C’est en marge du sommet que le pape François a pu échanger durant 15 minutes avec le ›ministre des Affaires étrangères’ du Patriarcat de Moscou, le métropolite Antoine de Volokolamsk. Le successeur du métropolite Hilarion représente à Nour-Sultan le patriarche Cyrille. Fin août, le chef de l’Église orthodoxe russe avait officialisé sa non-participation au Congrès sur fond de tensions avec Rome, après l’annulation d’une rencontre entre les deux chefs religieux prévue à Jérusalem en juin.
Durant cet entretien «très cordial», selon les termes du métropolite russe qui s’est confié à des journalistes, les deux hommes n’ont pas parlé en profondeur de la question d’une deuxième rencontre entre le patriarche de Moscou et François.
Mais le métropolite Antoine a assuré que celle-ci était toujours d’actualité. «Nous sommes absolument convaincus que la rencontre entre le pape et le patriarche est une chose très importante», a-t-il insisté, soulignant le besoin de bien la préparer. «Nous devons voir où, quand. Et la chose la plus importante est d’avoir quelque chose à la fin, quelques appels, dans la lignée de ce que nous avons fait à La Havane», a-t-il détaillé. Et d’ajouter qu’une telle rencontre ne devait pas être un simple moment «où vous prenez un café».
Cette premier rendez-vous à Cuba en 2016 entre Cyrille et François fut un événement historique à partir duquel les deux parties continuent de bâtir. «Le document final est toujours très important. Et puis chaque année nous avons eu des rencontres pour célébrer cette rencontre de la Havane et réfléchir sur ce document qui est un message très fort», a ainsi souligné le métropolite.
Interrogé sur l’annulation de l’entrevue agendée en juin dernier à Jérusalem, le représentant de l’Église orthodoxe russe a voulu expliquer la position de Moscou: «Nous étions prêts pour cette rencontre mais elle fut annulée par le Saint-Siège. Le pape a fait un entretien […] Il a dit que les choses n’allaient pas pour organiser une rencontre avec le patriarche Cyrille».
Quant à l’utilisation par le pape François des termes «enfant de chœur» dans un entretien dans lequel le pontife mettait en garde le patriarche de devenir le «clerc d’État» du président russe, le métropolite a confié que cette parole du pape «fut une surprise». «Il est clair que les expressions de ce genre ne sont pas utiles pour l’unité des chrétiens», a-t-il insisté.
Au cours du Congrès, le métropolite Antoine de Volokolamsk, s’est exprimé devant la centaine de leaders religieux présents en lisant une lettre du patriarche Cyrille. Comme le pontife dans son allocution, le patriarche de Moscou n’a pas évoqué directement le conflit ukrainien. Le chef de l’Église orthodoxe russe a cependant déploré le «flot d’informations», le décrivant comme une des caractéristiques de la période «des plus difficiles» que traverse le monde actuellement.
Dénonçant un phénomène de «distorsion» de la réalité et de l’histoire, il a plaidé pour un monde «sans État de première et de seconde classe». Les leaders religieux, a-t-il insisté par l’intermédiaire de son représentant, ont pour devoir «d’éduquer les peuples». Il a critiqué l’absence de traitement médiatique des persécutions que vivent les chrétiens partout dans le monde, mais aussi des guerres qui frappent les pays du Tiers-Monde.
Intervenant personnellement après la lecture du discours de son chef religieux, le métropolite Antoine a encouragé les leaders à adopter « un nouveau regard » sur le monde, invoquant la pandémie, thème choisi pour la 7e édition de la rencontre interreligieuse. Il a appelé à sortir de «l’image de l’ennemi» et mis en garde contre les risques qui pèsent aujourd’hui sur le monde, citant notamment celui d’une «catastrophe nucléaire».
En marge du sommet, le pape François a aussi entretenu avec le grand imam Ahmed al-Tayyeb, à qui il a tenu à rappeler les débuts de leur collaboration pour rédiger le Document sur la fraternité. Ce texte, qui prône la fraternité interreligieuse et défend la place des religions dans la recherche de la paix, avait été signé en 2019 par les deux hommes à Abou Dabi.
Au grand mufti du Kazakhstan, chef de l’Islam sunnite largement majoritaire dans le pays (70% de la population) qu’il a rencontré ensuite, le pontife a affirmé que les responsables religieux ont une «vocation spéciale à établir la paix».
Le pape François a aussi rencontré une délégation de rabbins israéliens, dirigée par David Lau, grand rabbin ashkénaze d’Israël et par Yitzhak Yozef, grand rabbin séfarade d’Israël. Il a échangé pendant quelque temps avec le chef de l’Église luthérienne d’Estonie, l’archevêque Urmas Viilma.
L’évêque de Rome a enfin rencontré deux représentants d’organismes internationaux: Azza Karam, secrétaire générale de l’association Religions for Peace, une des six femmes à diriger une délégation pendant le Congrès, et Miguel Angel Moratinos, représentant des Nations unies pour l’Alliance des civilisations. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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