Le pape François a confirmé qu’il comptait effectuer son voyage au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo, prévu au début du mois de juillet. Il a dit être en contact avec l’archevêque de Cantorbéry Justin Wellby et avec le modérateur de l’Église d’Écosse pour le déplacement au Soudan du Sud et évoqué un projet en février. Il a aussi parlé d’un voyage auparavant. Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a affirmé que le pape souhaitait évoquer un projet de voyage au Bahreïn en novembre.
Interrogé sur l’Ukraine, le pontife a souligné la difficulté du dialogue avec les pays qui sont en guerre et affirmé qu’il fallait maintenir le dialogue parce que c’était souvent d’eux que venait le premier pas en avant. «Ça sent mauvais, mais on doit le faire. Par un pas en avant, la main tendue, toujours. Parce que sinon, on fermerait l’unique porte raisonnable qui mène à la paix».
Le pape François a tenu à rappeler que le problème de la guerre ne se limitait pas à l’Ukraine. Il a notamment cité le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la Syrie, la Corne de l’Afrique, l’Érythrée, la Birmanie et le peuple Rohingyas qu’il «aime tant». Et s’est exclamé, à la fin de cette liste: «Nous vivons dans une guerre mondiale». Le pontife a déploré un changement de mentalité entre 1945 et aujourd’hui, rappelant comment son pays avait célébré la fin de la Seconde Guerre mondiale alors qu’il en était si loin. «Je me demande aujourd’hui si notre cœur est éduqué à pleurer de joie quand la paix revient», a-t-il déclaré, avant de déclarer, dépité: «Tout a changé, si tu ne fais pas la guerre, tu es inutile». Le pontife a critiqué durement le «commerce assassin» des armes.
«Tout a changé, si tu ne fais pas la guerre, tu es inutile»
Interrogé sur la cas du cardinal Joseph Zen, défenseur des libertés à Hong Kong qui doit comparaître devant la justice pour des motifs politiques prochainement. «Lui, dit ce qu’il ressent, à savoir que là-bas, il y a des restrictions». Le pontife a cependant refusé de juger l’action de la Chine, expliquant qu’il ne saurait dire s’il s’agissait ou non d’une «démocratie». «Il est vrai que pour nous il y a des choses qui semblent ne pas être démocratiques», a-t-il concédé. Mais il en appelé au temps long, affirmant que «cela prenait des siècles à comprendre la Chine» et qu’il fallait donc, pour y parvenir, passer par «la voie du dialogue». Il a annoncé l’existence d’une «commission bilatérale vaticano-chinoise» qui avançait lentement et a mis en avant le travail à sa tête du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin. «C’est un géant. Comprendre la Chine est une entreprise gigantesque», a-t-il conclu.
Sur le même ton, le pontife a évoqué la question du Nicaragua, où l’Église subit des mesures de rétorsions depuis plusieurs mois et d’où le nonce apostolique a été renvoyé. Le pontife a qualifié cette décision de «chose grave d’un point de vue diplomatique» et a affirmé vouloir que le pouvoir accepte d’accueillir les religieuses des Missionnaires de la Charité qui en ont été expulsées. Le pape a cependant tenu à maintenir sa ligne, celle du dialogue pour «résoudre les problèmes».
«Tuer, ce n’est pas humain. Point», a résumé le pontife alors qu’un journaliste l’interrogeait sur les avancées des projets de loi sur ces questions liées à la fin de vie, citant le cas de la France, de l’Italie et de la Belgique. «Si tu tues avec des motivations, tu finiras par tuer de nouveau», a-t-il argumenté, avant de conclure: «Ce n’est pas humain. Tuer, laissons cela aux bêtes.»
«Tuer, ce n’est pas humain. Point»
Interrogé sur la perte d’attirance de l’Église pour les jeunes en Allemagne et en Occident, le pape François a mis en cause les pasteurs qui ne sont pas suffisamment proches de leur troupeau. Pour lui, «s’il manque le cœur du pasteur, aucune pastorale ne fonctionne». Il a donc mis en garde contre les «scientifiques de la pastorale». «Quand on pense plus à l’argent, au développement, aux plans pastoraux et non à la pastorale, si on va dans ces choses-là, tout cela n’attire pas les gens», a-t-il insisté. ¨
À un autre journaliste, lui ayant rappelé le lourd bilan historique qu’avait à porter l’Allemagne, François lui a confié avoir «appris» des Allemands leur «capacité à se repentir, à demander pardon».
«S’il manque le cœur du pasteur, aucune pastorale ne fonctionne»
À la veille des élections italiennes, le pape a été interrogé par un journaliste de La Repubblica sur son point de vue sur la situation italienne. «Nous devons lutter pour aider nos politiciens à maintenir le niveau de la grande politique, pas celle de bas niveau qui n’aide rien et au contraire, tire l’État vers le bas», a jugé le pontife. Il a signalé que les Italiens avaient connu 20 gouvernements en 20 ans.
Le pape François a dit son «étonnement», confiant ne pas s’attendre à un tel développement dans un pays qui n’est indépendant «que depuis trente ans». Il a loué abondamment l’architecture «quasi futuriste» de la capitale Nour-Soultan, l’intérêt du gouvernement pour les affaires culturelles et surtout sa capacité à organiser le Congrès interreligieux auquel il était invité pour «la septième édition». Il l’a opposé au courant «progressiste» existant dans le monde qui veut que pour se développer, il faille écarter en premier les valeurs religieuses.
Il a comparé son modèle de société multi-religieuse au Maroc, où on observe un «dialogue interreligieux développé». Il a enfin défendu le Congrès contre les critiques qui évoquaient un relativisme religieux – répondant peut-être sur ce point à Mgr Athanasius Schneider qui avait critiqué le sommet plus tôt dans la matinée. Le pape a souligné que là où n’y avait pas de dialogue, il y a avait «la guerre ou l’ignorance». (cath.ch/imedia/cd/bh)
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