Le pontife se rend au Kazakhstan pour participer à un sommet interreligieux pendant trois jours. Le président Xi effectuera pour sa part chez son voisin kazakh son premier voyage international depuis le début de la crise pandémique en décembre 2019. Contrairement à la visite du pape, planifiée depuis plusieurs mois, celle du chef d’État chinois n’a été annoncée que le 5 septembre dernier par le ministère des Affaires étrangères du Kazakhstan.
Le gouvernement kazakh a cependant laissé planer un doute lors de l’annonce, un de ses portes paroles déclarant ne pas savoir si le président chinois comptait profiter de sa visite pour rencontrer les nombreux leaders religieux rassemblés à Nour-Soultan pour le Congrès des leaders de religions mondiales et traditionnelles. Joint par I.MEDIA, Claude Meyer, conseiller au centre Asie de l’Ifri et auteur d’un livre sur les religions en Chine, voit d’ailleurs une « coïncidence troublante » dans cette présence le même jour des deux leaders dans la capitale kazakhe.
L’hypothèse d’une rencontre entre un chef d’État chinois et un pape, la première de l’histoire si elle avait lieu, a intéressé les milieux diplomatiques. Le ministre des Affaires étrangères de Taïwan – qui dispose d’une de ses rares ambassades à Rome – a ainsi annoncé suivre l’affaire de près.
Au Vatican, une source interne a cependant confié à I.MEDIA que « Xi Jinping ne participera pas à la rencontre interreligieuse » et qu’en conséquence, une rencontre avec le pape, qui est venu au Kazakhstan uniquement pour rencontrer les personnes participant à cet événement, n’est pour l’heure pas prévue.
Cependant, le Saint-Siège laisserait une porte ouverte : « quand quelqu’un exprime le souhait de rencontrer le pape, sa demande est toujours prise en compte », assure la source interne. Mais elle nuance en rappelant que la réponse du pape n’est « pas toujours positive ».
Interrogé sur une possible rencontre par la presse vaticane lors d’une conférence de presse le 9 septembre, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Matteo Bruni a confirmé le programme du pape au Kazakhstan, annoncé par le Saint-Siège en août et qui ne prévoit pas de rencontre avec le président chinois. Du côté de Pékin, une telle hypothèse n’a même pas été évoquée à l’heure actuelle.
Claude Meyer note que le pape comme Xi Jinping ont en ce moment un « agenda extrêmement chargé et très différent ». Une telle rencontre, dans ce contexte, semble selon lui n’avoir « pas grand sens », notamment pour Xi Jinping pour qui « le pape représente précisément ce que la Chine ne veut pas, c’est-à-dire la subordination d’une religion à une organisation étrangère ».
De plus, ce n’est pas la première fois qu’une opportunité de rencontre entre Xi Jinping et le pape François se présente. En effet, en mars 2019, le président chinois s’était rendu en visite d’État à Rome où il avait été reçu au Quirinal, ancien palais des papes, par le président italien Sergio Mattarella.
Interrogé en amont de la visite romaine du président, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, qui avait réussi à conclure un accord historique avec Pékin sur les nominations d’évêques chinois six mois auparavant, avait donné des signes d’intérêt pour une possible rencontre, affirmant que la porte du Vatican était « toujours ouverte ». Xi Jinping s’en était cependant tenu à l’Italie pendant sa visite et n’avait donc pas franchi le Tibre.
Le calendrier actuel des relations entre le Vatican et Pékin est aussi à prendre en compte. Le Saint-Siège négocie actuellement avec le gouvernement chinois pour renouveler ou non l’accord de nomination des évêques signé pour la première fois en 2018 et pour deux ans en 2020. Cet accord, qui permet au Vatican et à la République populaire de Chine d’avoir chacun leur mot à dire dans la nomination des prélats en terre chinoise, a été fortement critiqué en dehors comme au sein de l’Église.
Interrogé récemment par la télévision italienne, le cardinal Pietro Parolin, qui gère en personne ce dossier particulièrement sensible, s’est montré confiant sur la reconduction de l’accord. « Il y a un long chemin à parcourir », avait-il commenté, enjoignant à la patience et estimant qu’on pouvait « voir les ›graines’ plantées ›germer’ même lorsque le temps est défavorable ».
Sur ce point, Claude Meyer estime que le Kazakhstan pourrait être l’occasion, plutôt que d’organiser une « rencontre de courtoisie » entre les deux chefs d’État, de permettre des « échanges à un niveau inférieur ». Des discussions informelles, par exemple avec le cardinal Pietro Parolin, lui semblent plus envisageables dans le cadre des négociations encadrant le renouvellement de l’accord. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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