Après une première phase locale menée entre octobre 2021 et août 2022, le processus synodal se poursuit à présent par une phase continentale. Il se conclura au Vatican en octobre 2023, par l’Assemblée générale du Synode des évêques.
Le Secrétariat du Synode a mené une conférence au Saint-Siège, le 26 août 2022. Les responsables de ce grand chantier ont salué une mobilisation mondiale «impressionnante» et ont présenté les échéances à venir. La rencontre avec la presse a été aussi l’occasion pour le rapporteur général de l’assemblée, le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la Comece (la Commission des épiscopats de l’Union européenne), de clarifier ses propos sur un éventuel changement doctrinal concernant l’homosexualité.
Devant les journalistes, le cardinal Hollerich a qualifié le Synode de «dialogue ecclésial sans précédent dans l’histoire de l’Église». Le jésuite a rappelé l’esprit de cet événement: écouter ce que dit le peuple de Dieu sans le «réduire à des positions». « Ce n’est pas un Parlement où l’on vote et la majorité décide de ce que l’on fait», a-t-il répété.
Il est clair, a concédé le rapporteur général, que, dans l’Église, il y a une droite et une gauche. «Il y a des gens qui marchent à droite, d’autres à gauche, certains sont un peu en avance, d’autres un peu en retard». Mais l’important, a-t-il assuré, est de toujours regarder le Christ, car «nous ne sommes pas là pour quelque intérêt ou quelque idée à imposer par force».
Interrogé sur ses propos de février dernier, où il estimait que l’Église catholique devait revoir son enseignement sur l’homosexualité, le cardinal a affirmé croire «pleinement dans la Tradition de l’Église». «Je ne suis pas en faveur d’un changement de doctrine», a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il n’avait pas d’agenda personnel pour le synode.
Le prélat luxembourgeois s’est dit en revanche «favorable à une Église où tout le monde se sente accueilli». Une Église, a-t-il dit, qui puisse écouter la souffrance des gens, les parents, les personnes concernées. «Si nous fermons la porte aux personnes, nous poussons certains au désespoir», a alors prévenu le cardinal, en réclamant un changement «non pas dans la doctrine mais dans l’attitude».
De son côté, le secrétaire général du Synode, le cardinal maltais Mario Grech, a mis en garde contre le «risque de monologue»: «Une Église de l’écoute signifie que non seulement l’évêque doit écouter mais aussi être écouté». «Personne ne doit se sentir exclu ; personne ne doit souffrir parce que sa voix n’est pas écoutée», a-t-il martelé.
Il ne s’agit pas d’entendre seulement les opinions, mais ce que l’Esprit communique à l’Église d’aujourd’hui, a ajouté Mgr Grech en souhaitant «que le synode soit pris en otage par un seul: par l’Esprit-Saint !»
À ce jour, le Secrétariat du Synode a reçu une centaine de résumés nationaux au terme de la phase locale. 98% des 114 Conférences épiscopales ont nommé une équipe synodale. En parallèle, ces derniers mois, le dicastère pour la Communication a lancé un questionnaire sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire de plus de 200 influenceurs, – y compris en langue malayalam, parlée notamment dans l’État du Kerala (Inde), et tagalog (Philippines) – et a reçu quelque 110’000 réponses.
La sous-secrétaire du Synode, sœur Nathalie Becquart a noté une mobilisation «impressionnante» de par le monde. Elle a salué l’engagement de pays traversant des situations socio-politiques difficiles, tels le Nicaragua, l’Ukraine, Haïti, le Myanmar, le Liban, la Centrafrique.
Si des peurs, des tensions et des résistances ont été exprimées, la religieuse s’est réjouie du style «très franc, sans langue de bois» des réponses, qui pour beaucoup renferment «une grande dénonciation du cléricalisme». Quant au manque de participation des jeunes, pointé du doigt notamment en France et en Europe, «ce n’est pas vrai dans tous les pays», a-t-elle assuré, en invitant à avoir un regard plus global.
Le document pour l’étape continentale, autrefois appelé Instrumentum Laboris, (Instrument de travail), devrait être publié entre fin octobre et début novembre 2022. Il sera rédigé par plus d’une vingtaine d’experts de divers pays (Liban, Burkina Faso, Corée, Singapour, Inde…). Parmi eux: le Français Mgr Philippe Bordeyne, président de l’Institut pontifical théologique Jean Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, le prêtre théologien belge Alfonso Borras, enseignant à Louvain et à Paris, ainsi que le journaliste britannique Austen Ivereigh.
Alors que l’étape nationale a pris son envol le 17 octobre 2021 et s’est conclue le 15 août 2022, la phase continentale n’a pas de date de lancement précise. Tous les continents – l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie, l’Océanie, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud – sont invités à faire leur assemblée continentale avant le 31 mars 2023.
Le rendez-vous européen est d’ores-et-déjà prévu en République tchèque, du 5 au 12 février, celui de l’Afrique en Éthiopie, du 1er au 7 mars, et celui du Moyen-Orient du 12 au 18 février, dans un lieu encore à définir. L’Amérique du Sud se réunira en Colombie du 20 au 31 mars. Les dates des autres conférences ne sont pas encore connues. L’on sait cependant que sur chaque continent, les participants seront représentatifs de tous les états de vie des fidèles. (cath.ch/imedia/ak/be)
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