Après avoir rencontré les victimes du séisme du 6 avril 2009 sur le parvis de la cathédrale, le pontife s’est rendu devant la basilique Santa Maria di Collemaggio pour y célébrer la messe, avant d’ouvrir la Porte Sainte du Pardon célestinien. Ce Jubilé est célébré chaque dernier dimanche d’août depuis la messe de couronnement de Célestin V en 1294, à l’occasion de laquelle il édicta une «Bulle du pardon».
Dans son homélie, le pape François a rappelé que Célestin V est retenu dans la mémoire historique, d’une façon erronée, comme «celui qui a fait le grand refus», selon l’expression utilisée par Dante dans la Divine Comédie, au sujet de ce pape ermite qui fut élu en 1294 à près de 85 ans, mais renonça après cinq mois de règne.
Mais pour l’actuel évêque de Rome, «Célestin V n’était pas l’homme du ›non’, il était l’homme du ›oui’». Soulignant «la force des humbles», le pape François a remarqué qu’ils sont les vrais gagnants même s’ils apparaissent faibles et perdants aux yeux des hommes. En effet «l’humilité nous fait détourner le regard de nous-mêmes et le tourner vers Dieu, Celui qui peut tout faire et qui obtient aussi pour nous ce que nous ne pouvons pas avoir par nous-mêmes».
Le pape, sortant de son texte, a expliqué devant les 7’000 fidèles réunis que chacun doit savoir «regarder sa propre misère» pour ensuite devenir un témoin de la miséricorde de Dieu.
«Célestin V a été un témoin courageux de l’Évangile, car aucune logique de pouvoir ne pouvait l’emprisonner», a insisté François, en mettant en valeur «une Église libre de toute logique mondaine», tournée vers la miséricorde et non pas vers l’image «d’un Dieu obscur et qui fait peur».
L’Aquila, pendant des siècles, a gardé vivant le don que le pape Célestin V lui-même lui a laissé, a fait remarquer le 266e successeur de Pierre, rendant hommage à la tradition du Pardon célestinien qui perdure depuis 728 ans dans cette ville des Abruzzes. Avec cette tradition populaire tournée vers le pardon des péchés, les habitants comprennent que «la miséricorde est l’expérience de se sentir accueilli, restauré, renforcé, guéri, encouragé».
Le pardon peut ainsi constituer une forme de résurrection, a ajouté le pape François en soulignant que «pardonner, c’est passer de la mort à la vie, de l’expérience de l’angoisse et de la culpabilité à celle de la liberté et de la joie». L’expérience du séisme de 2009 aide aussi les habitants de L’Aquila à comprendre la douleur des autres, et cette compassion pour la souffrance des autres devient ainsi «un trésor à cultiver».
«Chacun dans la vie, sans nécessairement vivre un tremblement de terre, peut, pour ainsi dire, vivre un ›tremblement de l’âme’, qui le met en contact avec sa propre fragilité, ses propres limites, sa propre misère», a expliqué le pape, invitant à apprendre la douceur même dans des circonstances qui peuvent pousser à «se laisser enrager par la vie».
Le pontife de 85 ans a expliqué que la dignité de l’homme ne se définit pas par la place qu’il occupe, mais par «la liberté dont il est capable et qu’il manifeste pleinement lorsqu’il occupe la dernière place, ou lorsqu’une place lui est réservée sur la Croix».
«Tant que nous ne comprendrons pas que la révolution de l’Évangile réside dans ce type de liberté, nous continuerons à être témoins de guerres, de violences et d’injustices, qui ne sont que le symptôme extérieur d’un manque de liberté intérieure», a averti le pape, en appelant à faire de L’Aquila une capitale du pardon, de la paix et de la réconciliation.
Le pape François a conclu en invitant les habitants de L’Aquila à vénérer Marie en pensant à ses paroles dans le Magnificat: «Il a renversé les puissants de leurs trônes, il a élevé les humbles». (cath.ch/imedia/cv/be) |
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