Un nouveau film du réalisateur culte Abel Ferrara sur Padre Pio

Le film «Padre Pio» du réalisateur américain Abel Ferrara, sera présenté en avant-première mondiale le 2 septembre 2022 à la Biennale de Venise. Le long-métrage met en parallèle une partie de la vie du saint et les prémices du fascisme en Italie.

Abel Ferrara a surtout mis en scène, au cours de sa carrière, des phénomènes tels que la corruption, la violence sexuelle ou la toxicomanie. La religion est toutefois bien présente dans sa filmographie.

L’un de ses opus les plus remarqués, Bad Lieutnant (1993), raconte la rédemption d’un policier à la recherche des hommes qui ont violé une religieuse dans une église. Mary (2005) narre les trajectoires de trois personnages liés par la figure de Marie Madeleine. Le fait que le réalisateur d’origine italienne produise un film sur le saint de Pietrelcina n’est donc pas si insolite. «L’intérêt d’Abel Ferrara pour l’histoire de l’Italie, le catholicisme et sa fascination pour Padre Pio ne sont pas nouveaux», note l’AP dans un article du 26 août 2022.

L’histoire d’un massacre

Le long-métrage n’est cependant pas un biopic. Il prend comme point de départ l’arrivée de Padre Pio dans le monastère capucin de San Giovanni Rotondo, une ville pauvre du sud de l’Italie, après la Première Guerre mondiale. A l’époque, l’Église catholique et les grands propriétaires terriens riches tentent de conserver le pouvoir, alors que les premiers signes du mouvement socialiste se manifestent par des troubles dans les usines et des grèves paysannes.

Cette agitation sociale débouche sur le «massacre de San Giovanni», relaté par le film. Après la victoire des socialistes aux élections locales de 1920, dont les résultats avaient été refusés par la classe dirigeante soutenue par l’Église, les vainqueurs ont essayé d’accrocher leur drapeau rouge sur le bâtiment municipal et d’installer leur maire. La police a tiré sur la foule, tuant 14 personnes et en blessant 80 autres.

Dédié au peuple ukrainien

Pour Abel Ferrara, le «massacre de San Giovanni Rotondo» a été un signe annonciateur de la propagation du fascisme en Italie. Un événement qu’il met en parallèle avec les stigmates de Padre Pio. «Je pense que c’est une combinaison des événements, a expliqué le réalisateur dans une interview télévisée. Le début du fascisme, le massacre de San Giovanni Rotondo. En même temps, il a lui, Padre Pio, ses stigmates. Vous savez, à ce moment-là de son union avec le Christ, c’est une déclaration inconsciente d’angoisse face au monde qui l’entoure».

Abel Ferrara a indiqué que le film était dédié aux victimes de ce massacre, ainsi qu’au peuple ukrainien. «Ce que je vois actuellement, c’est une rediffusion de la Seconde Guerre mondiale. 75 millions de personnes sont mortes il y a 70 ans. C’est comme si c’était hier. La même chose se passe juste sous nos yeux», a-t-il déclaré.

Conversion sur le tournage

L’Américain, qui vit depuis 10 ans en Italie, admet, qu’au vu de sa réputation et des films qu’il a réalisés «il était possible de se poser des questions» quant au contenu de son dernier long-métrage. Il assure cependant que les responsables d’Eglise et les frères capucins qui l’ont conseillé sur le tournage ont totalement soutenu le projet. Ils ont également bien accueilli l’acteur qui incarne Padre Pio, Shia LaBeouf, bien qu’il ait admis des problèmes d’alcoolisme et être sous le coup d’une accusation d’abus sexuel de la part d’une ancienne petite amie. Le comédien américain aurait passé quatre mois dans un monastère californien pour se préparer au rôle. Il a déclaré que la possibilité d’incarner «Padre Pio» lui apparaissait comme «un miracle». Shia LaBeouf a annoncé récemment s’être converti au catholicisme dans le contexte de son interprétation de Padre Pio. (cath.ch/ap/ag/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/un-nouveau-film-du-realisateur-culte-abel-ferrara-sur-padre-pio/