Le DNI s’est ouvert le 20 août 2022, pour une période de 21 jours. Il regroupe officiellement près de 1’400 participants de toutes les couches sociales du pays: syndicats, partis politiques, représentants religieux, etc… Les travaux de trois semaines portent sur la réforme des institutions républicaines, l’élaboration d’une nouvelle Constitution, les conditions d’instauration d’un climat de paix et de sécurité durable, la liberté de mouvement et d’expressions… La démarche est parrainée par le Qatar, représenté par l’ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Djibril Bassolé.
Avant le DNI, des négociations de paix inter-tchadiennes ont débuté à Doha, au Qatar, de en mars dernier. Elles ont abouti, le 8 août, à la signature d’un accord, par une trentaine de mouvements politico-militaires et le gouvernement de transition, en vue de la tenue du DNI. Le processus doit permettre de mettre fin à des décennies de guerre entre factions rivales au Tchad.
Ce dialogue de réconciliation lancé par la junte militaire a toutefois une nouvelle fois été suspendu le 3 septembre, après trois jours de siège par les forces de l’ordre d’un parti de l’opposition, et de répression brutale de ses rassemblements. Le dialogue est boycotté par la plus grande partie de l’opposition et deux des plus puissants mouvements rebelles armés, note l’AFP. Il n’a toujours pas entamé ses travaux sur le fond, eux-mêmes reportés plusieurs fois, à quinze jours de sa date de clôture prévue.
Les organisations religieuses chrétiennes et musulmanes s’étaient réjouies de ces accords et de l’organisation du DNI. L’Eglise catholique lui avait même accordé «une importance particulière», en y envoyant une délégation composée d’évêques, de prêtres et de laïcs. Elle avait aussi appelé, dans son message de Noël 2021, les fidèles à prier pour sa réussite. Les évêques estimaient que cela était une occasion pour les Tchadiens de s’entendre sur «un nouveau contrat social», dont le socle serait la justice et la bonne gouvernance, «garantes d’une paix véritable».
Mais, selon la CET, «le règlement intérieur (du DNI) a été adopté par un mode totalement étrange (…), et au sein de l’assemblée, il n’y a pas eu dialogue, qui se fonde sur l’écoute réciproque». Au lieu de cela, «nous avons l’impression d’assister à une campagne électorale avec d’un côté, ceux qui soutiennent le changement et le renouvellement de la classe politique, et de l’autre, ceux qui bloquent tout et veulent continuer comme avant, en mettant en place une machine savamment orchestrée», a souligné la CET, dans son communiqué. La délégation de l’Eglise a déploré «ce spectacle», constatant une «crise de confiance entre les différents groupes». L’Eglise a ainsi souhaité ne pas apparaitre comme soutenant une partie contre une autre. «C’est pour cela que nous sommes contraints de suspendre notre participation pour ne pas cautionner la main mise d’un groupe sur le processus du dialogue», a précisé la CET. (cath.ch/ibc/com/ag/rz)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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