Interrogé en marge de la rencontre du pape François et des responsables catholiques du Kazakhstan le 15 septembre 2022, Mgr Athanasius Schneider, qui à de nombreuses reprises a fait étalage de ses nombreux désaccords avec le pontife, a affirmé qu’il est de son devoir d’exprimer «fraternellement» son point de vue.
C’est à un groupe de journalistes que l’évêque auxiliaire de la capitale kazakhe a confié son ressenti concernant la venue du pape au Kazakhstan. Il a d’abord reconnu que cette visite revêtait une grande importance pour la petite minorité catholique, «un petit troupeau» présent sur ce territoire où vivent majoritairement des musulmans et des orthodoxes.
Celui qui est originaire d’une famille allemande déportée après la seconde guerre mondiale a aussi expliqué que le pape était ici considéré comme «une figure sacrée», que son message d’amour et de respect mutuel était important pour nourrir le peuple kazakh.
Mais c’est à propos du sommet interreligieux qui a réuni plus de 80 chefs religieux des quatre coins du globe que Mgr Schneider s’est montré très sceptique. «Le Congrès cherche avec justesse à promouvoir le respect mutuel et la compréhension dans le monde aujourd’hui. Mais il y a aussi un danger, parce que cela pourrait donner l’impression d’un supermarché des religions», a-t-il mis en garde.
Assurant que la seule religion était l’Église catholique, il a souligné qu’il n’y avait pas d’autre rédemption possible en dehors de Jésus Christ. «Dans ce meeting, l’Église catholique apparaît visuellement, de l’extérieur, comme l’une des religions. Ceci est, de mon point de vue, un aspect négatif et dangereux», a déploré le prélat qui considère que la mission de l’Église est d’annoncer la nature unique et absolue de Jésus Christ à toutes les nations.
Mgr Schneider a par ailleurs pointé du doigt le risque de récupération de ce genre de sommet. «Cela peut être utilisé par les élites politiques», a-t-il alerté.
Interrogé par les journalistes sur ses désaccords récurrents avec le pape François, l’évêque a considéré que cela ne posait pas de problème particulier. «En tant qu’évêques, nous sommes frères. Il est le frère aîné, le chef de l’Église, mais quand, en conscience, je vois que quelque chose n’est pas correct, ou est ambigu, je me dois de lui dire avec respect, fraternellement», a-t-il avancé.
L’expression de ses désaccords avec le pape est pour lui «un vrai amour fraternel». Être évêque n’équivaut pas à «se comporter comme un employé avec son patron». Au contraire, «dire quand on considère qu’il y a un danger pour l’Église, c’est proposer une vraie aide au pape», a-t-il soutenu.
Né en 1961 à Tokmok, dans l’alors République socialiste soviétique du Kirghizistan, Mgr Schneider a, à de nombreuses reprises, exprimé publiquement ses désaccords avec le pape François. Défenseur des cardinaux Burke, Brandmüller, Caffarra et Meisner qui avaient exprimé leurs dubia en 2016 après la publication de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, Mgr Schneider a aussi vivement critiqué le Document d’Abou Dhabi sur la fraternité humaine, pour la paix dans le monde et la coexistence commune signé en 2019 par le pape François et l’Egyptien Ahmed al-Tayeb, grand imam de la mosquée al-Azhar, au Caire. (cath.ch/imedia/cd/be)
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