Des reproches envers cette communauté évangélique et l’école qui lui est liée étaient dans l’air depuis un certain temps déjà. Mais les témoignages et l’enquête indépendante menée en 2021, révélés par la Linth Zeitung, ont mis au jour des abus psychiques, physiques et religieux. D’anciens élèves reprochent également des viols et des abus sexuels graves.
Comme il s’agit de délits poursuivis d’office, le ministère public a ouvert une enquête fin juillet 2022. Les responsables actuels de l’institution ont également souhaité que la lumière soit faite. Les accusations concernent notamment les années 1995 à 2002.
L’Eglise évangélique libre Kwasizabantu a été fondée en 1970 par le pasteur Erlo Stegen en Afrique du Sud. Originaire d’Allemagne, Stegen prêchait des idées sur le monde et les valeurs selon l’Ancien Testament. En 1986, la secte a fondé la première école appelée Domino Servite, où les enfants des membres étaient scolarisés. En 1995, a suivi l’école de Kaltbrunn, prédécesseur de l’actuelle Christliche Schule Linth (CSL).
En 2019, la congrégation de Kaltbrunn, qui était auparavant le centre européen de l’Église libre sud-africaine Kwasizabantu, s’est séparée de l’organisation mère. La paroisse et l’école ont été renommées. En juillet de cette année, tous les dirigeants communautaires ont démissionné de leurs fonctions. »Tous les enseignants responsables de quelque manière que ce soit de l’abus par une implication active par omission» ne travaillent plus à la CSL, a précisé l’école.
Pour enquêter sur les incidents survenus à Kaltbrunn, un service de signalement a été mis en place, auprès duquel les anciens élèves et les membres de la communauté pouvaient s’annoncer. Sur les 373 anciens élèves contactés, 58 personnes ont fait usage de cette offre.
Le rapport révèle que, la doctrine défendue par la mission a conduit à des dépassements de limites et à des abus parfois graves d’un point de vue religieux, psychique, physique et sexuel, dans la vie quotidienne de la communauté et de l’école. Une culture de la délation, de la manipulation et des menaces aurait prévalu. Des rituels de châtiments corporels ont également été rapportés. «La plupart du temps, ce n’était pas un seul faux pas, mais tout un système», précise le rapport d’enquête.
Le rapport fait notamment état de plusieurs agressions sexuelles commises par un enseignant entre 2002 et 2010. Une victime décrit avoir été violée par un enseignant dans une cabine de douche. D’autres personnes ont rapporté indépendamment les unes des autres le comportement sexuellement transgressif du même enseignant. Cela a été signalé à la direction de l’école à plusieurs reprises par les élèves et les parents. La direction de l’école n’a «montré aucune réaction perceptible» et est apparemment restée «complètement inactive», relève le rapport. (cath.ch/lz/mp)
Maurice Page
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