Membres de la Conférence des évêques suisses (CES), représentant-e-s du monde académique, agent-e-s engagé-e-s en pastorale, membres du Conseil des femmes de la CES et représentantes de la Ligue suisse de femmes catholiques (SKF), une centaine de personnes venues des trois régions linguistiques de Suisse se sont retrouvées à Fribourg, pour une journée de partage en cercle fermé, à laquelle le public et la presse n’étaient pas conviés. A la sortie de la salle, les visages sont détendus. Même si aucune décision n’a été prise, diverses voies de dialogue ont été ouvertes.
«La journée a été dense, avec des exposés théologiques et juridiques, des témoignages de terrain et des moments d’échange en groupe,» rapporte Isabelle Vernet. L’aumônière de l’école hôtelière de Lausanne et responsable du bénévolat dans l’Église cantonale vaudoise relève la bonne volonté mutuelle. «Nous, les femmes, étions en majorité, cela fait du bien et nous avons été écoutées».
L’occasion pour elle aussi de constater la variété des situations dans les diocèses et les régions linguistiques. Dans certains lieux, les agents pastoraux laïcs, hommes et femmes, disposent de compétences élargies pour la gestion des communautés et la célébration de sacrements comme le baptême ou le mariage ou encore des funérailles (qui ne sont pas un sacrement, ndlr).
Marie-Christine Conrath, agente pastorale de la santé dans le canton de Neuchâtel, envie un peu la longue tradition d’ouverture du diocèse de Bâle. Elle regrette qu’il faille attendre un manque de prêtre ou une défaillance pour imaginer de nouvelles solutions pastorales. Les nouvelles formes de sacramentalité devraient être pensées et instituées de manière régulière et permanente. «Dans mon travail de la santé, j’accompagne des personnes sur long terme. Je crée une relation que le prêtre, qui vient seulement pour un sacrement, n’aura pas».
«Après cette journée, je me pose la question de demander de recevoir le lectorat et l’acolytat tels que le pape François en a offert la possibilité depuis 2022. Certes j’accomplis depuis longtemps les tâches d’animatrice liturgique et de lectrice, mais nous les femmes nous attendons d’avantage de reconnaissance». Elle considère, au vu de l’ambiance de la journée, que l’idée d’un huis-clos ne se justifiait pas.
«Nous ne nous sommes pas retrouvées entre pro et anti-ordination des femmes face à face», poursuit Isabelle Vernet. Toutes et tous ont admis qu’il faut partir de la réalité du terrain et des attentes des fidèles. «L’Église et les sacrements sont là d’abord pour le service de l’humanité», confirme Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion. J’ai beaucoup aimé les témoignages, tel que celui de Mme Ullrich, de personnes qui se mettent au service de la vie spirituelle des gens, qui sont des signes de la présence de Dieu dans nos vies, même si la difficulté de la célébration des sacrements demeure.»
«J’ai été blessée par le témoignage de la religieuse qui a travaillé en Amazonie», explique Catherine Ullrich, aumônière spécialisée à Genève. Là-bas, les fidèles n’ont parfois pas de messe durant un an, ou plus. Nous n’en sommes pas là chez nous, mais je pense que nous nous trouvons à un moment favorable pour empoigner cette question.»
«Nous avons été bien écoutées par les évêques, mais nous avons eu assez peu de retour de leur part, sauf de Mgr Felix Gmür… de Mgr Gmür et encore de Mgr Gmür, en tant que président de la CES», regrette Marie-Christine Conrath. Mgr Lovey sourit: «Pendant la journée, je me disais intérieurement:’pourvu que les évêques ne parlent pas trop!’.»
«Le groupe de travail mixte CES-SKF qui a organisé la journée se retrouvera dès le 28 septembre pour tirer un premier bilan et imaginer la suite», conclut Catherine Ullrich. (cath.ch/mp)
Mgr Joseph Bonnemain salue Monika Schmid
Monika Schmid a participé, le 6 septembre 2022, à la réunion sur la sacramentalité à Fribourg. «Ce matin, l’évêque Joseph Bonnemain m’a saluée très chaleureusement. Et le soir, il s’est à nouveau approché de moi – avec un geste très chaleureux.», a expliqué à kath.ch Monika Schmid.
«Je lui ai dit: ‘Nous n’avons pas de querelle’. Il m’a répondu: ‘Non, pas du tout’. Nous nous apprécions mutuellement et nous nous entendons très bien sur le plan humain – même si les derniers jours ont été difficiles.»
Le pape François a récemment dit à quel point son travail était difficile. Je suppose que cela s’applique aussi au ministère de Mgr Joseph Bonnemain. Cela ne change rien au fait que nos relations sont cordiales et empreintes d’estime».
L’agente pastorale Monika Schmid a récemment défrayé la chronique en Suisse allemande pour avoir prononcé la prière eucharistique avec deux prêtres lors de la messe d’adieu célébrée à Effretikon (ZH) l’occasion de son départ à la retraite. Mgr Bonnemain a ouvert une enquête canonique préliminaire pour déterminer le caractère de cet abus liturgique. (cath.ch/kath.ch/rr/mp)
Maurice Page
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