Le pontife s’est inspiré de l’histoire de saint Ignace de Loyola (1491-1556), qui, blessé à la jambe, se voit contraint de lire des vies de saints, seuls ouvrages disponibles dans la bibliothèque familiale, pour tromper son ennui. Se laissant interpeler par ces histoires, le futur fondateur des jésuites ressent une rivalité intérieure entre la vie du chevalier et la vie consacrée à Dieu. Il constate alors que, pensant à la première, il demeure «vide et déçu», tandis que la seconde le laisse «satisfait et plein de joie».
Le pape a alors insisté sur la vertu du «temps» pour discerner. Le discernement, a-t-il expliqué, se joue après avoir fait «un peu de chemin», lorsque l’on se demande: «pourquoi est-ce que je marche dans cette direction? Qu’est-ce que je cherche?».
Le discernement «n’est pas une sorte d’oracle ou de fatalisme», a poursuivi le successeur de Pierre. Il se fait «en écoutant son propre cœur». Et le pape d’ironiser: «Nous écoutons la télévision, la radio, le portable… Nous sommes les maîtres de l’écoute… mais je te demande: sais-tu écouter ton cœur? […] Est-il satisfait, triste, cherche-t-il quelque chose?».
Au fil de sa catéchèse, le pontife a souligné que «les pensées du monde sont attirantes au début, mais elles perdent ensuite leur éclat et laissent vides, mécontents». Les pensées de Dieu en revanche suscitent «des résistances au début», puis apportent «une paix inconnue».
Le pape François a invité le chrétien à être particulièrement attentif «aux choses inattendues». Car c’est dans le «hasard apparent» que Dieu œuvre, «à travers des événements imprévisibles, et même dans les contretemps». Le Seigneur «se fait rencontrer dans les situations imprévues, voire désagréables», a-t-il affirmé.
«Cela m’est arrivé par hasard, j’ai rencontré cette personne par hasard, j’ai vu ce film par hasard […]. Je devais faire une promenade et j’ai eu un problème au pied», a interpelé le pape de 85 ans, avant de plaisanter: «J’étais tranquille chez moi et arrive ma belle-mère».
«Que te dit Dieu, que te dit la vie ici?», a répété le pontife, estimant que dans ce hasard, «la vie te parle, le Seigneur te parle, ou le diable te parle». Quoiqu’il en soit, «il y a quelque chose à discerner dans les choses inattendues».
Le pape a une nouvelle fois conclu ses appels, en marge de sa catéchèse du mercredi, en exprimant ses pensées pour «l’Ukraine martyrisée». Saluant d’un geste les quelques drapeaux ukrainiens bleu et jaune brandis par des fidèles rassemblés place Saint-Pierre, il a demandé à chacun d’être «un bâtisseur de paix et de prier pour que des pensées et des projets de concorde et de réconciliation se répandent dans le monde».
«Aujourd’hui nous sommes en train de vivre une guerre mondiale. Arrêtons-nous, s’il vous plaît», a-t-il lancé, en sortant de ses notes. Il a ensuite confié à la Vierge Marie les victimes de toutes les guerres, et de manière toute spéciale, «la chère population ukrainienne».
Depuis le 24 février et l’invasion russe en Ukraine, le pape a multiplié les appels à la paix, profitant notamment des angélus dominicaux et des audiences générales du mercredi matin pour alerter le monde sur le drame en cours et demander aux chrétiens de prier.
Dans un entretien accordé aux responsables des revues jésuites publié en juin dernier, le pape François avait repris sa thématique de la «guerre mondiale par morceaux» en évoquant la guerre en Ukraine. Il avait cité d’autres «pays lointains», en Afrique notamment, où les conflits font rage. (cath.ch/imedia/ak/hl/bh)
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