Le pontificat du pape Jean-Paul Ier, qui siégea sur le trône de Pierre du 26 août au 28 septembre 1978, est la «partie émergée de l’iceberg», a insisté l’Italienne. Elle s’est réjouie que le procès ait permis la récolte des fonds documentaires sur la vie de l’ancien patriarche de Venise, qui sera béatifié le 4 septembre.
«Il était mon évêque et j’en garde le meilleur souvenir», a rapporté pour sa part le postulateur de la cause de béatification de Jean-Paul Ier, le cardinal Beniamino Stella, préfet émérite du dicastère pour le Clergé. Il a souligné ce qui était pour lui les caractéristiques principales de celui qui va devenir bienheureux 44 ans après son élection: «un prêtre qui priait, qui vivait pauvrement et qui se sentait bien avec les gens». Il a confié que sa mère l’avait entendu déconseiller aux séminaristes de posséder un compte bancaire ou un carnet de chèque.
La sainteté de Jean-Paul Ier, pour le cardinal, «est importante pour l’Église et pour le monde d’aujourd’hui» parce que son exemple ramène chacun «au cœur de la vie chrétienne». Il est selon lui «le visage d’une Église humble, laborieuse et sereine, soucieuse de suivre son Seigneur».
Don Davide Fiocco, prêtre du diocèse d’origine de Jean-Paul Ier, Belluno – où a été mené le procès de béatification –, a témoigné de la joie éprouvée par la population locale, heureuse de voir que «la sainteté a fleuri parmi ses vallées». Il a aussi présenté le reliquaire du futur bienheureux, qui sera conservé dans la cathédrale de Belluno après la cérémonie.
La relique est le brouillon d’une réflexion qu’Albino Luciani a dictée en 1956 sur les trois vertus théologales, et qui sera reprise de manière significative dans les quelques audiences de septembre 1978, juste avant la mort du pontife. Un artiste local a élaboré le reliquaire dans lequel le feuillet est enchâssé.
L’objet, très simple, a été conçu à partir d’une pierre ronde prélevée dans le lit d’une rivière de la vallée de Canale d’Agordo, où est né Albino Luciani. Il est surmonté d’une croix sculptée dans une poutre arrachée pendant une tempête qui a frappé la région, et qui représente les épreuves traversées par le pape pendant sa vie.
Plusieurs témoins proches de l’ancien pape ont raconté leurs souvenirs du pontife. Lina Petri, a évoqué ses dernières discussions avec son oncle, sa capacité à exprimer simplement des idées complexes, ou son goût pour les questions d’actualité. Elle a rappelé notamment qu’il avait donné en sa présence un avis favorable à des obsèques religieuses de l’écrivain Pier Paolo Pasolini, pourtant mort dans des «conditions scandaleuses» à Ostie en 1975, considérant que «ses œuvres artistiques parlaient pour lui».
Sœur Margherita Marin, une des religieuses qui retrouva Jean-Paul Ier mort le 29 septembre 1978, a raconté les quelques semaines pendant lesquelles elle fut au service du « pape au sourire» alors qu’elle n’avait que 37 ans. «Pendant ce mois, je l’ai vu toujours calme, serein, sûr de lui», a-t-elle confié, considérant que c’était «comme s’il avait été un pape depuis le début».
«Je ne l’ai jamais vu avoir des gestes d’impatience avec quelqu’un, jamais», a-t-elle insisté. Selon elle, il avait un don pour «inculquer le courage» aux gens et était «affable avec tout le monde».
Son dernier jour, a-t-elle expliqué, «a été comme les autres». Elle a rapporté ses derniers instants, quand, avant d’aller dormir, il s’était enquis de la messe du lendemain puis avait prononcé ses dernières paroles: «à demain, mes sœurs, si le Seigneur le veut, célébrons la messe ensemble». Il était «plus serein que jamais», rapporte-t-elle.
Interrogée par la presse sur les théories du complot autour de la mort de Jean-Paul Ier, Stefania Falasca a déploré leur persistance. Elle a rappelé que les «sources» historiques étaient formelles sur le fait que le pape était bien mort naturellement d’un infarctus.
La jeune argentine Candela – dont la guérison en 2011 a été jugée miraculeuse, ouvrant la porte à la béatification de Jean-Paul Ier – et sa mère Roxana ont expliqué dans une petite vidéo envoyée pour l’occasion leur joie de voir le pape italien être béatifié. Le prêtre Juan José Dabusti avait décidé de prier Jean-Paul Ier pour demander la guérison de la jeune fille, qui souffrait d’une « encéphalopathie inflammatoire aiguë sévère, d’un état de maladie épileptique réfractaire maligne, d’un choc septique».
«Pourquoi ai-je proposé à Roxana d’y prier pour que Jean-Paul Ier intercède pour la vie et la guérison de Candela? Je ne sais pas. C’était le Saint-Esprit», a déclaré ce dernier, visiblement ému. Il a expliqué avoir toujours apprécié la figure du dernier pape italien pendant tout son parcours, même avant de devenir prêtre. (cath.ch/imedia/cd/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse