Après avoir été reçu par le chef d’État kazakh dans le palais présidentiel Ak Orda, le pontife de 85 ans a rejoint la grande salle de concert où l’attendaient les représentants politiques, diplomatiques et religieux du pays. Le pape a remercié les autorités pour leur invitation à participer au Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles, un sommet interreligieux rassemblant une centaine de représentants spirituels du monde entier qu’il a décrit comme un lieu de promotion de « l’harmonie et de la paix ».
Brossant le portrait d’un Kazakhstan laïc mais respectueux des traditions, le pontife a souligné sa vocation de « pays de la rencontre », née selon lui de la mémoire douloureuse des goulags où, au XXe siècle, furent déportées en masse de nombreuses populations par le pouvoir soviétique. Pour François, le Kazakhstan est un pays à « deux âmes, une asiatique et une européenne », et donc un lieu privilégié de dialogue interreligieux mais aussi, plus largement, un « carrefour important de nœuds géopolitiques ».
Sans citer les pays voisins, notamment la Chine et la Russie, le pape a considéré que cette situation de « pont entre l’Orient et l’Occident » le vouait à jouer « un rôle fondamental dans l’atténuation des conflits ». Le pontife a cité expressément la « folle et tragique guerre causée par l’invasion de l’Ukraine » ainsi que les autres affrontements en cours dans le monde.
Déplorant l’effet de ces conflits sur les pays en voie de développement, l’évêque de Rome a invité à « amplifier le cri » de ceux qui réclament la paix, invitant les leaders à insuffler dans les organisations multilatérales « un nouvel esprit d’Helsinki » en référence à la conférence de 1975. Il a insisté sur le fait que cet engagement était « l’affaire de tous » et donc nécessitait un « dialogue avec tous ».
Alors que la question du risque d’un conflit nucléaire a été soulevée dans le cadre de la guerre en Ukraine, le pontife n’a pas manqué de saluer le choix fait par le Kazakhstan de renoncer à l’armement nucléaire. Alors qu’il en était doté au moment de son indépendance en 1991, le pays a volontairement fait le choix de démanteler cette partie de son arsenal, vestige de l’ère soviétique.
Le pape François a enfin salué l’engagement du pays d’Asie centrale dans les politiques « énergétiques et environnementales » et a abordé la question énergétique, centrale pour cette nation riche en ressources naturelles. Sur ce point, le pontife a dénoncé l’« injustice généralisée » que constitue selon lui la « prise en otage » de certains pays par le système économique mondial. Il a appelé l’État mais aussi le secteur privé à ne pas limiter le développement économique à l’obtention de gains pour un « petit nombre ».
Dans un discours emprunt de la défense des libertés fondamentales, le pontife a insisté sur le fait que la défense de ces droits ne devait pas être réduite « à des proclamations ». Selon lui, une société civile libre passe par un soutien aux travailleurs et aux jeunes, et doit leur assurer une « sécurité économique ». Un tel État de droit, a-t-il souligné, est « la réponse la plus efficace à d’éventuels extrémismes, personnalistes et populismes qui menacent la stabilité et le bien être des peuples ».
Le pape François doit désormais rejoindre la nonciature apostolique où il dormira pendant les deux nuits de son séjour à Nour-Soultan. Demain, il participera au VIIe Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles. À 85 ans, le pontife a parfois donné l’impression d’être fatigué, montrant une certaine difficulté à se lever et à s’asseoir de son fauteuil roulant. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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