réalité est toujours supérieure à l’idée». «Vous changerez le monde économique si, en plus de votre cœur et de votre tête, vous utilisez également vos mains !», a-t-il insisté, mettant en garde contre la «tentation gnostique». Il a mis en garde notamment contre l’«état gazeux» de la finance dans le monde actuel.
Dans son discours, François aussi mis en garde contre la «non-durabilité» des relations dans certaines régions du monde, effet pervers qu’a selon lui le consumérisme sur les familles. «La solitude est un gros business à notre époque», a-t-il relevé. Il a une nouvelle fois déploré l’hiver démographique en cours dans de nombreux pays.
L’évêque de Rome a expliqué que le premier capital de toute société est spirituel, «invisible mais plus réel que le capital financier ou technologique». Il s’est inquiété que les jeunes souffrent souvent d’un «manque de sens» dans les sociétés modernes. Il a évoqué les chiffres très haut des suicides de jeunes, considérant même qu’«ils ne publient pas tout !»
Le pontife a regretté le manque de joie dans la société. Il a donné en exemple de ce malaise, sous les applaudissements des jeunes participants, le visage des étudiants qui fréquentent une «université ultraspécialisée en économie libérale».
Le chef de l’Église catholique a insisté sur l’importance de choisir des modèles de transformation écologique qui «réduisent la misère et les inégalités». «Alors que nous essayons de sauver la planète, nous ne pouvons pas négliger l’homme et la femme qui souffrent», a-t-il insisté, affirmant que «l’inégalité pollue mortellement notre planète». Il a aussi déploré les inégalités politiques, évoquant l’injustice politique que vit «peuple martyr» des Rohingyas, chassés de Birmanie par la répression du pouvoir birman.
A l’issue de son discours, le pape François a signé un «pacte» conçu par les participants pendant leur séjour en Ombrie. Celui-ci comporte douze engagements que prennent les jeunes pour changer l’économie de demain.
Dans sa prière prononcée à la fin de son discours, le pape François a prononcé un acte de contrition: «Père, nous te demandons pardon pour avoir gravement blessé la terre, pour ne pas avoir respecté les cultures indigènes, pour ne pas avoir estimé et aimé les plus pauvres, pour avoir créé des richesses sans communion». Il a demandé à Dieu de regarder avec bonté la générosité de ces jeunes, «leur amour, leur volonté de dépenser leur vie pour un grand idéal». «Toi, dont le Fils unique s’est fait charpentier, donne-leur la joie de transformer le monde avec amour, esprit et mains». (cath.ch/imedia/cd/be)
Le Service du développement humain intégral, co-organisateur de l’événement
A son arrivée en hélicoptère, le samedi matin le pape François avait été accueilli par l’évêque d’Assise, Mgr Domenico Sorrentino, et par cinq jeunes participants venant d’Argentine, du Sri-Lanka, de Norvège, du Mozambique et de Nouvelle Zélande, représentant chacun les cinq continents. Le pape a retrouvé le cardinal Michael Czerny et sœur Alessandra Smerilli, respectivement préfet et secrétaire du dicastère pour le Service du développement humain intégral, entité vaticane co-organisatrice de l’événement.
La présidente de la région Ombrie, le préfet de Pérouse, la maire d’Assise et des représentants des provinces franciscaines étaient aussi présents. Retrouvant les jeunes réunis au «Lyric Theater», le pape François a assisté à une petite représentation théâtrale basée sur un verset biblique, puis a écouté le récit de jeunes aux profils différents, dont une militante féministe afghane, une économiste du Kenya, un adolescent thaïlandais, un agriculteur et un prisonnier. (cath.ch/imedia/cd/be)
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