Venu à Rome avec une petite délégation mongole de trois personnes – un jeune prêtre, le premier du pays, et deux jeunes catéchistes -, il confie à I.MEDIA son émotion au moment d’intégrer le Sacré-Collège.
Quel est votre sentiment personnel devant toute cette curiosité médiatique autour de «ce jeune cardinal venu d’un pays un peu étrange», d’un point de vue européen?
Card. Gioogio Marengo: Je ne suis pas habitué à tellement d’attention, je ne suis pas dans mon élément ! Habitué à vivre plutôt caché, ce n’est donc pas facile de réussir à gérer tout cela. Mais je ressens de la gratitude et de la joie à faire connaître ces expériences des communautés catholiques de Mongolie. L’un des effets collatéraux de cette nomination est justement de faire en sorte que les communautés chrétiennes de Mongolie soient mieux connues.
Avec votre expérience missionnaire apportant le «vent frais» d’un pays lointain, avez-vous l’impression que quelque chose doit changer dans le rapport entre Rome et les Églises locales, que ces terres devaient être observées avec un nouveau regard?
Oui, c’est important de donner un plus grand poids à des expériences qui, autrement, risqueraient de demeurer plus marginales. À propos de «vent frais», nous avons le vent sibérien qui est vraiment froid ! Mais je crois que toute expérience dans l’Église peut aider. Quand on rassemble des expériences, on s’enrichit. Nous avons beaucoup à apprendre de l’universalité de l’Église.
C’est un parcours dans deux directions. Nous, nous offrons ce que nous sommes, avec beaucoup de simplicité, de pauvreté, de petitesse, qui ont beaucoup à dire à l’Europe notamment, mais nous nous mettons aussi à l’écoute de l’Église universelle. C’est une expérience importante, pour nos fidèles catholiques de Mongolie, de comprendre que l’Église n’est pas seulement une petite communauté, mais le Corps du Christ qui est présent dans le monde entier.
La création d’un cardinal pour la Mongolie représente-t-elle aussi un signal pour toute l’Asie, pour montrer que ces territoires aux confins de la Russie et de la Chine sont aussi des terres de mission?
Oui tout à fait, cela montre l’importance du christianisme en Asie. C’est une expérience marquée par le fait d’être minoritaire, mais dans une société qui a développé une grande capacité de dialogue. Cette décision du Saint-Père prend aussi acte du fait que la Mongolie est un pays qui a su, dans son histoire, promouvoir la paix, l’harmonie entre des populations d’origines différentes. C’est aussi un aspect significatif.
Comment votre petite Église vit-elle le Chemin synodal, qui arrive à une nouvelle étape continentale?
Nous avons eu la grâce de vivre cet appel synodal en même temps que la célébration des 30 ans de la présence de notre Église en Mongolie. Alors nous avons décidé de réunir ces deux démarches, en célébrant cet anniversaire dans la perspective synodale. C’était notre démarche: s’arrêter, remercier et louer Dieu pour le don de la foi et de l’Évangile, essayer de se projeter dans le futur en imaginant certains parcours, apprendre des erreurs que nous avons faites, nous demander pardon réciproquement…
Je crois que tout cela fait partie de la synodalité. Nous avons vécu une semaine pastorale en juin durant laquelle tous les membres de notre Église se sont réunis autour de l’Évangile, de la Parole de Dieu, de l’Eucharistie, dans un dialogue fraternel qui nous a amené à vivre la synodalité. Pour nous, cela a été un carrefour providentiel.
Une visite du pape en Mongolie serait-elle envisageable?
Oui, nous en rêvons et nous sommes en train de l’attendre avec une grande trépidation, quand lui le voudra ! (cath.ch/imedia/cv/be)
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