Après sept autres personnes, le chanoine Simon Roduit, ordonné prêtre en 2021, a repris le flambeau pour effectuer les deux dernières étapes suisses: d’Orsières au col du Grand-Saint-Bernard. Rendez-vous à la cure d’Orsières, chez ses confères chanoines. Un pèlerin allemand de la Via Francigena – qui relie Cantorbéry à Rome – vient d’y passer la nuit. Ce dernier explique qu’il fait le pèlerinage par tronçons: cette année, il est parti de Lausanne et il compte aller jusqu’à Plaisance, en Italie.
Simon Roduit à l’habitude d’accueillir des pèlerins de la «Voie des Français», puisqu’il est domicilié depuis une année à la cure de Martigny, situé également sur l’itinéraire. Et il y a, lui aussi, eu l’occasion d’effectuer une partie de ce pèlerinage. Mais dans le sens inverse. A la fin de son service à la Garde suisse pontificale, en 2014, il est revenu à pied de Rome jusqu’au Grand-Saint-Bernard. «Cette expérience m’a permis de croiser chaque jour quelques pèlerins. De m’arrêter un instant pour discuter et de faire un tas de belles rencontres», se rappelle-t-il.
«Cette aventure m’a fait découvrir la vie de pèlerinage de l’intérieur: une sorte de dépouillement et de simplicité»
«Cette aventure m’a fait découvrir la vie de pèlerinage de l’intérieur: une sorte de dépouillement et de simplicité. Se lever chaque matin, chercher l’itinéraire, de quoi manger et un endroit pour dormir». Les seuls soucis du pèlerin: marcher, manger, dormir et prier. «J’avais également pris avec moi un petit bréviaire: la prière des laudes et des vêpres récitées chaque jour ont rythmé mon cheminement», témoigne Simon Roduit.
Petite halte dans l’église de Bourg-Saint-Pierre. A l’entrée se trouve un tampon du lieu que chaque pèlerin peut inscrire dans sa ‘crédentiale’ (petit passeport de pèlerin), pour prouver qu’il a bien fait toutes les étapes. Le jeune chanoine propose de faire un moment de silence, avant de réciter la dernière partie de la prière du pèlerin de la montagne:
«Créé par amour pour aimer, fais Seigneur que je marche, que je monte par les sommets, vers Toi, avec toute ma vie, avec tous mes frères, avec toute la Création dans l’audace et l’adoration. Amen.»
Le long du Lac des Toules (VS), on s’arrête au moment pour manger. L’occasion pour Simon Roduit d’évoquer quelques souvenirs marquants de son pèlerinage de retour de Rome. Notamment sa rencontre en Italie avec un grand monsieur tatoué, qui l’a interpelé au bord du chemin, reconnaissant son autocollant de la Garde et lui proposant de l’héberger une nuit. Simon accepte de monter dans sa voiture sans se douter qu’il s’agissait en fait du prêtre du village d’à côté.
«Nous avons gardé le contact. Une année plus tard, j’ai accompagné des jeunes de sa paroisse sur le chemin de St-Jacques, en Espagne. Et c’est lui qui m’a offert mon calice d’ordination l’année passée. Ce prêtre est vraiment une âme toute donnée à l’accueil des pèlerins. Et cela m’a stimulé pour être moi-même accueillant avec les pèlerins qui passent chez moi à Martigny».
Simon Roduit évoque les objets indispensables pour le pèlerinage. «En plus de bonnes chaussures, il faut un bâton pour la marche: pas celui que l’on taille à l’avance, mais celui que l’on trouve sur le chemin, celui que Dieu nous donne pour avancer. Et les trois objets incontournables – en plus d’une carte pour s’orienter – sont : la gourde, le savon et le bréviaire».
Arrivée au col du Grand-Saint-Bernard, à 2473 mètres d’altitude – point culminant de toute la Via Francigena, nous passons un petit moment à la crypte de l’hospice, afin de rendre grâce pour le chemin parcouru, avant de boire un verre bien mérité. (cath.ch/gr)
Retrouvez le magazine Hautes Fréquences, les dimanches à 19h sur RTS La 1ère, qui a proposé une série d’été «l’appel de la route» sur le tronçon suisse la Via Francigena, en compagnie de plusieurs personnalités de différentes confessions religieuses.
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Grégory Roth
Portail catholique suisse
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