Cameroun: des religieux et fidèles catholiques enlevés  

Un groupe d’une trentaine d’hommes armés non identifiés ont incendié, le 16 septembre 2022, l’église Saint-Mery, de la localité de Nchang, au nord-ouest du Cameroun, puis enlevé cinq prêtres, une religieuse et deux fidèles, ont annoncé la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) et le gouvernement.

«Les ravisseurs exigent une rançon pour libérer les religieux et les fidèles, car ils ont dit que l’Eglise est une cible facile pour avoir de l’argent», a déclaré à la BBC l’archevêque de Bamenda et président Conférence épiscopale provinciale de Bamenda , Mgr Andrew Nkea.

Les évêques ont condamné cette «attaque odieuse, sans précédent contre la maison de Dieu et les messagers de Dieu», la qualifiant de «choc et d’horreur totale». Ils ont appelé à la libération rapide des otages.

Pour sa part, le gouvernement camerounais a accusé les séparatistes anglophones d’être à l’origine de ces enlèvements, sans en préciser les raisons. Il a déployé l’armée pour retrouver les personnes enlevées.

Les séparatistes n’en veulent pas à l’Eglise catholique

Du côté des séparatistes, Capo Daniel, chef adjoint de la défense des Forces de défense d’Ambazonie, a averti «toutes les forces dissidentes d’Ambazonia, qu’il n’y avait aucune justification à mener des attaques contre les institutions religieuses, qui sont l’épine dorsale de la vie communautaire d’Ambazonia». Cité par la Voix de l’Amérique, il a souligné que «quelles que soient les différences que nous avons avec certains des dirigeants de l’Eglise catholique, elle est sacro-sainte et ne peut pas être incendiée de cette manière», a-t-il fustigé, rappelant que leur combat est «contre l’Etat camerounais et ses institutions, mais pas contre l’Eglise catholique».

Pour le responsable indépendantiste, «certains groupes séparatistes dissidents attaquaient tous ceux qu’ils soupçonnaient de collaborer avec le gouvernement central du Cameroun à Yaoundé». Ces groupes dissidents ne veulent pas que des écoles, que les combattants considèrent comme des instruments de manipulation et d’assimilation des anglophones par la majorité francophone, ouvrent dans l’ouest du Cameroun.

En mai 2021, les séparatistes anglophones avaient enlevé un prêtre, le père Christopher Eboka du diocèse de Mamfe, qu’ils ont libéré après dix jours de captivité. Après cette libération, ils avaient demandé à l’Eglise catholique de cesser de collaborer avec la République du Cameroun »pour soudoyer nos combattants, afin qu’ils se rendent».

Le Nord-ouest du Cameroun est secoué depuis novembre 2016, par une grave crise meurtrière liée à une lutte indépendantiste menée par le groupe rebelle de l’Ambazonia, appellation qu’il a donnée aux deux provinces anglophones du Nord-ouest et Sud-Ouest (NOSO) de Bamenda et de Bue dont il réclame l’indépendance. Selon les estimations de l’Organisation International Crisis Group, depuis le déclenchement de la lutte armée, plus de 6’000 personnes ont été tuées dans les violences, et environ un million d’autres ont été déplacées. (cath.ch/ibc/mp)

Ibrahima Cisse

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